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Main mise sur la jeunesse:
"Hitlerjugend "et jeunes Talibans

Page réalisée notamment à partir du travail de Julien Heusquin

Introduction

Les "jeunesses hitlériennes" représentent un exemple parfait de la prise en charge par un Etat de l'éducation du jeune, en vue de le rendre totalement soumis et modelé à une idéologie. Existe-t-il encore aujourd'hui un tel "lavage de cerveau" éducatif pour posséder des instruments de prosélytisme et de conquête ? Nous proposerons en comparaison le cas des jeunes Talibans.

La jeunesse hitlérienne a été créée par Hitler et mise en place par Kurt Grüber et Julius Streicher en 1936, car sous le IIIe Reich l’éducation sociale tenait une place prépondérante.
Très vite cette jeunesse va prendre une place colossale au sein de l’idéologie nazie à tel point qu’à un certain moment elle comptera plus de six millions de membres (masculins et féminins).
En 1936 Baldur von Schirach est nommé chef des jeunesses hitlériennes du Reich auprès de l’état-major de la direction suprême des sections d’assauts (S.A.).
C’est en 1936 également, le 1er décembre, qu’une loi fait des jeunesses hitlériennes, jusque là communauté volontaire, une communauté obligatoire pour tous les jeunes allemands de quatorze ans.

1)Quel(s) étai(ent) le(s) objectif(s) assigné(s) par Hitler aux Jeunesses hitlériennes ?

On sait aujourd'hui qu’Hitler prônait des idées radicalistes et extrémistes, qui visaient à long terme l’extermination de groupes ethniques, voire de races toutes entières, jugées inférieures et qu'il avait mus en place différents moyens d'y parvenir.
En effet, à la fin de la guerre, le monde a découvert les horreurs perpétrées contre ces peuples, lors de la libération des camps de concentrations et notamment celui d’Auschwitz le 27 janvier 1945 .

Hitler visait non seulement l’extermination de « ses » indésirables mais aussi la renaissance d’une race qu’il aurait aimé pouvoir développer, la race arienne.
La renaissance de la race arienne est une des causes de la création des jeunesses hitlériennes; cette vision est plus qu’utopiste car à long terme elle aurait dû faire face à des problèmes de consanguinité assez importants.
Par ailleurs, les jeunesses hitlériennes demandaient énormément de structures (encadrement) et de discipline, pour faire respecter, par exemple, les seules interdictions de tabac et d'alcool. En revanche pour des raisons démographiques et expansionnistes, d'autres conduites moins surveillées étaient licites, voire encouragées; ainsi il apparaît qu’au sein de la jeunesse et de l’union des jeunes filles allemandes ( bond der deutschen mädel), équivalant de la jeunesse hitlérienne pour les filles, il régnait une grande liberté sexuelle.

D’un point de vue plus militaire, les jeunesses avaient un rôle plus pratique car elles conditionnaient déjà les jeunes allemands à aller à la guerre et leur en donnaient des bases pratiques.
A 18 ans, lorsqu’ils les quittaient, ils commençaient tout d’abord par prêter serment de fidélité envers Hitler, ce qui renforçaient leurs engagements, ensuite ils effectuaient un service de travail obligatoire (créé le 26 juin 1936) de six mois entre la sortie des jeunesses hitlériennes et leur incorporation dans l’armée. Leur service militaire sera obligatoire dès le 24 août 1936.

2) Quelle(s) technique(s) utilisai(ent) les dirigeants pour endoctriner les jeunes ?

L’embrigadement
« Cette jeunesse doit apprendre uniquement à penser allemand et à agir en allemand. Quand ces jeunes garçons et ces jeunes filles entrent dans nos organisations à l’âge de dix ans ils reçoivent et sentent un air frais, souvent pour la première fois; quatre ans après ils passent de la « jungvolk » à la « Hitlerjugend » et là nous les tenons encore pour quatre ans. Ils ne retomberont pas dans la main des anciens représentants des différents groupes et classes, car nous les prendrons immédiatement dans le parti, dans le front du travail, dans la S.A. ou dans la S.S., dans la N.S.K.K.etc… Et, si après avoir passé là encore deux ans ou deux ans et demi, ils ne sont pas encore devenus de vrais nationaux–socialistes, alors nous les soumettrons au service du travail obligatoire, afin qu’ils soient en six ou sept mois remodelés à l’enseigne d’un unique symbole, la bêche allemande. Et si, après six ou sept mois, subsiste çà et là, un peu de conscience de groupe, l’armée aura pour mission de la traiter durant deux autres années. Ainsi quand, après deux, trois ou quatre ans ils en sortiront, ils rentreront immédiatement dans la S.A. ou la S.S., car nous n’avons en aucun cas de récidive, ainsi ils ne seront jamais plus libres pour toute la vie. » Hitler. Discours de Reichenberg, 2 décembre 1938.
Sans commentaire !

