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Le suicide à différentes époques :
regards, méthodes utilisées et principales causes

 

Page Web réalisée à partir du travail de Julien Vrijens

 

Introduction

Dans ce travail, je vais essayer de voir comment le suicide était perçu avant et maintenant, mais aussi les différences ou les similitudes dans les méthodes et les causes.

Survol historique

Le suicide a toujours existé mais il a été compris différemment au fil des siècles et des cultures
Sous l'empire Romain, le suicide n'était pas bien considéré mais cela s'arrêtait là. Où le suicide était le plus condamné, c'était par les Chrétiens. Notre société a gardé en mémoire l'extrême interdiction que l'Eglise a fréquemment rappelé envers l'acte suicidaire. Sa formulation générale est claire : le commandement divin "TU NE TUERAS PAS " interdit l'homicide volontaire sur quiconque et également sur soi même. L'Eglise dit aussi " faits à l'image de Dieu, les humains appartiennent à Dieu seul. " - "La vie n'est pas sacrée mais elle est un don de Dieu, dont nous sommes responsables devant lui et qu'il faut savoir lui rendre avec confiance. C'est peut être cette confiance qui manque aux personnes suicidaires ?" conclut Monestier, après ces citations de l'Ancien ou du Nouveau Testament.

En Europe occidentale, le suicide a été longtemps condamné.
Après les lois générales de Charlemagne, les établissements de saint Louis réglementent spécifiquement le suicide. " Un procès sera fait au cadavre du suicidé, par-devant les autorités compétentes, comme pour les cas d'homicide d'autrui. " Suite à ce procès, les biens sont saisis pour les seigneurs.
Certaines villes imposent des supplices au cadavre en plus de la saisie des biens.

Jeanne Bossez, épouse de François, est ainsi jugée à Genève, dans la république calviniste, vers 1543. Elle a essayé de se noyer. Ses explications sont multiples et confuses : elle avait renversé une bouteille d'huile et avait peur de la colère de son mari. Et puis, il y avait la maison toujours pas payée, deux enfants à élever et la cherté du présent. Son mari ne comprend pas, parle d'un transport d'entendement (une folie passagère donc). C'est probablement cela qui explique la peine légère infligée par le tribunal : sévères remontrances , oraisons et confession ( Joël Cornette, Suicidée, sorcière, infanticide: trois femmes devant leurs juges, l'Histoire Spécial - les femmes, juillet/août 2000)


Dans l'ancien droit français, la législation civile s'empare du droit canon et ajoute aux peines religieuses qui sont la privation des derniers sacrements et celle d'une sépulture en terre sacrée - rappelons que les funérailles religieuses sont les seules existantes - , des peines matérielles, généralement confiscation de tous les biens et donc pas d'héritage aux enfants. C'est le cas au 17ème siècle.

 L'enfant des Lumières de Françoise Chandernagor
La comtesse de Breyves vient de découvrir son mari, ruiné, qui s'est pendu.
" Le curé de la paroisse vint la sermonner: Pas de scandale, Madame la Comtesse, je vous en prie, nous en avons vu assez. Elle s'habilla pourtant pour aller implorer le Grand Vicaire de l'Archevêché, un chrétien qui parlait comme l'abbé Terray. L'enterrement à la sauvette, c'est elle qui l'avait arrangé.
En apprenant le suicide, les créanciers contrattaquent et l'auteure ajoute : la créance hâtive grouille sur le suicidé dont les biens peuvent être confisqués" (voir notre page
"romans historiques)

Voici quelques exemples :
A Bordeaux, le cadavre est pendu par les pieds à une potence et ensuite conduit à la fosse.
A Abbeville, on traîne le cadavre du suicidé sur une claie, par rues et carrefours, attaché à un tombereau, la face tournée vers le sol.
A Lille, un suicidé homme est pendu et une suicidée femme est brûlée.
Le but est de toucher le défunt, au-delà de lui, dans sa famille, le toucher aussi dans son honneur.
Les ordonnances de Louis XIV, en 1670, prescrivent que si un bourgeois ou un homme du peuple s'est suicidé, une condamnation régulière doit être prononcée. Le corps est traîné dans la rue face contre terre et ensuite pendu ou jeté. Tous ses biens sont confisqués au bénéfice du roi. S'il ne s'agit que d'une tentative, le suicidant, tout en échappant à la peine capitale, subit un procès et une peine allant du simple cachot à la galère, le plus souvent c'était des coups de fouets sur la place publique.

