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La prostitution hier et aujourd'hui
évolution des modes, des comportements et des jugements

Page Web réalisée à partir des travaux de Catherine Benoit et Wendy Nijs

 

Introduction
Une forme du langage populaire dit que la prostitution est le plus vieux métier du monde. Cela sous-entendrait qu'il est inutile de lutter contre la prostitution, puisqu'elle est considérée comme un métier au même titre qu'un autre. Et il est vrai que ce serait difficile aussi, étant donné qu'elle est profondément ancrée dans nos mentalités, nos moeurs

Depuis le début des temps, la prostitution a toujours existé. Cependant, au cours des siècles, si le processus a changé, elle en a gardé toujours le même principe : des hommes ont été et sont prêts à payer le prix pour obtenir des services sexuels, féminins ou masculins. De nos jours, la prostitution peut se définir comme étant "la vente de gestes sexuels, par une prostituée à un client sexuel, contre de la monnaie, des aliments ou des avantages sociaux "
Ici nous parlerons essentiellement de la prostituée, en nous centrant sur le moyen âge et nous essaierons d'établir un parallèle avec la législation ou l'attitude actuelle.

I. Survol historique

Préhistoire et Antiquité
Dans les sociétés primitives, on pratiquait l'hospitalité sexuelle, c'est-à-dire qu'il était fréquent d'offrir sa femme ou sa fille à l'hôte que l'on accueillait.

Bien vite, l'hospitalité sexuelle s'est transformée en prostitution sacrée. Dans l'Antiquité, les femmes se rendaient au temple une fois dans leur vie, dans le but d'offrir leur corps à une personne pauvre. Ceci étant basé sur le principe de sacrifice, " l'offrande allait aux divinités ".

Progressivement, la prostitution devient un phénomène social. On parlera dès lors de prostitution profane. C'est également la création des premières maisons closes. Les bénéfices de celles-ci allaient à l'Etat. Les prostituées répondaient aux classes de la société. Au sommet de l'échelle par exemple se trouvaient les courtisanes ou hétaïres qui étaient fréquentées par les gens au pouvoir. Certaines ont exercé une certaine influence comme Aspasie, compagne de Périclès.

L'Empire byzantin sous Justinien et Théodora

De 527 à 565, c'est l'empereur Justinien 1er qui règne avec son épouse Théodora sur l'empire byzantin. Celle-ci, issue d'un milieu populaire - son père était montreur d'ours dans un cirque - avait été actrice et hétaïre. Ce métier avait constitué un obstacle à son mariage et certains la considéraient comme une débauchée. C'est peut-être cela qui sensibilisa le couple à la problématique, même si l'hétaïre - nous l'avons vu - avait un autre statut social que la simple prostituée.
Justinien stipula donc que tous les proxénètes seraient punis s'ils étaient trouvés coupables de pratiquer ce métier. Il ferma les bordels et Théodora mit sur pied le premier centre de réadaptation sociale. Malgré ses efforts, le programme fut un échec et le centre fut obligé de fermer ces portes.
Aujourd'hui, juridiquement est proxénète, celui qui aide, assiste ou protège la prostitution d'autrui ou en tire profit. En Belgique, le proxénétisme est interdit par la loi.

Le début du moyen âge occidental

Les nombreuses tribus germaniques pensaient que la prostitution représentait une malédiction à combattre. Théodoric fut le premier à user de violence dans ce domaine : les proxénètes étaient jugés sévèrement. Cependant, ce n'est qu'avec le " code Alaric " que la persécution des prostituées a débuté véritablement. Ce code prévoyait que les femmes étaient aussi coupables que les proxénètes et qu'elles étaient justifiables du fouet.
Aujourd'hui, on considère la prostitution comme un délit. On interdit et exerce une répression contre les personnes qui s'y livrent, l'organisent et l'exploitent. Personnes prostituées et proxénètes sont considérés comme délinquants et passibles de poursuites.

L'essor des villes

La concentration urbaine, avec notamment beaucoup de jeunes célibataires, apprentis ou manoeuvriers, risquait de provoquer de nombreux troubles sociaux. C'est ce qui va encourager l'Eglise à se montrer tolérante. Si la prostitution permet de canaliser la violence, de protéger les honnêtes femmes, de soutenir un mariage stable, alors autant la supporter, voire même l'organiser. Elle a donc édicté des règles (âge, statut social, provenance des prostituées) et soutenu les notables qui voulaient appliquer les réglementations. Si la prostituée est méprisée, elle est pardonnée même si son péché est considéré comme plus grave que celui de l'homme.
Aujourd'hui, les prostituées sont perçues comme des délinquantes et on prévoit des mesures de réinsertion pour les prostituées

La ville n'est pas le seul lieu favorable au développement des amours vénales. La prostitution rurale est florissante. Les femmes vont de village en village tout en s'adaptant aux itinéraires des foires et des marchés. Dans les granges, les hommes entretenaient parfois une prostituée pendant quelques jours, quelques semaines.

