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Le travail des enfants

Le travail des enfants est une réalité depuis toujours dans les familles pauvres. A la campagne, dès que l'enfant sait marcher et reconnaître son chemin, il garde et nourrit les poules, glane les épis tombés hors des champs, porte de petits colis, aide à la vente des produits au marché ... Plus âgé, il participe à la moisson ou à la conduite des bêtes. On estime ainsi qu'un enfant de 5 ans en bonne santé rapporte suffisamment pour assurer sa nourriture.

A la Révolution Industrielle toutefois, les tâches et surtout le rythme changent. L'enfant ne travaille plus pour ses parents, à leurs côtés ou alors le père a de sérieux comptes à rendre au contremaître sur l'efficacité de son gamin. Il se découvre seul, dans un environnement dur avec des adultes exigeants, attelé à des tâches où le rendement est essentiel, où les dégâts, les pertes se paient cash en suppression de salaire et où les risques, surtout avec des machines, sont énormes : l'handicap à vie, voire la mort sont bien présents

Les conditions de travail
On commence parfois dès 6 ans mais de préférence après la 1ère communion, les patrons évitant ainsi de devoir libérer les enfants pour aller au catéchisme. On est engagé dans les carrières et les briqueteries, dans les verreries, les aciéries, les filatures (cfr Daens), dans les charbonnages où ils remplissent et tirent les wagonnets. En plus de leur journée, avec les femmes, ils grimpent sur les terrils et cherchent les morceaux de charbon qui ont échappé aux mineurs.
Dès 7 ans, les enfants sont envoyés à l'usine où ils font des journées de 5h du matin à 10h du soir, avec une pause d'1/4h pour déjeuner et 1/2h pour dîner. Beaucoup d'enfants arrivent juchés sur les épaules de leur père, encore endormis. Une journée de 12h est "légère". Dans certains métiers, c'est le jour qui rythme le travail : long en été, plus court en hiver. Mais l'éclairage artificiel se répand et libère du soleil.
Le salaire est très bas, souvent moins du prix d'un pain à l'heure.

Victor Hugo a beaucoup écrit
sur la misère,
sous des formes variées.
Le roman "Les misérables" utilisait la prose;
Ce texte-ci a
le rythme prenant
de la poésie.
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules;
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
dans la même prison, le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las...
Mélancholia Victor Hugo.

L'évolution sera très lente. Un député chrétien (!) à la fin du 19e siècle prêche encore pour le travail des enfants qui leur évite de traîner dans la rue en l'absence de leurs parents, leur apprend des vertus essentielles comme l'effort ou le courage et leur donne un métier... C'est l'instruction obligatoire qui mettra réellement fin à cette situation révoltante, non sans résistance parfois (voir le très beau livre d'Emilie Carles, la soupe aux herbes sauvages, Livre de Poche)

En 1913, le travail des enfants est encore bien présent. Aussi, selon que l'on est né dans une famille bourgeoise ou modeste, à 9 ans on peut se trouver en col marin, dans la classe de 3e primaire à l'école St Barthélemy de Liège, soit dehors par tous les temps, en bleu de travail, taillant la pierre à Sprimont

 

Quelques repères de la législation belge 
1889 : le travail industriel est interdit aux enfants de moins de 12 ans - la durée de la journée est fixée à 12h pour les garçons de 12 à 16 ans et pour les filles de plus de 12 ans
1911 : les travaux souterrains sont interdits aux garçons et filles de moins de 14 ans
1914: le travail des enfants de moins de 14 ans est interdit - l'instruction obligatoire jusqu'à 14 ans est votée.
Ces lois seront mieux respectées dans le travail en usine et plus surveillées que dans le travail agricole familial. Ainsi, dans les années 70 (1970!) , il est encore fréquent de voir s'absenter de l'école des enfants d'agriculteurs, réquisitionnés pour les champs ou encore d'en observer dormant à poings fermés en classe, ayant déjà fourni, à 8h30 du matin, 2 à 3h de travail ...

D'après le dossier "Centenaire des congrès sociaux à Liège" - et les enfants . I. Hier le travail des enfants, un des rouages du cycle de production.
et des témoignages recueillis par TJ

Pour une étude très fouillée et passionnante à lire, voir "Enfants-machines- histoire du travail des enfants en Belgique aux XIXe et XXes" sous la direction de Florence Loriaux, éditions du CARHOP-EVO,2000 .

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