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 François-Charles de Velbrück, prince-évêque de Liège (1719-1784)

Si son parcours commence tôt, puisqu'il reçoit une prébende de chanoine tréfoncier à 16 ans et entre dans le Chapitre de Saint Lambert à 17 ans, cela n'a rien d'exceptionnel à une époque où une charge ecclésiastique est d'abord source de revenus. Le fait que, prince-évêque, Velbrück eut deux fils d'une femme mariée, Marie-Christine-Josèphe Bouget, épouse du baron Nicolas-Mathieu de Graillet, bourgmestre de Liège, n'est pas non plus extraordinaire. Un contemporain de Velbrück, le chevalier de Heeswyck, affirmait ainsi " l'attachement aux femmes fut toujours la passion dominante du clergé de Liège (...) mais Dieu pardonnera à ses ministres d'avoir aimé son plus bel ouvrage. Qui pèche par amour est digne de pardon". C'est aux débuts de la cinquantaine qu'il devient prince-évêque, après avoir assumé différentes charges dans l'Eglise et la Diplomatie. Il restera à la tête de la Principauté jusqu'à sa mort, à 65 ans.

Il retiendra notre attention pour deux raisons qui sont d'ailleurs liées : la première est son profil de "despote éclairé", la deuxième, son souci d'apporter une solution au problème de la pauvreté dans ses Etats.

le prince évêque de Liège F-C de Velbruck"Despote éclairé" : tout pour le peuple, rien par le peuple, ce qu'on pourrait traduire un peu cyniquement par ceci: "je sais ce qui est bon pour vous". Ce n'est donc pas réellement l'axe de la responsabilisation citoyenne mais cette conception du pouvoir constitue toutefois un progrès par rapport à la monarchie absolue. Il ne s'agit plus en effet prioritairement de la puissance de l'Etat ou de la gloire du souverain mais du bonheur des sujets, défini à la lumière des enseignements de la Raison.
Velbrück prend donc place, en cette fin du 18e siècle, aux côtés ou dans la lignée de Frédéric de Prusse, Catherine de Russie, Joseph II d'Autriche. Comme eux, il ne manqua pas d'idées et prit de nombreuses initiatives. Il créa des institutions, des lieux d'échanges, de productions musicales, artistiques, littéraires. La plus importante est
"la Société d'Emulation" fondée en 1779, où seront étudiées des questions très variées sur le devenir de la Principauté. " Quels sont les embellissements à apporter à la ville de Liège ? Quel est le meilleur moyen d'entretenir la propreté dans les rues de la ville de Liège ? Quels sont les moyens d'extirper la mendicité de la ville et pays de Liège ? ... On peut s'étonner de leur actualité. On peut aussi s'inquiéter de l'ancienneté des problèmes que rencontre notre bonne ville et dès lors, se demander si le 21e siècle trouvera enfin les solutions ...
Il donna son imprimatur à des écrivains-philosophes interdits de publication en France et encouragea la franc-maçonnerie dont il fit partie comme ses fils. La Loge était alors surtout une association à vocation philosophique et humanitaire, dans un esprit d'ouverture et de tolérance. C'est plus tard, lorsque cette tolérance fut condamnée par les pouvoir religieux, que la franc-maçonnerie devint anticléricale. Mais Velbrück se heurta aussi à la redoutable force d'inertie d'un milieu peu ouvert aux avancées d'une pensée moderne, susceptible de bousculer des hiérarchies ou de diminuer des privilèges.

On vient de le dire, l'Emulation se pencha sur la question de la mendicité. En effet, Velbrück, l'humaniste, était soucieux de la pauvreté qui règnait de manière très visible dans ses Etats. Il s'attaqua à deux aspects de cette misère, l'accueil des exclus et l'éducation.
Sur le modèle de celui créé par Louis XIV, il voulut mettre en place à Liège un Hôpital général pour lequel il entama de très nombreuses actions destinées à récolter des fonds. Une réalisation fut menée à bien, c'est l'Hôpital général Saint-Léonard où furent rassemblés tous ceux que l'immoralité ou le malheur laissait à la rue: vieillards, enfants abandonnés, vagabonds, filles mères, mendiants, orphelins auxquels on apprenait un métier. Il se lança dans une épreuve de force avec les représentants de la noblesse pour obtenir que le revenu de l'impôt soit affecté uniquement aux besoin publics et tout spécialement au soulagement de la misère.
Dans le domaine de l'éducation, il profita de la suppression de l'ordre des Jésuites par le pape pour reprendre en main l'organisation de l'enseignement en essayant d'en élargir les bénéficiaires et d'y privilégier les aspects scientifiques et pragmatiques. Son objectif est de former le plus grand nombre d'enfants, de leur donner les bases de l'écriture, de la lecture, du calcul mais aussi un esprit critique. Ce sera son
"Plan d'Education pour la Jeunesse du pays de Liège" et la création des Ecoles de charité gratuites pour les enfants pauvres

Dans sa mise en application des idées philosophiques, Velbrück rencontra donc beaucoup de résistances, non seulement idéologiques mais aussi matérielles, ses initiatives demandant toujours d'importantes sources de financement. Mais le peuple avait bien compris toute l'attention qu'il lui portait.
Son portrait fut le seul qui ne fut pas détruit lors de l'invasion des révolutionnaires; son corps ne fut pas non plus jeté à la fosse commune, comme ceux de ses prédécesseurs. Le texte de l'épitaphe qui figure sur son monument funéraire - dans la cathédrale Saint-Paul -témoigne encore de l'attachement des Liégeois à leur prince des Lumières:

" Le peuple fut instruit par ses soins, ses bienfaits,
Il accueillit les arts, avança leurs progrès,
A l'Emulation ouvrit un sanctuaire,
En fut le protecteur et le dieu tutélaire.
Bon, affable et humain, Velbrück fut à la fois
Un Auguste, un Mécène au milieu des Liégeois."

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