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Le familistère de Guise

Guise étant situé entre Maubeuge et Saint Quentin, l'aller-retour peut sans problème s'effectuer en une journée au départ de Liège. C'est une jolie petite cité, qui se tient autour de l'église et au pied de son château, un peu à l'écart de la mini-ville édifiée par Jean-Baptiste André Godin (1817-1888) entre 1856 et 1883.
Godin, fils d'un artisan serrurier, met au point un petit poêle en fonte au lieu de la tôle, ce qui permet d'utiliser le charbon. Pratique, efficace et relativement abordable, c'est un succès immédiat qui fait de Godin le producteur n° 1 au niveau mondial dans la seconde moitié du 19es.
Quand il s'installe à Guise en 1846, il a 30 ouvriers. En 1890, ils sont 1120 . Cette formidable réussite le rend riche et cette richesse, il va l'utiliser pour réaliser son grand projet d'urbanisme et d'éducation sociale.
En effet, Godin , lors de sa formation, a classiquement effectué son tour de France de compagnon, au cours duquel il a aussi découvert la misère ouvrière, les logements insalubres, la promiscuité et tout son cortège de conséquences morales et physiques. Il cherche des solutions et se tourne vers les idées de Charles Fourier et des socialistes utopistes.
Fourier pensait qu'un monde harmonieux, où tous les hommes, de toutes classes sociales pourraient vivre solidaires dans la réalisation pacifiste de leurs passions, était possible. Pour concrétiser cette idée, il voulait créer une habitation commune, peuplée de 1620 individus, répartis équitablement entre hommes et femmes. Ce serait le phalanstère. Lui-même ne le réalisa jamais mais Godin fut un de ceux qui essayèrent de donner vie à l'idée, d'abord en finançant les projets des autres puis en construisant sa propre version d'un habitat communautaire.
C'est ainsi que naquit le familistère, par lequel Godin veut inculquer aux ouvriers mais également aux cadres qui y habitent les notions de sociabilité et de solidarité. Chaque appartement présente le même confort, qu'on soit manoeuvre ou ingénieur.
L'école, laïque et obligatoire, accueille indistinctement tous les enfants. Les tout-petits vont au pouponnat. Un lavoir-piscine, un kiosque à musique, des bibliothèques et des jardins permettent sports et délassements. Le théâtre sert non seulement pour les spectacles mais aussi pour les réunions car l'objectif est de créer une communauté autogérée. Godin voudrait dépasser le système capitaliste en intéressant le personnel aux bénéfices et en essayant de les faire entrer dans la gestion de l'entreprise et de l'habitat.
Ceux-ci jouiront de nombreux avantages par rapport aux ouvriers de l'époque, avec une assurance santé et retraite . Dans
le Palais social, la construction des appartements, donnant tous sur une galerie qui domine la cour dallée, aire de jeux et de rencontres, encourage un contrôle social de tous par chacun.
Le règlement de vie en commun doit être scrupuleusement respecté et les manquements sont affichés au vu de tous, avec la mention explicite des contrevenants. L'éducation des adultes fait aussi partie des objectifs; ainsi on apprend aux jeunes femmes arrivant des fermes au sol en terre battue à entretenir leur sol pavé ou les planchers cirés, à se débarrasser des ordures dans les endroits prévus, à pratiquer une hygiène rigoureuse pour elles et leur famille.
Quelques années avant sa mort, J.B. Godin crée
l'Association du Capital et du Travail et fait peu à peu passer la propriété de son usine aux travailleurs. Celle-ci fonctionnera de cette façon jusqu'en 1968. L'usine tourne toujours avec environ 250 ouvriers et reste une référence incontournable pour les poêles en fonte, d'autant plus que la vogue des poêles à bois est en plein retour . Les logements appartiennent pour partie à des propriétaires privés, partie à des locataires de logements sociaux de la ville de Guise.
Godin tenta une expérience similaire en Belgique, sur une moindre échelle toutefois. Il s'agit des bâtiments situés quai des usines à Laeken.
Pour des compléments d'infos, visitez le site du familistère http://www.familistere.com/site/index.php
Photos personnelles, à l'exception de la carte du pouponnat qui appartient aux archives du lieu. La maquette présentée sur le site comprend deux parties, l'une où l'on voit principalement les habitations, les bâtiments communs et les aires de loisirs, l'autre qui montre l'établissement industriel et les bureaux. Ci-dessus, la grande verrière avec les appartements tout autour.

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