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On a tout dit sur Louis XIV, le "Roi Soleil": ses fêtes (Molière et Lully), son château, (Versailles), ses femmes et ses maîtresses (la Montespan, Mme de Maintenon), ses guerres (contre à peu près toute l'Europe), ses ministres (Mazarin, Fouquet, Colbert) sa monarchie de droit divin ( "l'Etat c'est moi"....).
Au-delà des fastes,
le "siècle de Louis XIV" est aussi, dans le domaine
qui nous intéresse, celui du développement d'un
système économique, le mercantilisme, à qui
son ministre Colbert donna son nom pour la forme française,
le colbertisme.
Colbert se fixe comme objectif principal d'accroître la
quantité de métaux précieux dans le pays,
de limiter donc les importations en développant les productions
nationales, y compris les produits de luxe. Se met ainsi en place un monde
où la bourgeoisie marchande et financière, active
et dynamique, conquiert une force économique réelle,
où les échanges se font de plus en plus en monnaie
et donc où les non-productifs, ceux qui ne possèdent
pas de monnaie, ceux qui ne participent pas à ce développement,
n'ont pas de place.
Laissons-donc la parole à Ivan Dechamps ( le travail social écartelé, EVO, Namur, 1994) sur l'aspect de son oeuvre qui nous concerne, la création de l'hôpital général et ce que cela nous dit du contexte économique et social de l'époque.
"Lorsque
l'Eglise aura rejoint les normes éthiques protestantes
du travail, lorsque la conception médiévale de la
pauvreté aura été largement battue, l'acte
du pouvoir central en matière de gestion sera la création
par Louis XIV de l'hôpital général(1656)
A ce moment le monde catholique adopte définitivement un
mode de pensée, une éthique issue directement de
la Réforme et organise par la création de l'Hôpital
général l'enfermement généralisé
de tout ce qui est considéré comme anormal (...)
Mais si à l'origine les hôpitaux généraux trouvent leur vrai sens comme agents producteurs d'ordre moral les pauvres qui y sont internés vont vite apprendre que l'éthique ainsi inculquée sert aussi directement des intérêts économiques(...)
L'internement développe un double rôle de résorption du chômage et de réservoir de main d'oeuvre disciplinée ou en cours de moralisation par le travail. (...)L'internement acquiert alors un nouveau sens. Sa fonction de répression est doublée d'une fonction d'utilité" publique. Le "danger social" devient "force de travail"...