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Page Web réalisée à partir du travail de Frédérique Thenaers
Introduction
La traite des Noirs remonte à la nuit des temps pharaoniques, mais celle dont je vais vous parler est d'une autre nature.
Celle dont nous parlerons est le trafic des esclaves de la côte de l'Afrique expédiés vers les colonies d'Amérique essentiellement et, pratiquée par les Européens du XVIème au XIXème siècle. Elle a pour but d'amasser de l'argent grâce au travail des esclaves, de construire de belles colonies avec la sueur et le sang des captifs.
Le début de la
traite négrière atlantique organisée par
l'Europe date de 1441, lorsque des navigateurs portugais ramènent
les premiers esclaves nègres au Portugal. La traite a été
abolie au XIXème siècle, petit à petit, par
tous les pays d'Europe et d'Amérique mais l'utilisation
d'esclaves perdura dans le Monde, d'abord légalement puis
clandestinement jusqu'à aujourd'hui.
Pour ce travail, je me suis intéressée plus particulièrement
aux pratiques esclavagistes du XVIIIème siècle.
En effet, la traite et l'esclavage paraissent particulièrement
choquants lorsqu'ils se situent à une époque d'émancipation
comme le Siècle des Lumières.
Comment était organisée la traite ?
La
traite des Noirs se faisait au moyen d'un commerce triangulaire
européen dont le point de départ était un
grand port de l'Atlantique de la mer du Nord (Europe->Afrique
; Afrique->Amérique ; Amérique->Europe). Les
navires servant à la traite étaient en réalité
des bâtiments polyvalents, solides et rapides appelés
" navires négriers " . Dans le port d'embarquement,
le navire négrier chargeait les marchandises qui avaient
la faveur des intermédiaires africains ; Ces marchandises
étaient ensuite débarquées dans l'un des
ports d'Afrique où elles étaient marchandées,
échangées contre des esclaves ou vendues aux intermédiaires
africains.
Une fois l'Afrique atteinte, la traite pouvait commencer. Le négrier
pouvait pratiquer la traite volante, c'est- à- dire aller
de baie en baie pour accueillir plusieurs esclaves. Cependant,
cette technique prenait beaucoup de temps et comportait de nombreux
risques (attaques d'indigènes ) La traite organisée
s'imposa donc. Deux formules étaient possibles : dans le
premier cas, les Européens établissaient sur la
côte, un préside avec quelques commis et quelques
soldats chargés du rassemblement des esclaves. La seconde
formule était un marché fixé par un contrat.
A son arrivée, le capitaine s'assurait le concours d'un
interprète qui rendait visite au souverain, lui offrait
des cadeaux, discutait des tarifs. La vente était alors
déclarée ouverte et les barèmes fixés;
chaque qualité de noir était votée avec soin
: par exemple, la meilleure marchandise était " la
pièce d'Inde ", adulte mâle, jeune et robuste.
Afin d'éviter les fraudes, les esclaves amenés de
force dans les ports étaient examinés par un chirurgien
de bord. Celui-ci vérifiait les yeux, la bouche et les
parties sexuelles. Les malades et les vieux étaient éliminés.
Notons que ces esclaves venaient de toute l'Afrique et étaient
réduits en servitude pour des causes diverses : les prisonniers
de guerres tribales, des débiteurs qui ne pouvaient rembourser
leurs dettes et qui étaient réduits à l'esclavage,
des criminels ainsi que des enfants vendus par leurs parents afin
de se procurer des vivres .
Venaient ensuite le marquage au fer rouge et l'embarquement des
captifs sur des canots jusqu'aux navires. Ceux-ci étaient
transformés à cet effet : l'entrepont était
aménagé en parc à " nègres ".
Commençait alors la seconde étape du voyage triangulaire
appelé le " Middle Passage ". Durant ce voyage,
les nourrissons, peu importe leur âge, étaient séparés
de leur mère. Les hommes, séparés des femmes,
étaient enchaînés deux par deux et alignés,
couchés sur un espace de cinquante centimètres de
large. L'entassement déjà insupportable se transformait
en une promiscuité humide et nauséeuse quand le
mal de mer et le mauvais temps s'en mêlaient : l'eau s'engouffrait
dans l'entrepont, les vomissures, les déjections qui débordaient
des baquets souillaient tout, faisant prospérer les maladies
que les carences alimentaires, le manque d'hygiène ou la
claustration engendraient déjà. Le jour, on faisait
monter les noirs sur le pont pour qu'ils prennent l'air et se
délassent. Le taux de mortalité s'élevait
de 10 à 20%.
Les bateaux finissaient enfin par atteindre leur but, l'Amérique.
