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Anne Michotte (1833-1898), fondatrice de l'Orphelinat Sainte Julienne,
dit "Institut Michotte" à Liège

L’histoire qui suit nous est racontée par l’héroïne elle-même puisqu’elle nous a laissé un manuscrit de sa vie, un cahier d’écolier dans lequel elle nota les évènements, qui ponctuèrent une existence à la fois banale et exemplative d’une certaine bourgeoisie catholique du 19e siècle.
Nous sommes en plein dans le démarrage de la révolution industrielle, un mouvement très actif au pays de Liège où les entreprises croissent et se multiplient, ramassant une main d’œuvre sur-exploitée, totalement démunie de protections légales, de droits politiques et d’associations professionnelles pour les revendiquer.
Des chrétiens, dont font partie le couple Michotte, se trouvent donc confrontés à une situation ouvrière extrêmement pénible et se sentent, en conscience, obligés d’agir. Il ne s’agit pas de révolutionner la société mais de soulager les souffrances, d’obéir au commandement premier « aime ton prochain comme toi-même", chaque pauvre étant l’image de Jésus, celui qui s’est fait homme, pauvre parmi les hommes sans pouvoir.
Née en 1833 à Liège,
Anne Horne épouse à 19 ans le docteur Jean-Baptiste Michotte, qui a 10 ans de plus qu’elle. Le couple commence alors une existence confortable, installé dans un bel immeuble du boulevard de la sauvenière et jouissant d un pied à terre au vert, un chalet sur le haut de la ville. Si chacun, lui dans son métier, elle dans son foyer, mène une vie sans histoire, ils forment aussi un couple soucieux des autres, au travers d’œuvres paroissiales ou de soins prodigués aux plus démunis.
Ce bonheur paisible est brutalement stoppé en 1862, lorsque le docteur Michotte meurt de la fièvre typhoïde, contractée auprès d’un de ses malades. Restée veuve à 29 ans, sans enfant, Madame Michotte se lance dans de multiples activités charitables sans perdre de vue l’ultime volonté de son mari, la création
« d’une œuvre de bienfaisance, si possible au profit de l’enfance, dans leur propriété de Saint Laurent », le chalet .
Rapidement, Anne Michotte se retrouve avec des enfants en bas-âge confiés à sa bonté, orphelins, abandonnés, qu’elle accueille effectivement dans le chalet, aidée par des amies et des « dames d’œuvres » sensibilisées à son action.
Au fur et à mesure que l'oeuvre se développe, elle effectue les travaux nécessaires à un public de plus en plus nombreux , puisque de 9 enfants on arrive, en quelques années, à 60.
En 1886, elle baptise son œuvre « l’Orphelinat Sainte Julienne » du nom de Julienne de Cornillon, religieuse liégeoise très populaire. L’éducation qu’elle y dispense est d’abord chrétienne, promouvant les valeurs très stricte de la morale bourgeoise et la piété indispensable au salut de l’âme. A l'opposé de cette rigueur et de ce qu’on pourrait trouver étroitesse d’esprit, Mme Michotte fait preuve d’un amour sans limite pour les enfants et les jeunes filles qu’elle accueille, sacrifiant tout ce qu’elle a, jusqu’à son propre espace vital pour n’en laisser aucune sans soin. Elle veille aussi à leur donner une formation suffisante pour pouvoir disposer d’une certaine indépendance lorsqu'elles seront adultes: elles deviendront institutrices, employée, vendeuse ou couturière.
Pour être sure que son œuvre lui survivra, elle se tourne vers une congrégation, celle des sœurs de la Visitation et sollicite leur collaboration. Elle restera cependant directrice jusqu'à sa mort en 1898 car c'est seulement à ce moment-là que les Salésiennes de la Visitation accepteront de reprendre l'oeuvre.
Aujourd'hui l'Institut Michotte est devenu
"la Maison". Pour connaître son statut et son histoire récente, c'est ici .
Source : informations et photos sont puisées dans le livre, fort intéressant, intitulé Madame Michotte, une liégeoise au service de l'enfance malheureuse - son oeuvre aujourd'hui - éditeur CRR, 1991

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