Le culte du chef
« Pour rendre à notre peuple sa grandeur, il faut exalter la personnalité du chef et donner à celui-ci tous les droits. (…) Le mouvement pose le principe que sur les grandes comme les petites questions, le chef détient une autorité incontestée. (… )Partout le chef est institué par le chef immédiatement supérieur… Celui qui veut être chef porte avec l’autorité suprême et sans limite, le lourd fardeau d’une responsabilité totale. Seul un héros peut assumer cette fonction. » Hitler Mein Kampf, 1925

3) La jeunesse hitlérienne a-t-elle été créée pour former une élite sociale ou de la main d’œuvre ?

Organigramme

8 à 10 ans « Jungvolk » ( jeune peuple) Facultatif
10 à 14 ans « Pimpfen » (les gars) Facultatif
10 à 14 ans Section spéciale pour les filles
De la Bund der Deutschen Mädel
Facultatif
14 à 18 ans « Hitlerjugend » (Jeunesses Hitlériennes) Obligatoire dès le 1er décembre 1936
14 à 21 ans Bund der Deutschen Mädel Obligatoire dès le 1er décembre 1936
17 à 20 ans « Foi de beauté » ( section spéciale de la Bund der Deutschen Mädel) Obligatoire dès le 1er décembre 1936

Les jeunesses hitlériennes avant 1936 étaient des mouvements populaires qui suivaient une idéologie qu’Hitler soutenait vivement.
Après le 1er décembre 1936, elles deviennent obligatoires et fournissent en grands nombres des jeunes formés dans l’idéologie nazie. Le caractère obligatoire de ces jeunesses donne à Hitler une main d’œuvre extraordinaire pour des tâches qu’il qualifiait de services obligatoires de travail, sortes de travaux d’intérêts généraux où les jeunes s’adonnaient à des tâches publiques diversifiées. D’autre part les hommes, après le 24 août 1936, sont obligés de faire leur service militaire pour une durée de deux ans, ce qui donne à l’armée allemande un renouvellement non négligeable de ses troupes.

En 1939 on comptait 50.000 membres dans la section marine, 100.000 dans la section aviation, plus de 100.000 dans la section motorisée, 45.000 dans la section information, 20.000 dans la section équitation et 40.000 personnes dans la direction de la jeunesse hitlérienne dont 400 médecins.

Pour les plus doués, Hitler confirme ses positions élitistes, en les envoyant dans des « Ecoles Adolf Hitler » créées le 15 janvier 1937. Ces écoles sont mixtes et des études normales se poursuivent pendant huit ans (de 12 à 20 ans). L’aboutissement de ces études mène à l’ «Abitur» ( baccalauréat allemand ). Cependant ils suivaient aussi une formation politique et sociale intense. La sélection est très dure à l’entrée et se répète tout au long des études. Les jeunes gens qui sortaient des écoles Adolf Hitler étaient destiné aux carrières administratives et de direction de l’Etat ou du parti.
Les candidats les plus forts passent ensuite dans les « Ordensburgen », « châteaux », ou « citadelles », de l’ordre (Nazi).
Ces sortes d’universités militaires monastiques sont les véritables écoles des chefs du national-socialisme.
Ce sont à la fois des casernes, des universités et des monastères.
Ces écoles avaient une discipline très stricte et les études étaient d’un haut niveau car elles formaient de futurs dirigeants. A la sortie de l’ Ordensburg, les jeunes hitlériens pouvaient prétendre pratiquement à toutes les fonctions dans le parti et l’Etat Nazi.

4) Un exemple d'embrigadement aujourd'hui: les jeunes sous le régime des Talibans

NDLR: ce travail a été fait avant la guerre menée par les USA contre le régime taliban, les propos ne décrivent donc plus exactement la situation actuelle.

« Talibans » est le pluriel de « Talib » qui signifie étudiant, ce qui est plutôt paradoxal car, dès décembre 1998, l’Unicef signalait que le système d’éducation afghan n’existait plus.
Selon eux, 9 filles sur 10 et 2 garçons sur 3 n’étaient inscrits dans aucun système d’éducation officiel. Ces chiffres sont alarmants mais compréhensibles car la majorité des leaders talibans proviennent de provinces démunies, où il n’y avait aucune école. (C’est le cas du Mollah Omar).