Tous ces exemples montrent bien que le suicide était interdit mais aussi condamnable. Cette attitude extrêmement sévère persiste jusqu'à la Révolution française.
Cependant, le XIX siècle est marqué par la découverte de la psychanalyse et va ouvrir une brèche dans la condamnation des suicidés par l'Eglise, en mettant en avant un facteur nouveau de la personnalité humaine : L'inconscient, qui peu à peu va amener les théologiens à concevoir une nouvelle définition de l'homme. L'Eglise va petit à petit admettre qu'un individu peut subir des pulsions dont il n'est pas maître. Le suicide perd , dans certains cas, une partie de son caractère volontaire, ce qui diminue sa gravité. Toutefois jusqu'il y a une cinquantaine d'années, l'enterrement religieux, s'il est demandé, se fait toujours très discrètement, sans cérémonie.

De nos jours, on considère que, dans la plupart des cas, les personnes qui se suicident sont atteintes d'une maladie mentale car les difficultés de la vie ne suffisent pas à conduire les gens au suicide. La majorité de ceux qui se suicident ont une personnalité dépressive ou alors souffrent de désordre de la personnalité, de schizophrénie, ou encore de dépendance à la drogue.

Les méthodes d'hier et d'aujourd'hui

Les méthodes de suicide n'ont pas changé beaucoup depuis de longues années. La petite différence est peut être le classement des principales méthodes utilisées. Il est peut être bon de dire que le taux de suicide réussi chez les hommes est trois fois plus élevé que chez les femmes et que la raison en est la méthode choisie.
En effet, les femmes utilisent des moyens plus doux mais aussi plus incertains que les hommes, comme les médicaments. Avant ces moyens étaient efficaces mais maintenant un lavage d'estomac permet souvent de sauver le suicidaire.
Soulignons que les femmes de plus de 45 ans abandonnent les médicaments pour des moyens plus violents comme la pendaison, la noyade, la précipitation.
La précipitation, un des moyens assez utilisés, consiste à se jeter du haut d'un pont, d'une falaise, d'une fenêtre, et cela malgré la peur du vide. C'est en effet, une méthode pour laquelle on ne doit pas porter la main sur soi.
Pour l'homme c'est différent car il va utiliser des moyens plus violents comme la pendaison, qui fut et reste la méthode la plus connue. Toutes les campagnes ont connu ces pendus à la poutre de la grange ou à la fourche d'une charrette. Elle représente aujourd'hui encore la moitié des moyens employés. Il faut dire que la pendaison peut se faire avec de multiples moyens comme les cravates, les cordes de toutes sortes, des fils électriques
Une autre propriété spécifique de la pendaison est le grand nombre de positions. Le professeur Tardieu, au XIXe siècle, en avait recensé 261 différentes pour se pendre.

Partout dans le monde, les plans et les cours d'eau grands ou petits attirent les désespérés qui vont utiliser la noyade. Certaines personnes avant de sauter s'attachent les bras et les jambes et mettent des pierres dans leur poche, pour éviter de remonter par instinct.

Voici encore d'autres moyens:
Les sectionnements, avec des instruments tranchants, surtout pour se couper les veines
Les empoisonnements, pratiqués surtout par les femmes
Les asphyxies
Les armes à feu, le moyens le plus utilisé aux U.S.A.
Les crémations : avant elle était presque inexistante mais on l'utilise pour des suicides religieux. Ce moyen rencontre alors des motifs philosophiques. Que l'on se rappelle les bonzes au Viet Nam ou Jan Palach à Prague en 1968.
Les écrasements, en général en se jetant sous le train ou en se couchant sur une voie ferrée.

