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La Tuberculose,
conditions d’apparition et de développement
hier en Europe et au XXème siècle en Afrique

Page Web réalisée à partir du travail de Laetitia Etien

La consomption, un fléau ressurgi du passé
La tuberculose frappe l'homme depuis des temps très anciens.
Des traces de la maladie ont été retrouvées sur des momies égyptiennes, d’une part et d’autre part, différentes descriptions existent dans des textes anciens de l’Orient Asiatique et de l’Inde antique qui, eux, voyaient dans ces infections des stigmates d’impureté.
La tuberculose faisait partie des nombreux « châtiments divins » dont le Tout-puissant disposait pour punir son peuple.
Lors de la révolution industrielle du 19ème siècle, la surpopulation dans les villes et la malnutrition ont favorisé la propagation de la maladie. On estime qu'un quart de la population adulte d'Europe aurait péri à cette époque. La tuberculose était alors appelée "consomption" : les malades dépérissaient lentement comme s'ils étaient "consumés" par la maladie.

C'est en 1882 que sont découverts l'origine et le mode de propagation de la maladie : une bactérie qui se transmet par voie aérienne. Cette découverte aboutit à l'isolement des malades.

Au début du 20ème siècle, bien avant la mise au point d'un vaccin ou d'un traitement efficace, la tuberculose commence à décliner dans les pays industrialisés grâce à l'amélioration des conditions de vie : les logements sont plus sains, l'accès à l'eau plus répandu, l'hygiène améliorée et l'alimentation plus riche.
C’est à partir de cette époque que, dans la plupart des pays industrialisés, on se met à construire des sanatoriums pour essayer d’endiguer l’épidémie jusqu’à ce qu’on finisse par trouver un vaccin ou un remède capable de l’éradiquer. Ces sanatoriums étaient construits dans l’idée d’accueillir des pensionnaires susceptibles d’être guéris, ce qui veut dire, en d’autres termes, que le stade avancé de la maladie n’était pas traité. En effet, les responsables de ces sanatoriums avaient pour mission d’offrir un lieu sain et calme à leurs pensionnaires; des distractions étaient souvent organisées afin de rendre le séjour des patients le plus réconfortant, dans une atmosphère bienfaisante. : beaucoup sont envoyés dans des sanatoriums pour de très longs séjours. Air frais, alitement strict et alimentation saine sont la base du traitement.(voir une autre page sur ce sujet).
L'introduction, vers 1950, d'une thérapie efficace à base d'antibiotiques permet de réduire l'ampleur de la maladie et le nombre de décès. Le traitement s'allie à des techniques de dépistage systématique avec l'instauration dans toutes les populations en âge scolaire d'un suivi annuel des enfants; il s'agit de la fameuse "cuti" ou cuti-réaction qui permet de voir si l'enfant a été en contact avec un tuberculeux et si oui, de l'orienter vers un service de radiographie pour étudier le développement éventuel de la maladie. C'est aussi la généralisation dans certains pays du vaccin BCG. C'est ainsi qu'on pouvait jusqu'il y a une vingtaine d'années s'enorgueillir d'avoir quasi complètement contrôlé la maladie dans nos pays riches. mais les temps ont changé ....

Comment la tuberculose se transmet-elle ?

La tuberculose se propage dans l'air lorsqu'une personne atteinte de tuberculose infectieuse tousse ou éternue. Une autre personne peut alors inhaler la bactérie, qui se dépose dans ses poumons. On ne peut contracter l'infection tuberculeuse en donnant une poignée de main, en s'assoyant sur un siège de toilette ou en partageant la vaisselle utilisée par un tuberculeux.
La tuberculose n'est pas aussi contagieuse que d'autres maladies comme la grippe ou la varicelle. Pour qu'une personne devienne infectée, elle doit habituellement passer de nombreuses heures par jour avec une personne souffrant de tuberculose infectieuse. Mais les personnes qui vivent dans des logements surpeuplés où la circulation d'air est déficiente courent plus de risques de contracter une infection tuberculeuse.

Au début du 20es en Belgique, des campagnes pour l'hygiène sont développées par tous les canaux d'information possibles.
L'éducation en ce domaine sera essentielle. C'est ainsi que les couvertures des cahiers d'écolier déviennent de véritables manuels sanitaires.
Celle reproduite ci-contre montre un défilé de participants à un "congrès de l'hygiène des habitations" qui invite les maîtresses de maison et leurs domestiques à appliquer quelques principes de "chasse à la poussière, à l'air confiné et aux microbes". Les slogans proposés sont les suivants: le cube d'air respirable dans une chambre est de 40 mètres cubes par personne - ne jamais épousseter mais toujours essuyer ou laver - les tentures et les tapis fixes sont dangereux - les appartements ont besoin d'air et de soleil - les poêles et les calorifères sont malsains. Sur des petites vignettes entourant l'image principale, qui change au gré des cahiers, sont illustrées les actions recommandées : douche ou bain fréquent, stérilisation à l'eau bouillante des récipients alimentaires, vaccination du bétail, exercices physiques, suivi des nourrissons, désinfection des chambres de malades. Toutes les couches de la société sont visées, tous les âges aussi. C'est par des campagnes de ce genre et par le progrès social gagné dans les luttes ouvrières que la tuberculose avait quasi disparu jusqu'à la fin de notre 20e siècle.