Néanmoins, c'est dans le milieu urbain que la prostitution s'épanouit, où - après l'Eglise - , ce sont les municipalités qui vont exercer le contrôle.
Les villes possédaient des lupanars, que l'on appelle également dans le langage populaire, bordels. Ils avaient été construits avec les deniers publics et leur taille dépendait de l'importance de la ville, sa population mais aussi les travailleurs qui y venaient temporairement. Généralement, un tenancier ou une ancienne - l'abbesse - avait la gestion de ces lupanars. Celui-ci était chargé de recruter les filles et de veiller à ce qu'elles respectent certaines règles. Les filles payaient le logement et le couvert, voire un pourcentage sur les passes.
Les lupanars ne sont pas toujours des maisons closes. Les prostituées ont pour rôle de racoler dans les lieux publics pour ramener les hommes au lupanar et les faire consommer avant de gagner les chambres. "La cuisine est pour le tenancier presque aussi profitable que la literie " . Mais parfois aussi elles sont cloîtrées, sauf pour aller à la messe !
En fait, la condition des prostituées est variable. Certains règlements municipaux se montrent très sévères à l'égard du tenancier qui est violent; d'autres, par contre, lui accordent quasi les pleins pouvoirs sur "ses filles".


 

Il existe en plus de ces lupanars publics, des bains ou étuves qui sont des centres de prostitution. Tous les bains sont pourvus de petites chambres équipées de chaufferie. Les propriétaires de ces étuves sont des hauts personnages qui n'ignorent rien de ce qui se passe dans l'établissement. Les bains sont également des lieux de rencontre et des lieux de maquerellage. Les prostituées qui y travaillent sont mieux considérées que celles de bordels publics.
Les autorités tentent d'y maintenir des règles sanitaires, morales, vestimentaires.

Evolution du 11e au 15e siècle

Dès la première croisade, soit de 1096 à 1099, les prostituées ont suivi les troupes. Toutefois, pendant la huitième croisade menée par Saint-Louis, l'Etat dut payer un salaire à environ 13000 prostituées afin d'encourager les troupes à continuer la guerre sainte.
Aujourd'hui, ce type de pratique n'existe plus et est officiellement interdit pour des raisons d'hygiène. On se souvient de la chanson de Jacques Brel "au suivant" évoquant précisément ces anciens" bordels de campagne"

Pendant l'époque où Louis IX régna, soit de 1226 à 1270, la politique face à la prostitution fut changeante, passant de la prohibition à la tolérance. Il menaça d'expulsion toute personne faisant de la prostitution, occasionnellement ou comme métier. Alors commença une dure répression, et la prostitution clandestine remplaça les maisons de débauches ouvertes à tous. Mais les plaintes fut nombreuses et sa politique se trouva devant l'échec : il était impossible de mettre fin à un phénomène si répandu. Il décida donc de concentrer la prostitution dans certains quartiers, à l'écart des maisons de bonne famille. Il ouvrit aussi les portes d'un centre de réadaptation.
Aujourd'hui, il existe toujours des quartiers où la prostitution est plus ou moins tolérée par la police et des maisons de réadaptation, de réinsertion pour les prostituées (système en vigueur en France depuis 1946, date de fermeture des maisons closes).

Le grand théologien médieval , Saint-Thomas d'Aquin, a commencé par insinuer que l'on devait se montrer tolérant envers la prostitution, puis il alla plus loin, en mentionnant qu'il était permis d'accepter les fruits de ce commerce. D'ailleurs les étuves appartenaient parfois à des monastères ou des évêchés.
Aujourd'hui, cela a bien changé : l'Eglise est contre la prostitution.
Par ailleurs, certains pensent que se prostituer, c'est vendre son corps et que cela constitue une atteinte aux droits fondamentaux de l'être humain. D'autres sont plus tolérants et invoquent le droit qu'a chacun de posséder son corps.

Pour vérifier que les réglements soient bien appliqués, certaines villes, comme Venise par exemple, assignaient des vêtements particuliers aux putains afin qu'on les reconnaisse et que l'on puisse sévir si jamais elles n'obéissaient pas. Il était aussi important pour les dames de la bonne société qu'on ne puisse les confondre avec ces filles de mauvaise vie, d'où l'obligation du port d'un signe distinctif, comme un ruban jaune autour du cou.
Aujourd'hui, la prostituée a droit de porter le tenue vestimentaire qui lui plaît, à condition de ne pas attenter à la pudeur sur la voie publique.
On peut toutefois dire que c'est souvent "la tenue de travail" qui trahit la prostituée.

