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La pauvreté dans l'Ancien Régime

Campons d'abord le décor général de la vie humaine traditionnelle, c'est-à-dire jusqu'autour de 1800. Voici ce qu'en disent les économistes Jean et Françoise Fourastié, dans leur livre "Les écrivains, témoins du peuple", Livre de Poche, 1987

Dans l'humanité traditionnelle, sur 1000 enfants nés vivants, environ 440 arrivaient à l'âge du mariage. (...) Les âges moyens au mariage étaient de 27 ans pour les hommes et de 25 ans pour les femmes. La vie commune ne durait en moyennne que de 17 à 20 ans; un ménage sur deux en moyenne était frappé par la mort d'au moins l'un des deux conjoints avant son quinzième anniversaire de mariage. C'est à quatorze ans que, s'il parvenait à cet âge, l'enfant moyen devenait orphelin de l'un de ses deux parents. Un père de famille moyen avait, avant de mourir à 52 ans, vu lui-même mourir neuf membres de sa famille directe (c'est-à-dire sans parler des oncles, neveux et cousins, ni des alliés), un de ses grands parents (les trois autre sont morts avant sa naissance), ses deux parents, trois de ses enfants et trois frères ou soeurs. Il avait vécu deux ou trois famines et, en outre, quatre ou trois périodes de grain cher, famine et cherté étant liées aux mauvaises récoltes. Il avait, en plus des morts, vécu les maladies de ses frères, de ses enfants, de ses femmes, de ses parents et les siennes propres; il avait connu deux ou trois épidémies infectieuses, sans parler des coqueluches, scarlatines et diphtéries obligatoires; il avait souffert longuement de maux physiques, tels que dentaires, et de blessures longues à guérir. La souffrance et la mort étaient au centre de la vie comme le cimetière était au centre du village.

On peut donc dire que la toute grande majorité de la population de l'Ancien Régime vit dans la pauvreté ou, tout-au-moins, risque à tout moment d'y basculer.

"Le sens du mot "pauvre" n'est pas seulement économique, indiquant le dénuement matériel de la personne, son indigence, mais aussi théologique. Le pauvre d'alors est tout individu des deux sexes souffrant, humble, affligé (P.Grell, l'Organisation de l'Assistance publique, Bruxelles, Contradictions, 1976). Cette large définition, on le voit, englobe la quasi-totalité des personnes qui (sur)vivent d'une économie de subsistance marquée par la servilité et sont susceptibles de souffrir, dans le cadre du rapport servile, de disette, de maladie, de veuvage, de guerre etc... tout autant que ceux qui se sont vus obligés à se déplacer, à vagabonder, à mendier pour tenter d'échapper à leur sort, les miséreux, ceux qui ne possèdent pas et ne sont pas enserrés dans les liens de servitude."
I.Dechamps, le travail social écartelé, EVO, Namur, 1994.

"la définition du pauvre et de son état doit être large. Le pauvre est celui qui, de façon permanente ou temporaire, se trouve dans une situation de faiblesse, de dépendance, d'humiliation, caractérisée par la privation des moyens, variables selon les époques et les sociétés, de puissance et de considération sociale : argent, relations, influence, pouvoir, science, qualification technique, honorabilité de la naissance, vigueur physique, capacité intellectuelle, liberté et dignité personnelles. Vivant au jour le jour, il n'a aucune chance de se relever sans l'aide d'autrui. Une telle définition peut inclure tous les frustrés, tous les laissés-pour-compte, tous les asociaux, tous les marginaux; elle n'est spécifique d'aucune époque, d'aucune région, d'aucun milieu. Elle n'exclut pas non plus ceux qui, par idéal ascétique ou mystique, ont voulu se détacher du monde ou qui, par dévouement, ont choisi de vivre pauvres parmi les pauvres"
M.Mollat, Les pauvres au moyen âge, éditions Complexe, Hachette, Paris, 1978

 

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