Le retour en force de la tuberculose

Dans la seconde moitié du 20ème siècle, la tuberculose devient si rare dans les pays industrialisés que l'opinion publique et les gouvernements cessent de la considérer comme une menace. Le financement des programmes de lutte est alors considérablement réduit.
Dans les années 80, la maladie resurgit dans les pays riches. Aux Etats-Unis, le nombre de personnes atteintes augmente de 20% entre 1985 et 1992. Plus inquiétant, une nouvelle forme de la maladie, particulièrement dangereuse, fait son apparition : elle est insensible aux médicaments généralement disponibles et peu chers. C'est la tuberculose multirésistante.

Cette résurgence est due à plusieurs facteurs : l'épidémie de sida, en premier lieu, mais aussi la négligence des gouvernements, qui aboutit à l'affaiblissement des infrastructures de santé publiques, et l'immigration accrue en provenance de pays gravement affectés. Ce retour en force de la tuberculose provoque une prise de conscience des ministères de la Santé qui décident de consacrer davantage de ressources au contrôle de la maladie.

Dans les pays riches, celle-ci touche en priorité les personnes en situation d'exclusion et de grande précarité : sans-abri, habitants des bidonvilles, communautés étrangères, etc.
D'une certaine manière, la tuberculose est un baromètre social : elle se répand lorsque les conditions de vie se détériorent et ralentit sa progression lorsque celles-ci s'améliorent. La tuberculose est un facteur aggravant de la pauvreté : les personnes infectées ne peuvent plus travailler ni prendre en charge leur famille. Certains malades, craignant d'être montrés du doigt ou de perdre leur emploi, ont en outre du mal à admettre leur maladie et tardent à se faire soigner.

Les échanges entre l’Afrique et l’Europe remontent loin dans l’histoire et même la préhistoire. La colonisation naissante n’a pas vraiment ouvert de portes nouvelles. Toutefois, nous savons que de nombreuses maladies sévirent après l’arrivée massive des colonisateurs. La grande contagion que l’Afrique doit à l’Europe est la tuberculose. Les hommes ont toujours voyagé, et nous savons que toutes fréquentations de deux individus entraînent des échanges biologiques, sexuels ou bactériens, avantageux ou nocifs, et des échanges culturels généralement bénéfiques.

Incidence de la pauvreté sur la maladie

Dans les pays en voie de développement, où les conditions de vie sont précaires, la tuberculose n'a jamais été vraiment maîtrisée. A l'échelle mondiale, 95% des malades vivent dans les pays pauvres. La tuberculose y est en constante aggravation et menace de poursuivre sa progression en Afrique et Asie du sud-est, notamment. Dans certaines zones comprises dans ces régions, guerres et crises économiques ont provoqué l'effondrement des systèmes de santé, rendant difficiles, voire impossibles les actions préventives et curatives. La tuberculose s'est en outre développée dans le sillon de l'épidémie mondiale de sida.
Parmi les personnes infectées par la bactérie tuberculeuse, les patients séropositifs par le VIH courent en effet dix fois plus de risques de développer une tuberculose active que les patients séronégatifs. La tuberculose est l'une des premières causes de décès chez les malades du Sida.
A Homa Bay, sur les rives du Lac Victoria (Kenya), les trois quarts des tuberculeux soignés par MSF sont infectés par le VIH. Dans de nombreux pays, les deux maladies sont stigmatisées.

En 1993, la résurgence de la tuberculose à l'échelle internationale a amené l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) à la déclarer "urgence mondiale".

La région africaine contribue pour environ 25 % au fardeau mondial de la tuberculose. Selon les estimations, plus de 200 millions de personnes dans la région sont des porteurs sains du germe de la tuberculose. Face à l'épidémie menaçante du VIH, l'épidémie actuelle de tuberculose a le potentiel de s'accroître considérablement si des mesures urgentes ne sont pas prises pour y remédier. Actuellement, I'OMS estime que plus d'un million six cent mille nouveaux cas de maladie et plus de six cent mille décès surviennent chaque année dans la région. Cette situation est aggravée par le fait que 30 à 50 % de tous les nouveaux cas de tuberculose sont co-infectés par le VIH.
La tuberculose est l'une des nombreuses maladies qui affectent les pauvres. Cela est tout à fait évident en Afrique où une proportion significative de la population de la plupart des pays vit en dessous du seuil de pauvreté. Ainsi, vigoureusement renforcée par l'épidémie à VIH, la tuberculose a prélevé et continue de prélever un très lourd tribut sur les plus pauvres dans la société.

Bibliographie

Sites Internet consultés
www.hc-sc.gc.ca « Health Canada/Santé Canada »
www.paris-msf.org
www.oms.ci « Site officiel de l’OMS en Côte d’Ivoire »

Documentation
« Sanatorium populaire de Borgoumont-La Gleize (Spa) » Province de Liège
« Les épidémies dans l’histoire de l’homme – De la peste au SIDA» J. Ruffié et J.C. Sournia, Nouvelle Bibliothèque Scientifique – Flammarion (1984, 1993)
« Tuberculose : un des défis de la compagne MSF » MSF n°79 - Journal trimestriel décembre 2000
Bulletin Fondation Damien- campagne 2003 (pour la photo)

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