Qui sont les prostituées au moyen âge ?
Peu ont choisi ce métier par goût. La plupart y sont acculées par la misère ou bien ou été soumises à un viol, et déshonorées, ne peuvent plus espérer vivre une existence de femme honnête, mariée et mère de famille.
Elles commencent généralement de manière occsionnelle, pour faire plaisir à un compagnon. Elles peuvent entrer dans une étuve comme domestique, "hôtesse" en sorte lorsqu'elles sont encore jeunes et jolies pour finir, avant 30 ans, dans un bordel où le client est moins regardant sur le physique. Certaines encore travaillerontdans des bordels privés.
Lorsque leur âge interdit de vivre encore de leurs charmes, soit elles ont une promotion et deviennent abbesses, soit elles entrent dans une insitution religieuse spécialisée. Que l'on pense au Vertbois de Liège, institué pour les incurables et "pour les filles repenties"

II. Les causes de la prostitution de nos jours

Bien souvent, les personnes rentrent dans le milieu de la prostitution afin de survivre et non par projet de vie.
La prostitution peut être occasionnelle comme, par exemple, celles qui se prostituent pour avoir de l'argent fin du mois. (voir aussi)

Il existe différents facteurs qui peuvent faire en sorte qu'une personne entre dans le milieu de la prostitution :
-la rencontre de quelqu'un qui connaît le milieu, comme par exemple une mère, une amie.
-la rencontre d'un proxénète qui peut se dissimuler derrière une relation amoureuse.
-les offres d'emplois déguisées (clubs et salons de massage, internet,...)

Les causes de la prostitution sont multiples
- Facteurs sociaux et psychologiques
La violence familiale, les sentiments de rejet, d'abandon, d'injustice, vécus dans l'enfance.
Les abus sexuels : ces viols ou incestes donnent naissance à une dévalorisation de soi, une culpabilité, ce qui peut engendrer la marchandisation de son corps.
- Facteurs économiques
La pauvreté est souvent à l'origine de l'utilisation de son corps. Dans ce cas-ci , nous pouvons parler de prostitution choisie pour un but lucratif.
Elle peut être due au manque de qualification, à un éclatement de la famille, un manque de revenus, des dettes, etc

- Toxicomanie
Le fait de consommer de la drogue implique une dépense d'argent parfois très conséquente. Certaines consomment de la drogue pour surmonter les conditions de travail. Par contre, d'autres femmes se prostituent pour se procurer de la drogue.

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L'appât du gain
Le fait de se prostituer est un moyen " facile " de se procurer de l'argent. La société d'ailleurs nous incite à consommer. La publicité suscite toujours le désir de plus de biens.
- Les réseaux internationaux.
De plus en plus de femmes prostituées proviennent des pays de l'Europe de l'Est; elles sont généralement dépourvues de titre de séjour et donc très dépendantes de leurs souteneurs.

Conclusion
Comme on a pu le constater, malgré les interdictions de toutes sortes, la prostitution a traversé les époques, jusqu'à devenir aujourd'hui encore plus difficile à enrayer, avec notamment l'ouverture des frontières aux pays de l'Est. On se trouve alors en face d'un véritable trafic d'êtres humains.
Dans l'histoire, on a vu que si certains se sont, bien sûr, enrichis sur le dos de la pauvre putain, d'autres ont essayé de créer un minimum de règles pour protéger ses droits, tandis que certains ont aussi fait des efforts pour améliorer son sort en instituant des programmes pour les réhabiliter .
On constate toutefois une tendance récente à légaliser la prostitution "libre", à l'assimiler à un métier comme un autre, ouvrant les droits à la sécurité sociale. Cette position est fort discutée par les associations qui travaillent avec les prostituées. Il est évident qu'il reste difficile d'être absolument sûr que la prostituée l'est de son plein gré et que ses gains lui restent en pleine propriété.

III. Bibliographie
Adresses internet
http://www.lecavalierbleu.com/idees_recues/extrait_pdf/prostitution.pdf
http://rad2000.free.fr/glosdps39..htm
http://l'histoire%20de%20la%20prostitution%20au%Moyen%20Age.htm
http: // pages . infinit. Net / jade 20 / biblio /prostitu.htm
Date de consultation des sites : le 13.05.2002
Livres
Claudine Legardinier, La prostitution, Edition Les essentiels Milan, France, 1996
Jacques Rossiaud, La prostitution médiévale, Edition Nouvelles Bibliothèque Scientifique Flammarion, France, 1988
Articles
Lamotte Philippe, extrait du Vif l'express , n°2553, hebdomadaire, 09.06.2000
Jean Verdon, "les bordels, des maisons on ne peut mieux tolérées", Historia thématique, Un Moyen-Age inattendu, mai-juin 2000
La Libre, "légaliser la prostitution ou pénaliser le client ?", p.10, 26 novembre 2001
Jacques Rossiaud, entretien sur "comment on faisait l'amour au moyen âge", dans Les collections de l'Histoire, l'amour et la sexualité, H.S.N°5, mai-juin 1999.

 

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