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La maltraitance des enfants,un phénomène qui traverse l'histoire

Page Web réalisée, notamment, à partir du travail de Vanessa Torieri


Introduction

En abordant le sujet de la maltraitance des enfants, une précaution s'impose: il faudra distinguer entre les théories, le regard habituel que pose la société et les pratiques de la population, parfois fort éloignées des principes. Ainsi dès le début, l'Eglise va proclamer le respect de la personne, spécialement les plus faibles. Mais cela n'empêchera pas l'infanticide d'être pratiqué pendant tout l'Ancien Régime;
D'autre part, les intellectuels se pencheront aussi sur le statut de l'enfant et peu à peu se dégagera une pensée positive et valorisante qui ne sera, toutefois,que très lentement relayée dans les faits.

Autrefois

Tout d’abord il faut savoir que la maltraitance n’est en aucun cas un phénomène moderne.
Dans
l'Antiquité, on connaît le cas célèbre de la cité de Sparte qui, des siècles avant J-C, éliminait ses enfants fragiles ou handicapés en les jetant dans le ravin du Taygète. Rome affirme la toute puissance du Pater Familias sur sa famille et le choix des sanctions et des traitements réservés aux enfants ne dépend que de lui.

L'arrivée du Christianisme ne change pas directement les faits. Les grossesses non désirées vont continuer à exister et donc à provoquer des abandons. Dès le 4e siècle, des mères noyaient leurs nouveaux-nés dans les rivières, les abandonnaient sur les chemins, sur un tas de fumier ou encore les utilisaient en guise d’offrandes religieuses ou rituelles.
Nous pouvons donc constater qu’à cet époque l’infanticide n’est pas inhabituel. On peut dire qu'il s'agissait, vu les conditions du temps, de "méthode anticonceptionnelle"

Au moyen âge, il y eut un accroissement important de la mortalité infantile. La vie très rude, le combat perpétuel pour la survie, les enfants nombreux et fragiles, donc peu considérés, l'absence d'éducation... On peut dire qu'il y avait là une certaine indifférence vis à vis de ces petits êtres que l'on pouvait si facilement perdre.
Jusqu’au 10es, les enfants non désirés, mal formés faisaient l’objet d’abandons ou de meurtres
Mais peu à peu, comme on l'a vu ailleurs, l'Eglise encourage l'adoption et/ou la prise en charge des enfants abandonnés précisémment pour lutter contre les actes criminels.
Au 17es, des moralistes pensent que les enfants sont foncièrement mauvais et donc l’éducation était nécessaire afin de les rendre meilleurs. C’est alors que se développe la construction d’hôpitaux-orphelinats qui a permis l’accueil des enfants abandonnés. Cette démarche a constitué un progrès par rapport à l’infanticide et a permis aux parents, non désireux d’éduquer leurs enfants eux mêmes, de donner une chance de vivre au nouveau- né.

Par contre le 18es, siècle des lumières a apporté un changement important de la vision : d'une part, l'innocence fondamentale, "naturelle" de l'enfant est affirmée dans les théories rousseauistes; par ailleurs, les enfants sont considérés comme la richesse de la famille et de la société, son avenir. Bien sûr, à cette époque les conditions de vie sont encore précaires, mais une évolution apparait dans la manière de penser aux enfants
Toutefois tout l'Ancien Régime connaît, dans les familles pauvres, la mise au travail précoce des enfants et la "correction" comme outil d'apprentissage est répandue dans toutes les couches de la société. A l'école aussi d'ailleurs, on utilise la férule pour "faire entrer" le savoir dans les têtes rétives ! .

Enfin le 19es voit se répandre l'usage de moyens contraceptifs (la plupart du temps, il s'agit du coit interrompu); les grandes familles diminuent, de même que la mortalité infantile et donc l'attention portée aux enfants augmente. Mais on sait que cette époque est aussi celle de la question sociale et donc de la mise au travail d'un nombre très élevé d'enfants d'ouvriers, dans des conditions extrêmement dures, voire inhumaines.

