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Lhistoire qui suit nous est racontée par lhéroïne elle-même puisquelle nous a laissé un manuscrit de sa vie, un cahier décolier dans lequel elle nota les évènements, qui ponctuèrent une existence à la fois banale et exemplative dune certaine bourgeoisie catholique du 19e siècle.
Nous sommes en plein dans le démarrage de la révolution industrielle, un mouvement très actif au pays de Liège où les entreprises croissent et se multiplient, ramassant une main duvre sur-exploitée, totalement démunie de protections légales, de droits politiques et dassociations professionnelles pour les revendiquer.
Des chrétiens, dont font partie le couple Michotte, se trouvent donc confrontés à une situation ouvrière extrêmement pénible et se sentent, en conscience, obligés dagir. Il ne sagit pas de révolutionner la société mais de soulager les souffrances, dobéir au commandement premier « aime ton prochain comme toi-même", chaque pauvre étant limage de Jésus, celui qui sest fait homme, pauvre parmi les hommes sans pouvoir.
Née en 1833 à Liège, Anne Horne épouse à 19 ans le docteur Jean-Baptiste Michotte, qui a 10 ans de plus quelle. Le couple commence alors une existence confortable, installé dans un bel immeuble du boulevard de la sauvenière et jouissant d un pied à terre au vert, un chalet sur le haut de la ville. Si chacun, lui dans son métier, elle dans son foyer, mène une vie sans histoire, ils forment aussi un couple soucieux des autres, au travers duvres paroissiales ou de soins prodigués aux plus démunis.
Ce bonheur paisible est brutalement stoppé en 1862, lorsque le docteur Michotte meurt de la fièvre typhoïde, contractée auprès dun de ses malades. Restée veuve à 29 ans, sans enfant, Madame Michotte se lance dans de multiples activités charitables sans perdre de vue lultime volonté de son mari, la création « dune uvre de bienfaisance, si possible au profit de lenfance, dans leur propriété de Saint Laurent », le chalet .
Rapidement, Anne Michotte se retrouve avec des enfants en bas-âge confiés à sa bonté, orphelins, abandonnés, quelle accueille effectivement dans le chalet, aidée par des amies et des « dames duvres » sensibilisées à son action.
Au fur et à mesure que l'oeuvre se développe, elle effectue les travaux nécessaires à un public de plus en plus nombreux , puisque de 9 enfants on arrive, en quelques années, à 60.
En 1886, elle baptise son uvre « lOrphelinat Sainte Julienne » du nom de Julienne de Cornillon, religieuse liégeoise très populaire. Léducation quelle y dispense est dabord chrétienne, promouvant les valeurs très stricte de la morale bourgeoise et la piété indispensable au salut de lâme. A l'opposé de cette rigueur et de ce quon pourrait trouver étroitesse desprit, Mme Michotte fait preuve dun amour sans limite pour les enfants et les jeunes filles quelle accueille, sacrifiant tout ce quelle a, jusquà son propre espace vital pour nen laisser aucune sans soin. Elle veille aussi à leur donner une formation suffisante pour pouvoir disposer dune certaine indépendance lorsqu'elles seront adultes: elles deviendront institutrices, employée, vendeuse ou couturière.
Pour être sure que son uvre lui survivra, elle se tourne vers une congrégation, celle des surs de la Visitation et sollicite leur collaboration. Elle restera cependant directrice jusqu'à sa mort en 1898 car c'est seulement à ce moment-là que les Salésiennes de la Visitation accepteront de reprendre l'oeuvre.
Aujourd'hui l'Institut Michotte est devenu "la Maison". Pour connaître son statut et son histoire récente, c'est ici .
Source : informations et photos sont puisées dans le livre, fort intéressant, intitulé Madame Michotte, une liégeoise au service de l'enfance malheureuse - son oeuvre aujourd'hui - éditeur CRR, 1991