A l'arrivée, les Noirs malades et épuisés
étaient rafraîchis avant la vente afin de paraître
plus présentables. La vente était annoncée
par voie d'affiche et les esclave étaient exposés
et détenus dans un enclos .La vente se faisait de trois
manières différentes : par courtiers, à l'encan
ou par lots. Quand les planteurs américains avaient besoin
d'esclaves, ils donnaient leurs commissions à des courtiers
qui montaient sur les navires et accaparaient tous les noirs,
exceptés les malades. Ils les examinaient afin de voir
si les captifs étaient constitués de manière
à fournir un long travail. Si les courtiers n'avaient pas
reçu de commissions, le capitaine prenait le parti de vendre
sa cargaison à l'encan. Les esclaves étaient conduits
dans un hangar et étaient mis aux enchères. Le troisième
moyen que les capitaines négriers mettaient en usage pour
se défaire de leur cargaison était la vente par
lots. Les esclaves étaient placés dans une cour
et l'instant arrivé, les portes de la cour s'ouvraient
et de nombreux acheteurs s'y précipitaient. Certains d'entre
eux n'hésitaient pas à se disputer violemment leur
"proie " .
Ainsi les parents, les amis, les compatriotes esclaves étaient
pour la plupart séparés à tout jamais.
Le navire négrier, grâce à l'échange
ou la vente de captifs, amassaient des denrées tropicales
ainsi que de l'argent destinés à l'Europe, qu'il
ramenait lors de son dernier voyage triangulaire de l'Amérique
vers l'Europe.
Les traitements réservés aux esclaves
Comme nous l'avons vu
plus haut, dès le début de la traite, les esclaves
étaient considérés comme du bétail,
de la marchandise. Il n'y avait aucune pitié, aucune compassion
à leur égard, et cela durait souvent toute leur
vie. En effet, après la vente, leur calvaire n'était
pas terminé. Les esclaves rejoignaient l'habitation du
maître et se voyaient attribuer une " Case ".
Ces cases faites en bois et en torchis ne dépassaient pas
18 mètres carrés dans lesquels s'entassait toute
la famille. Il n'y avait aucun mobilier et le plancher servait
souvent de lit. Les conditions d'hygiène étaient
donc désastreuses et de ce fait, des maladies nombreuses.
La nourriture des esclaves était essentiellement composée
de bananes, de riz, d'ignames et rarement de viande. Elle n'était
donc pas adaptée à un travail lourd.
Une fois l'an, les esclaves recevaient quelques vêtements
et deux paires de chaussures avec lesquelles ils devaient passer
l'année.
Le travail des esclaves se faisait dans l'exploitation agricole
du maître. Les journées de labeur étaient
épuisantes, commencées tôt, finies tard, juste
entrecoupées de quelques pauses et n'ayant que le dimanche
de congé. Aussi bien les femmes enceintes que les enfants
à partir de 10 ans devaient se livrer à cette tâche
difficile. L'encadrement des esclaves était assurée
par un intendant choisi par le maître, pour garantir un
maximum de rentabilité et de profit. Son autorité
sur les esclaves n'était pas limitée à la
direction du travail mais s'étendait au contexte général
des Noirs. Il était chargé des tâches policières
et pouvait punir les esclaves lorsqu'il le jugeait nécessaire.
Au point de vue familial, le mariage entre esclaves n'existait
pas légalement et les familles risquaient à tout
moment d'être disloquées par la vente décidée
par leur maître pour une quelconque raison (partage d'héritage,
besoin d'argent, échanges...), séparant les maris
des femmes, les enfants des parents.
Les maîtres enseignaient leur religion aux esclaves mais
cachaient une partie du message de l'Évangile, celle qui
concerne la grâce et l'accès au paradis. En effet,
pour les maîtres, les esclaves étaient exclus de
la miséricorde divine.
Les esclaves ne savaient ni lire ni écrire car, pour les
maîtres, un esclave instruit est un esclave dangereux
Les esclaves étaient dépourvus de tout droit comme
par exemple, celui d'être propriétaire. Notons toutefois
à ce sujet, qu'un Code Noir fut édité au
XVIIes, servant de règlement aux maîtres pour la
discipline et le commerce des esclaves. Ce code accorda l'humanité
morale et religieuse aux esclaves.
Les maîtres avaient tous les droits et avaient toujours
raison, ils dirigeaient la vie de ses esclaves à tous points
de vue en décidant de leur avenir, de leur religion, en
leur interdisant de parler de leur pays. Ils étaient en
effet les seuls à pouvoir décider de libérer
un esclave ou non. Pire, ils pouvaient à tout moment infliger
à leurs esclaves, s'ils le considéraient juste ou
simplement par excès de mauvaise humeur, des punitions
atroces et diverses : allant du fouet à la castration en
passant par la mutilation. Ainsi un esclave pouvait se voir couper
les deux jambes pour avoir fui un travail au-dessus de ces forces.