La tendance à une famille plus réduite se confirme au 20es avec l'apparition de la contraception hormonale; le noyau "papa, maman, 2 enfants, voire un" devient la grande majorité. L'enfant-roi est proche même si on sait que cela ne l'empêchera pas d'être aussi l'enfant victime. Dans la ligne de l'idée d'une obligation de protéger l'enfant sont apparues différentes réformes comme le retrait progressif du travail des enfants, à partir de la fin du 19es , l’obligation scolaire en 1914 et, en 1959, au niveau international, la déclaration des droits de l’enfant, prolongée en 1989 par la Convention relative aux droits de l'enfant. Pour la première fois, les enfants y sont considérés comme des personnes à part entière de la société et non plus comme de sêtres humains "inachevés".

Aujourd'hui

Jusqu'aux années 70, on estimait que la maltraitance relevait de la vie privée. Pourtant des recherches affirment que les abus découlent d’un problème structurel lié à la position sociale de l’enfant : pendant longtemps, les jeunes ont été considérés comme un « objet de droit». Etant dénommés comme tels, ils étaient également la « propriété » des parents.
Suite à cela, beaucoup de poursuites contre la maltraitance des enfants ont été entamées mais sans grand succès. Le problème majeur était le manque de preuve mais aussi la difficulté à contourner l’autorité paternelle. On sait, par exemple, que cet argument fut utilisé au 19es pour justifier l'impossibilité de légiférer sur le travai des enfants, le père étant seul décideur de la manière d'élever son enfant. L'autorité parentale - et non plus paternelle - existe encore mais jusqu’où ?

Il existe
différents groupes à risques qui engendrent la maltraitance, comme par exemple :
- un enfant prématuré : dès sa naissance, ce dernier est privé de sa mère pour rester en couveuse. Cette séparation peut être fatale pour la création du lien entre l'enfant et sa mère. De plus, l’enfant est plus petit, plus mince et donc moins beau; ainsi il peut-être facilement rejeté. De plus, un prématuré demande plus de soins, plus d’attention. Suite à une fatigue accumulée, une sensation d'impuissance ou d'incompétence, la mère peut devenir violente.
- un enfant présentant une caractéristique particulière, comme le fait d'être adopté, handicapé, non désiré.
- une mère mineure ou des parents très (trop) jeunes: lorsqu’on est jeune, on est insouciant, on n’est pas prêt à cet âge à assumer un bébé. A ce moment de notre vie, on a envie de sortir, sans se préoccuper du lendemain. Or, avoir un enfant demande beaucoup d’attention, de responsabilité, de stabilité et d’autres choses encore.
- une mère (ou des parents) « pathologique » , par exemple instable, droguée, dépressive, sous l’emprise de médicaments ou d'alcool.
- une mère célibataire; pour élever un enfant, il faut être deux. Le petit a besoin d’un père pour son autorité, sa présence…
Dans ce cas, la mère est isolée socialement, porte seule le poids de la responsabilité parentale et souvent vit dans des conditions économiques difficiles. Vivant plus en contact avec les enfants, elles s’investissent deux fois plus dans leur éducation ;
mais surtout elles sont souvent victimes de la société et l'enfant peut devenir le réceptacle de toutes ces frustrations.

La maltraitance peut revêtir diverses formes de violence. Celle-ci peut être :
- Physique : de toutes les formes de violence, les violences physiques sont celles qui se voient et sont donc plus repérables. Elles se reconnaissent par les traces qu’elles laissent sur le corps de l’enfant : hématomes, fractures, brûlures. Il y a aussi le défaut d'alimentation, des conditions matérielles de vie insupportables (pièce sans lumière, sans chauffage, pas de lit ...).
Malgré tout, l’enfant va par tous les moyens essayer de dissimuler les traces de coups car il ne supporte pas que l’on voit son corps meurtri. D'une certaine façon l'enfant a tendance à se croire coupable ou responsable de cette situation; il se croit, se voit "méchant". De plus, il ne veut pas pointer du doigt l’auteur de ces violences, surtout s’il s’agit de son père ou de sa mère.
- Psychologique : les agressions verbales, les humiliations, concernant leur niveau scolaire, leur physique, leur apparence, leurs capacités intellectuelles, font partie des violences psychologiques. L'enfermement, la mise en quarantaine relèvent à la fois du physique et du psychologique
- Sociale : un enfant maltraité a tendance à se replier sur lui même; ainsi il peut paraître « bizarre » aux yeux de ses copains qui ne chercheront peut être pas à se diriger vers lui. Il essayera aussi de ne pas laisser deviner ce qu'il vit et donc n'invitera personne chez lui.
- Sexuelle : ce type de violence revêt des formes diverses, de la « haute criminalité » comme par exemple dans l’affaire Dutroux jusqu'à des gestes plus "banals" mais sinistrement dévastateurs. L’adulte maltraitant profite de sa position de « toute-puissance » pour imposer à l’enfant son discours, sa domination en matière de sexualité. Il exerce alors un abus d’autorité.