Les principales causes

Une des causes de suicide les plus fréquentes, que ce soit d'hier ou d'aujourd'hui , c'est l'amour. L'amour tue. Après le décès d'un proche, par exemple on n'arrive pas toujours à vivre seul et on se tue pour rejoindre l'être cher. Il arrive aussi que la mort se fasse à deux, mais pas toujours avec le consentement de l'autre. Des cas dramatiques concernent ainsi le suicide des veuves aux Indes, où l'on sait que de nombreuses femmes sont poussées à l'acte par leur belle-famille.
Dans certains cas de suicide d'amour, celui qui se tue espère ainsi faire le désespoir ou engendrer le remords de celui qui l'a poussé à cet acte.
La honte, la diffamation, la calomnie, quelquefois la simple révélation d'une vérité impossible à assumer, ont constamment exercé leur empire sur les hommes. Pour se guérir de tout cela, les hommes pensent souvent au suicide, c'est la solution la plus facile pour ne pas affronter un scandale.
La mort plutôt que la honte.
L'honneur et les codes militaires. Dans certain cas, comme pour les marins et surtout les capitaines, on dit qu'en cas de naufrage, le capitaine devait rester à bord pour couler avec son bateau. C'est une forme de suicide qui est toujours présente dans les esprits et illustrée dans les films comme "Titanic". Des soldats, préférant se donner la mort plutôt que d'être capturés par l'ennemi, cela c'est fréquemment produit et se reproduira encore.
Les suicides-sacrifices consistent à donner sa vie pour un autre. C'était surtout le cas avec les chevaliers. On pense plus récemment à Maximilien Kolbe, qui se proposa aux Nazis à la place d'un père de famille. Dans la Résistance, plusieurs résistants arrêtés ont préféré se donner la mort que de risquer de trahir leurs partenaires de réseau.

Aujourd'hui un type de personnes qui a plus de malchance de se suicider, ce sontles homosexuels. Cela reste encore très dur de se reconnaître homosexuel, d'abord et surtout peut-être devant soi-même. Et l'aveu - le "coming out" - est rarement bien reçu par les parents, amis, collègues, voisins. C'est la raison pour laquelle ils sont devenus une population à risques.

Conclusion

Ma conclusion pour ce travail est mitigée car l'histoire du suicide est longue et pour la Belgique je n'ai pas trouvé beaucoup de documentation. Ce que j'en retiens, c'est qu'il y a une grande différence dans le regard porté par la société : avant, on réprimait fortement le suicide par des condamnations corporelles, pour justement dissuader de passer à l'acte. Maintenant, on en parle un peu plus et on essaie d'être plus préventif car, contrairement au passé, c'est les jeunes qui sont le plus concernés, même si une autre catégorie, dont on parle peu, commence à apparaître , ce sont les personnes âgées.
Une autre différence est le rapport au temps : de nos jours nous sommes toujours pressés et stressés, poussés à la performance, chose qui ,je crois, accentue le phénomène
Je pense qu'il faut être plus préventif et à l'écoute des jeunes; en effet les statistiques sont effrayantes.
Chaque année, 1.000.000 personnes se suicident dans le monde et plus de 30.000.000 tentent de se suicider. En Belgique, on recense chaque année quelques 2.000 suicides (1.458 hommes et 555 femmes, selon les derniers sondages). Pour les hommes le taux de suicide a triplé en 5 ans. Or, pour les hommes de 15 à 24 ans, c'est la deuxième cause de mortalité(20%) et la troisième pour les filles(12%). Pour les hommes de 25 à 34 ans, c'est la première des causes (21%.)
L'idéation suicidaire concerne donc entre 20 et30% des jeunes. Je trouve que c'est un chiffre énorme et qu'il faut faire tout pour diminuer ce pourcentage le plus rapidement possible.

Ce travail m'a beaucoup apporté; il m'a fait réfléchir à cette problématique J'espère réussir mes études d'assistant social, et je voudrais, peut être, travailler dans l'aide au suicide.

Bibliographie

Livres
Martin Monestier : Suicides: Histoire, techniques et bizarreries de la mort volontaire, des origines à nos jours , le cherche midi éditeurs, Paris, 1995
Le suicide, sous la direction de François Terré, puf, Paris, 1994

Sites
http://social.prov-liege.be/Social/fr/html/maison/suicide_commission.htm (reconsulté le 8/08/02)
http://www.cicred.ined.fr/rdr/rdr_f/revues/revue69-70/77-69-70_f.html (consulté le 17/05/02)
www.atmedica.com/article/affichage/1%2C1039%2CA-parrubrique-9---45-114-52112%2C00html (consulté le 18/05/02).

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