La seule limite, souvent, consistait dans la préservation
d'une ressource. Il fallait donc punir mais en veillant à
trouver l'équilibre entre la sanction dissuasive et le
maintien d'un outil en état de marche. Ce fut surtout vrai
au XIXes, lorsque, la traite étant devenue interdite, il
fallut se limiter au "cheptel" dont on disposait sur
place.
Tant d'exemples cités ci-dessus prouvent que pour les maîtres,
un esclave n'était pas vraiment un homme mais plutôt
une "chose" qu'on détaillait dans les inventaires
parmi les bêtes à cornes, qu'on achetait ou revendait.
En fait, l'esclave était considéré comme
un outil de travail, qu'on punissait s'il ne donnait pas satisfaction,
dont on se débarrassait quand il était trop indiscipliné,
tout en le ménageant car il représentait un capital
précieux. Il pouvait ainsi être récompensé
quand il dépassait les normes exigées car, pour
les maîtres, c'était comme ça qu'il fallait
agir avec des êtres réputés inférieurs
Conclusion
Ce travail montre les horreurs et les nombreux effets néfastes de la traite d'êtres humains : la vie d'un esclave ne représentait en effet rien aux yeux d'un maître qui , tant que dura le trafic, pouvait s'en procurer dix autres.
Au 21ème siècle,
l'esclavage est officiellement aboli dans tous les pays mais il
existerait encore environ 100 millions d'esclaves dans le monde,
ce qui représente probablement le plus haut chiffre jamais
atteint (source: rapport del' Anti Slavery International).
On le trouve en Afrique (Bénin, Togo, Ghana, Mauritanie...),
en Amérique Centrale (Haïti, République Dominicaine...),
Amérique du Sud (Brésil
et Pérou), Asie (Thaïlande, Inde, Philippines...).
Les modalités et les raisons sont variées : en épurement
d'une dette, en travail forcé suite à un délit
ou pour mettre en valeur des terrains en friche, comme main d'oeuvre
sans salaire pour les enfants pauvres, comme résultat de
guerres tribales ou encore comme outil privilégié
de conversion idéologique.
Pratiquement chaque semaine, les journaux parlent d'êtres
humains, issus du Sud, victimes d'un trafic odieux. Leur carte
d'identité retirée, sans autorisation de séjour,
ces gens n'existent plus. Ils sont donc taillables et corvéables
à merci et ne peuvent sortir de l'enfer qui est devenu
leur quotidien.
Bibliographie
Livres
a. CLAUDE FOHLEN , histoire de l'esclavage aux Etats-Unis,
Librairie Académique Perrin,1998.
b. J.L VISSIERE, la traite des Noirs au Siècle des Lumières,
édition A.M. Métaillé, Paris,1982.
c. CATHERINE HERMARY-VIEILLE, l'ange
noir, Plon,1998.
Articles
de journaux
-SOUMIYA NAÄMANE GUESSOUS, j'ai été esclave,
dans " Femmes d'aujourd'hui "1998, pp 82 à
84.
-ANDRE ZYSBERG, le " lobby " de la traite des Noirs,
dans " l'histoire " n°57, juin 1983, pp81
à 83.
Sites
internet
- ERIC SAUGERA , la traite des noirs en quarante questions,
document non daté, consulté le 19/12/2001.
http://www.France.diplomatie.fr/culture/France/biblio/folio/esclavages/noirs15.html.
- HACHETTE MULTIMEDIA, traite des Noirs,2001, consulté
le 12/02/2002
http://encyclopedia.yahoo.com/articles/ni/ni_2274_pOhtml.
- CESAIRE AIME, la traite des Noirs, document non daté,
consulté le 14/02/2002.
http://afcam.org/Doc_illustration/Esclaves/traitedesnoirs(2).html.
Illustration
1. le commerce triangulaire:
schéma de Mme Jamin
2.
Esclaves africains,
enchaînés 2 par 2, sont emmenés au marché
par des négriers. Les esclaves récalcitrants se
voyaient infliger des mutilations pour dissuader les autres et
si leur état de fatigue les empêchait de poursuivre,
ils étaient abandonnés, pieds et mains liés.
Dessin paru dans Sur le chemin de l'aventure : les explorateurs
célèbres, collection connaissance et vie
, éditions Christophe Colomb, Turnhout, 1980, p.217
3. Le travail dans les plantations d'Amérique, gravure
en couleurs du XIXes, parue dans les grandes tragédies,
collection la mémoire de l'humanité, éditions
Larousse, Paris, 1994, p. 115.