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Quelques textes

Le songe de Pharaon ou l'intervention du souverain en période de crise
" Maintenant, que Pharaon discerne un homme intelligent et sage, qu'il l'établisse sur le pays d'Egypte. Que Pharaon agisse et qu'il institue des fonctionnaires sur le pays; il imposera au cinquième le pays d'Egypte pendant les sept années d'abondance; ils ramasseront tous les vivres de ces bonnes années qui viennent; ils emmagasineront le blé sous l'autorité de Pharaon, ils mettront les vivres dans les villes et les y garderont. Ces vivres serviront de réserve au pays pour les sept années de famine qui s'abattront sur le pays d'Egypte et le pays ne sera pas exterminé par la famine.
Genèse, 41, 17-36
"Les Béatitudes", un texte qui, mal compris, servit durant plus de 1000 ans à justifier les différences sociales et contribua à les maintenir
"Il (Jésus) descendit avec eux et fit halte sur un plateau. Là se trouvaient un grand nombre de ses disciples et une grande foule de gens de toute la Judée, de Jérusalem, du littoral de Tyr et de Sidon, venus pour l'entendre et se faire guérir de leurs maladies. Ceux que tourmentaient des esprits impurs étaient aussi délivrés. Tout le monde cherchait à le toucher, parce qu'une force émanait de lui, qui les guérissait tous.
Alors, il leva les yeux sur ses disciples et dit :
"Heureux vous qui êtes pauvres, le royaume de Dieu est à vous
Heureux vous qui avez faim maintenant, vous serez rassassiés !
Heureux vous qui pleurez maintenant, vous serez dans la joie !
(...)
Mais hélas pour vous, les riches : vous avez votre consolation !
Hélas pour vous qui êtes maintenant rassassiés : vous aurez faim !
Hélas pour vous qui riez maintenant: vous serez dans le deuil et les larmes !
Hélas quand tout le monde dira du bien de vous : car c'est ainsi que leurs pères traitaient les faux prophètes !.
Evangile de Saint Luc, ch. 6, versets 17 à 26
 La vie des premières communautés chrétiennes
"La multitude des croyants n'avait qu'un coeur et qu'une âme. Nul ne disait sien ce qui lui appartenait mais entre eux tout était commun.
(...) Aussi parmi eux nul n'était dans le besoin; car ceux qui possédaient des terres ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de la vente et le déposaient aux pieds des apôtres. On distribuait alors à chacun suivant ses besoins." Actes des Apôtres, 4, 32-34
Charité et système de salut
"Le groupe se composait d'un homme de haute taille, d'un jeune homme presqu'aussi grand que lui, d'une femme plutôt frêle et de deux enfants. Vêtus de haillons, ils étaient manifestement pauvres car ils ne portaient pas de ballots contenant leurs possessions(...). L'homme dit:
" - Bonjour à vous, mon père
- Dieu te bénisse, répondit Philip en ralentissant sa jument. Qui es-tu ?
- Tom, maître bâtisseur, qui cherche du travail
- Et qui n'en trouve pas, me semble-t-il
- C'est la vérité".
Philip connaissait l'histoire: les artisans bâtisseurs se déplacaient en quête de travail et parfois n'en trouvaient pas (...). Ces malheureux profitaient souvent de l'hospitalité des monastères auxquels, s'ils possédaient quelque argent après un emploi précédent, ils faisaient des dons généreux. Si leur chômage datait de plus longtemps, ils n'avaient rien à offrir. Réserver le même accueil chaleureux aux uns comme aux autres mettait parfois la charité monastique à rude épreuve.
- Eh bien, dit Philip, j'ai quelques vivres dans ma sacoche. C'est l'heure de dîner et la charité est un devoir sacré: alors Si ta famille et toi voulez partager mon repas, je serai récompensé au ciel en même temps que j'aurai un peu de compagnie pendant mon repas. - C'est bien aimable, dit Tom. Nous acceptons votre charité et nous vous remercions.
- C'est Dieu qu'il faut remercier, pas moi, dit Philip machinalement.
- Merci aussi, ajouta la femme. aux paysans qui ont fourni la dîme pour cette nourriture.
En voilà une, songea Philip, qui n'a pas sa langue dans sa poche. Cependant il ne releva pas la remarque."
Ken Follet, les piliers de la terre
Les romans historiques servent-ils l'histoire ?
Extrait des "Relations", journal de Vincent de Paul destiné à faire connaître dans la capitale la misère des Provinces (cité dans "les écrivains, témoins du peuple" de Jean et Françoise Fourastié, Livre de Poche, 1987)
En date de 1651: Je vous écris de Guise (dans le Nord de la France) où la pauvreté, misère et abandon surpassent tout ce que je vous dirai. Il est mort environ 500 personnes depuis le siège (épisode des guerres de Louis XIV), il y en a autant de malades et languissants dont une partie sont retirés dans des trous et des cavernes, plus propres pour loger des bêtes que des hommes. (...) Hier je fus à deux faubourgs où, au lieu de maisons que l'on a fait démolir, il y a environ 25 chaumettes, en chacune desquelles j'ai trouvé deux ou trois malades, en une seule dix; deux femmes veuves, avec chacune quatre enfants, couchés tous ensemble sur la terre, n'ayant chose quelconque et sans aucun linge. Un autre ecclésiastique dans sa visite, ayant rencontré plusieurs portes fermées, en a fait faire l'ouverture et a trouvé que les malades étaient si faibles qu'ils ne pouvaient ouvrir la porte, n'ayant mangé depuis trois jours, et n'ayant sous eux qu'un peu de paille à demi pourrie; le nombre de pauvres est si grand que, sans le secours venu de Paris, lors de l'appréhension du siège, les bourgeois ne les pouvant nourrir, avaient résolu de les jeter par-dessus les murailles de la ville.