Quels choix ? quelles solutions ?

Mais alors, faudrait-il séparer l’enfant maltraité de sa famille ?
Si l’enfant se trouve dans une situation aigüe où sa vie est en danger, on doit envisager la séparation.
Par contre, dans des cas moins dramatiques, il faut chercher d’autres solutions car la séparation pourrait être plus dangereuse pour l’enfant que la situation vécue: il se considérerait comme coupable de cette situation; malgré les coups, les abus qu’un jeune peut recevoir, il porte souvent toujours autant d’amour à l’égard de sa famille ( sa mère et son père) et donc li faut éviter de briser cette relation familiale mais au contraire aider à la recréer et à la soutenir. C’est pourquoi des thérapies familiales sont envisagées.

Face à cette maltraitance, que prévoit la loi ?
Comme il est précisé plus haut, auparavant la justice était limitée dans ses actions car le manque de preuve comme l'autoirté paternelle constituaient une véritable barrière pour condamner quelqu’un suite à de mauvais traitements infligés à un enfant.
Ainsi, il faudra attendre le 20es pour qu’émergent certains droits de l’enfant.
En 1985, un décret de la communauté française précisait que les sévices et prestations de soins afférentes devaient être retirés du domaine pénal. Ainsi le décret de 1992 concernant l’aide à la jeunesse stipule que l’assistance et la prestation de services doivent se faire au maximum au sein de la famille et le moins possible sous la contrainte judiciaire : la justice serait trop répressive ce qui pourrait accentuer la stigmatisation des enfants et de leurs parents. Cependant la loi prévoit certaines peines et mesures en rapport avec les sévices portés aux enfants mais celles-ci doivent être axées sur l’aspect des mesures de protection pour l’enfant.

Pour conclure, comme je l’ai déjà énoncé, la maltraitance des enfants n’est pas un phénomène récent, même si c’est aujourd’hui qu’on en parle le plus ; ce fait est dû à la médiatisation de certains faits, à la prise de conscience de ce fléau, à la dénonciation de situations et à l’élaboration de textes législatifs tels que la déclaration des droits de l’enfant. Tous ces évènements ont transformé notre façon de voir les choses. Des structures ont été mises en place comme le commissariat aux droits de l'enfant, "child Focus", le téléphone vert pour les enfants etc...
Pär ailleurs, le problème des enfants maltraités constitue une matière très complexe, d’autant plus que l’approche, la prévention à adopter face à de telles situations varient d’un cas à l’autre. Les progrès dans la compréhension des causes incitent aussi à la prudence par rappor tà la "condamnation" même morale des parents violents. Ceux-ci sont souvent aussi des victimes, de la crise économique, d'un manque d'éducation, d'encadrement social, les héritiers d'un passé ou d'une enfance elle-même difficiles.
Enfin, l’enfant battu, abusé, bref faisant l’objet de mauvais traitements, aime encore ses parents. Cela peut paraître incompréhensible mais aux yeux d’un enfant, ses parents restent ses parents. Il ne suffit donc pas de les séparer pour résoudre le problème.
Voilà où se trouve, pour moi, toute la difficulté de la maltraitance.

Bibliographie

- Mme Poirrier May, cours de Sociologie, ESAS, 2001-2002.
- Mutualité professionnelle et libre de Liège, Profil n°20 Mars-Avril 1994.
- Anthropologie Historique - Histoire de l’enfance, Encyclopaedia universalis.
- Infanticides et abandons d’enfants, le vif l’express, 19-11-99.
- Anne Terrier, http://www.univ-brest.fr/recherche/laboratoire/crbc/franc/violence.htm
. interview de Danièle Alexandre-Biron.
- http://www.droitsenfant.com/maltraitance.htm 13/03/2002

Illustrations
Photographie de Stone, dans Actualités des religions, dossier l'enfant brisé, n° 30, septembre 2001, p.19
Photographie de M/Wittebrood, dans Journal de MSF Belgique, 1er trimestre 1998, p. 13 (enfant du Kosovo)
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