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Qui sont ces "pauvres" dont nous parlons ?

L'art nous en livre quelques portraits.

Une des catégories pour lesquelles furent construits les premiers hospices est celle des pélerins dont Jérôme Bosch nous a donné une vision fort pessimiste.

Sur les panneaux extérieurs du triptyque du "chariot de foin", le thème abordé est "le chemin de la vie". On y voit un pélerin aux habits déchirés, armé d'un long bâton avec lequel il repousse un chien. Dans le paysage, un homme que l'on a dépouillé est attaché et maltraité; et même si un couple danse au son de la cornemuse, sur le fond se détachent les sinistres silhouettes des gibets où se balanceront les pendus. Le pélerin semble âgé. A la misère s'ajoute donc la vieillesse, autre cause, à une époque où aucun revenu de remplacement n'existe, de difficulté de subsistance.
Le visage fatigué, il avance à travers une vie de souffrances, de dangers...
Si le pélerin s'est donné un but religieux et présente donc normalement un caractère sacré, son errance et le fait qu'il est un inconnu dans les villages qu'il traverse vont engendrer au fil du temps la méfiance et lui réserver un accueil parfois semblable à celui des vagabonds, catégorie socialement et juridiquement fort menacée.


reproduction extraite de tout l'oeuvre peint de Jérôme Bosch, Les classiques de l'art, Flammarion, 1967

 

 

reproduction des "Mendiants" de Pierre Brueghel, exposé au Musée du Louvre,
dans Histoire et Civilisations, classe de seconde,
de F.Lebrun et V.Zanghellini, Librairie Belin, Paris, 1981
Autre peinture de P.Brueghel

 

Une autre catégorie de malheureux sont les estropiés de tout genre. Les accidents, les maladies non ou mal guéries engendrent de nombreuses infirmités. Les cul-de-jattes, les manchots, les "hommes-troncs", les borgnes sont nombreux au Moyen-Age et jusqu'au XIXe siècle comme ils sont encore nombreux dans les pays du Tiers Monde. La malchance ou l'infirmité les a réduits à vivre de la charité.

 

 

 

Diest, stalles du choeur de l'église Saint-Sulpice, 1480-1490 par Jean Borremans ou Nicolas de Bruyn
dans Walther Prevenier et Wim Bolockmann, les Pays-Bas Bourguignons, fonds Mercator, 1983

 

Certaines maladies contagieuses condamnent ceux qui en sont atteints à une véritable mort sociale, c'est le cas des lépreux. Qu'ils soient de bonne famille ou pauvres, ils doivent se tenir à l'écart des centres urbains, arrêter tout travail qui les mettrait en contact avec des individus sains. Ils vivent dès lors à la périphérie des villes dans des communautés, assistés de religieuses qui les soignent. S'ils ont obtenu une petite pension du fait de leur maladie (une prébende), ils peuvent avoir une existence plus personnelle dans de petites habitations de type "béguinage" , comme la cour des Prébendiers en Amercoeur.
Quand leur famille ne dispose pas de fortune personnelle, cet isolement et la difficulté de poursuivre un travail engendrent bien souvent la pauvreté. Les léproseries vivront donc la plupart du temps de la charité paroissiale puisque souvent chaque léproserie, elles sont nombreuses mais de petite taille, reçoit les malades d'une paroisse précise.

L'attitude de rejet à l'égard des lépreux ne s'explique pas seulement par la contagion. Au Moyen-Age, ce n'est pas une maladie banale mais bien La Maladie par excellence. Dès la Bible, les pustules des lépreux apparaissent comme les marques extérieures d'une impureté intérieure. Au cours des siècles se développe un double regard ambigu sur le lépreux, qui peut être le prototype du pauvre souffrant sur terre et appelé à la gloire du paradis ou au contraire celui qui porte sur lui les signes visibles du péché. Ce lien entre une maladie précise et une faute commise perdure jusqu'à aujourd'hui dans certains textes sur le Sida, par exemple, que l'on qualifie de "punition" pour un dérèglement moral.

un lépreux agitant sa crécelle (pour permettre à chacun de se protéger mais aussi pour solliciter l'aumône)
manuscrit français 15e siècle, cl; B.N. Paris

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