Extrait du testament de Libotte, baron de Tignée : un bel exemple de Raison et de Charité
"considérant que rien ne peut être plus agréable à Dieu que de soulager les pauvres et de s'employer à ce que ses commandements soient fidèlement et exactement observés et sachant que la plupart des maux et contraventions aux préceptes et règles de la religion résultent de la pauvreté, de l'inconduite des hommes qui, le plus souvent, ne tirent leur source que du défaut d'instruction et d'éducation, déclare, pour remédier autant qu'il est en moi, aux détestables et déplorables faits qui, tous les jours, en proviennent et se multiplient de plus en plus, au plus grand scandale du public et au bouleversement entier du bon ordre, d'instituer pour mes héritiers universels les pauvres orphelins présents et futurs de la ville de Liège, sous l'intendance et gouvernement de personnes qui sont actuellement régentes et administratrices de la maison fondée ou ils sont actuellement réfugiés et soulagés, et cela principalement sous la clause et condition très expresse que le principal et primitif but cette institution est la plus parfaite et la plus accomplie éducation que l'on puisse donner à une jeunesse"
Cité dans Théodore Gobert, Liège à travers les âges; les rues de Liège, article "Libotte", Georges Thone éditeur, Liège 1926.
 
Aperçu de la théorie de Vives par Ivan Dechamps, le travail social écartelé, EVO, Namur, 1994
"Comment, dit-il, les pauvres peuvent-ils se réclamer de Jésus-Christ alors qu'ils sont éloignés de la moralité et de la sainteté chrétienne ? Si ces individus sont pauvres, c'est parce qu'ils sont punis de leurs péchés et non parce que Dieu les punit de l'ensemble des infractions à Sa loi. Il n'y a donc pas lieu d'avoir de la commisération envers eux(Livre I, chap. V). Vives est ainsi bien loin de la pauvreté sacrée du Moyen-Age.
Quant aux riches, il déclare qu'ils doivent être charitables, répondre au commandement d'amour du prochain, attendre une récompense divine, et surtout, parce que tout appartient à Dieu, que chacun doit être dispensateur de toutes les choses (Livre I, chap. IX et X)Ainsi établie la nécessité de l'assistance, Vives conseille de rationaliser l'administration; il faut interdire la mendicité et dispenser les secours aux pauvres invalides. les valides doivent être mis au travail dans des ateliers créés à cet effet. Il s'agit alors de tenir des registres de pauvres, trier les valides des invalides, contrôler l'usage de l'aide et la moralité des personnes aidées, punir les récalcitrants, etc (Livre II)"
Les bons et les mauvais pauvres, leur immatriculation , Annie Degroote, les silences du drapier
Une scène à Lille en 1729, lors des fêtes en l'honneur de la naissance du dauphin
"(Guillaume) sursauta à l'apparition inopinée et brutale d'un individu, face à lui. Vêtu de tissus rêches et sans couleur, il tendait la main. Ce n'était pourtant pas un vagabond. Il portait le brassard rouge à fleur de lys des indigents respectables, inscrits comme tels, et domiciliés dans une paroisse. Quoique interdite, la mendicité prenait une ampleur considérable. Guillaume se sentait de la tendresse pour ces malheureux, privés du nécessaire par accident, infirmité, vieillesse, veuvage ou abandon.
Il remit une pièce à l'homme. Celui-ci ôta son chapeau, s'inclina et s'évapora dans la nuit. Son signe de reconnaissance lui avait sans doute permis d'être invité au grand banquet des pauvres.
"Comme ils sont nombreux!" avait murmuré Guillaume en les voyant alignés tout au long d'une impressionnante tablée, devant la façade du siège du gouvernement."
Le travail des enfants, témoignage d'une fillette de 11 ans dans "les débuts de l'industrie", p. 43, Enquête de la commission des Mines (1842)
"
Je travaille au fond de la mine depuis trois ans pour le compte de mon père. Il me faut descendre à la fosse à deux heures du matin et j'en remonte à une ou deux heures de l'après midi. Je me couche à six heures du soir pour être capable de recommencer le lendemain. A l'endroit de la fosse où je travaille, le gisement est en pente raide. Avec mon fardeau, j'ai quatre pentes ou échelles à remonter, avant d'arriver à la galerie principale de la mine. Mon travail c'est de remplir quatre à cinq wagonnets de deux cents kilos chacun. J'ai vingt voyages à faire pour remplir les cinq wagonnets. Quand je n'y arrive pas, je reçois une raclée. Je suis bien contente quand le travail est fini, parce que ça m'éreinte complètement. "
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