Qui sont les talibans en fait ? Ces étudiants-soldats sont parfois fort jeunes. Privés ou éloignés de leurs familles pour diverses raisons, ils ont été éduqués dans des écoles coraniques pakistanaises - les madrasa - selon un islamisme fondamentaliste extrême. Ils ont vécu toute leur adolescence et/ou le début de l'âge adulte, dans le milieu pachtoune refermé sur lui-même, uniquement entre hommes, loin de toute civilisation moderne, de toute ville; bref, comme des sortes de moines fanatiques, puritains, misogynes.
Une formation qui les prépare aussi à la guerre pour répandre la "bonne parole" " certains de nos étudiants, à l'issue de la scolarité, offrent leurs services pour le Jihad, la guerre sainte " reconnaissait un leader d'un mouvement radical, Mohammed Jamil
Quand ils vont s'emparer de Kaboul, les Talibans découvrent brutalement un monde qui leur est entièrement nouveau, face auquel ils vont réagir en parfaits "conditionnés" en appliquant à la lettre la charia, la loi islamique, sans état d'âme, sans recul, sans aucun esprit critique. Au début, cette rigueur, cette discipline, séduit. Le peuple aspire à l'ordre et à la sécurité, après tant d'années de guerre et d'anarchie
L’école n’étant pas de mise, les « étudiants » en religion décapitent, fouettent et imposent leur vision de la Charia.

L’éducation scolaire, telle que nous la concevons dans nos démocraties, vise à apporter à chaque élève le pouvoir de réflexion, de discernement et un regard critique sur ce qui l'entoure.
A Kaboul, au contraire, l'ancien lycée français est devenu une énorme école coranique et dans le secondaire, la moitié du temps est consacré aux études religieuses et à l'apprentissage de l'arabe pour lire les textes sacrés. Même le cours de maths commence par un commentaire d'une phrase du Coran. Toute la formation est donc doctrinaire, oroientée vers l'assimilation parfaite, automatique, d'une idéologie dominante qui ne tolère aucune contestation; les jeunes afghans sont moulés par une religion fermée et régie par des hommes qui imposent leurs propres visions.
« Leur » Charia étant excessivement autoritaire, les enfants n’ont d’autres choix que d’obéir et donc s'il le faut, de prendre les armes pour défendre leur « cause » .
« Ils martyrisent les femmes et saccagent le patrimoine de l’Afghanistan. Dans un pays ruiné par vingt ans de guerre, ils ont imposé la dictature la plus obscurantiste de la planète »

Conclusion

Quand une seule doctrine est enseignée, il est très facile pour des dirigeants d’imposer leur vision des choses aux jeunes !
L’enfant est un être crédule, dont il peut forger, de manière très négative, le jugement, les valeurs et le discernement. Au fur et à mesure que l’enfant devient adulte, il a alors acquis des idéaux qu’il lui est impossible de remettre en question.
Cela Hitler l’avait bien compris et il en a profité pour se construire une armée de robots obéissants, exécutant la moindre de ses envies. C’est seulement avec le recul et l'éclairage brutal de l'Histoire, que certains, devenus adultes, se sont rendu compte que l’idéologie nazie n’était pas forcément la meilleure.

Chaque homme et chaque femme devraient pouvoir être libre de choisir et poursuivre les idées qu’ils affectionnent. Malheureusement la liberté a un prix et certains occidentaux l’ont oublié (présidentielle française 2002).
Plusieurs millions d’hommes, de femmes et d’enfants sont morts pour que nous puissions décider nous-même du chemin à suivre.
La démocratie est une denrée que nous consommons tous les jours sans forcément nous rappeler qu’il n’y a pas si longtemps, nous avons vécu - quelques années seulement il est vrai - entravés par les chaînes de la dictature.

Bibliographie

Livres
Hitler : Discours de Reichenberg, 2 décembre 1938
Hitler: Mein Kampf, 1925

Articles
Marc Epstein, Afghanistan, voyage au coeur de la barbarie, dans le Vif l'Express, n°26, 29 juin-5 juillet 2001, pp. 38 à 53 et pour la photo de Stephan Glandieu de la prière à l'école coranique (page 43)
Marc Epstein, Pakistan, le pays de tous les dangers, dans le Vif l'Express, n° 18, 30 mars-5 avril 2001, pp. 44-56
Henri Burgelin, Les succès de la propagande nazie, dans l'Histoire, n° 104, octobre 1987, p. 8 et pour l'illustration de la page 11 sur les camps du JungVolk, réunissant les 10-14 ans.

Internet
http://membres.lycos.fr/yrub/hitlerjugend.htm
http://membres.lycos.fr/yrub/3reichversguerre.htm
http://www.ac-toulouse.fr/histgeo/program/bacblanc/bbpro/bbpro2.htm
http://www.nouvelobs.com/archives/nouvelobs_1901/dossier1.htm
http://www.courrierinternational.com
http://www.chez.com/bertrands/teacher.html

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