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Le travail des enfants dans les mines

Transposition pour le Web du travail de Geneviève Detrez

Quittant les champs pour la mine, des milliers d'hommes, emmenant les enfants avec eux, vont affronter le travail souterrain, ses dangers, sa violence quotidienne et ses coups de grisou qui résonnent dans le pays entier!

1. L’AGE MOYEN DES ENFANTS

En général, dans les houillères les enfants descendent dès l’âge de 9 ans, c’est en effet normalement la dernière limite pour accepter des enfants aux divers travaux.
Mais cependant les preuves dans les relevés faits par l’administration des mines, montrent que des enfants ont commencé leur état d’ouvrier houilleur à l’âge de 6 ans et au dessous !
Par la suite, l’arrêté royal de 1884 va alors porter à 12 ans l’âge d’admission dans les mines pour les garçons, et à 14 ans pour les filles.
Grâce à cela et à l’obligation scolaire de 1914 fixée jusque l’âge de 14 ans, le nombre d’enfants dans les mines va fortement diminuer. Les jeunes adolescents vont toutefois continuer à y descendre (lire sur ce sujet, les témoignages ou récits publiés dans "les conteurs de Wallonie -tome 2 dont plusieurs auteurs (A.Delattre, Louis Gérin, Pierre Hubermont, ConTant Malva et J.L.Vandermaesen), ont travaillé au fond dès la fin de leur école primaire.

2. LES RAISONS QUI POUSSENT LES ENFANTS A TRAVAILLER DANS LES MINES

En général, on peut remarquer que les enfants suivent souvent leurs ainés. En effet, ils voient partir leur père, leur frère, leur oncle,... travailler dans les mines, et il leur semble naturel de faire de même.

Mais une des causes principales est que, les enfants comme leurs parents, doivent travailler pour gagner un peu d'argent, car les salaires que reçoivent les ouvriers sont beaucoup trop bas pour qu'une famille puisse vivre sans cet apport. C'est évidemment encore plus vrai lorqu'un accident prive prématurément la famille des revenus du père
De plus les enfants dans les mines sont bons à tout faire, ce qui est très utile pour tous les travailleurs. En effet étant donné leur petitesse, ils se glissent facilement dans les tailles étroites pour ramener le charbon abattu vers les trémies et ils se hissent également dans tous les autres endroits, où les adultes sont incapable d’aller.
Les enfants sont aussi très utiles pour approvisionner les abatteurs et les boiseurs, en bois, en outillages, en lampes de rechange, et en matériaux divers, sans oublier leur utilité à pomper l’eau des ouvrages inférieurs ainsi que pour pousser les wagonnets remplis de charbon, au risque de se faire écraser quand, à bout de forces, ils ne peuvent plus retenir la lourde charge.
Une autre raison à ne pas négliger est la « concurrence ». Celle-ci fait éprouver le besoin d’avoir une main d’œuvre peu coûteuse, ce qui pousse donc les employeurs à engager des enfants.

3. LES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ENFANTS DANS LES MINES

Les conditions de travail dans les mines pour les enfants, comme pour les adultes sont très pénibles, et on n'insistera jamais assez sur l’aspect inhumain des tâches à accomplir pour tous. En effet, ils travaillent d’arrache-pied, sont exploités socialement et ont dû souvent entreprendre des luttes douloureuses pour acquérir l’ébauche d’une reconnaissance de leur travail et de leurs conditions.
Pour ce qui est des enfants, leur travail a soi-disant pour effet moins de fatigue réelle que les adultes, leur travail étant là pour leur permettre de tenir dans un état constant d’occupation. Mais c'est faux, les enfants subissent les mêmes risques que les adultes et vivent eux aussi dans des conditions effroyables. Ils doivent se lever très tôt, ils ont à peine le temps de manger un morceau de pain que les voilà déjà partis pour la mine.
Ils travaillent toute la journée dans une chaleur à peine supportable, dans des nuages de poussière noire, avec une très faible lumière, des hurlements d'ouvriers et le bruit des machines, la peur constante d'un éboulement, de percement de poches d'eau, ou encore les coups de grisou.
En ce qui concerne la durée de travail journalier : celle-ci était la même pour les enfants que pour les adultes, à savoir habituellement 12h.
Toutefois, après les multiples pressions ouvrières, le parlement décide le 31 décembre 1909, de limiter la durée de travail à 9h, pour ce qui est du charbonnage.
Et le 1er juin 1919, la durée sera ramenée à 8h30 pour les travaux de fond, et à 8h le 1er décembre.
Mais il n’y a pas de stricte limite de travail, et beaucoup d’ouvriers dépassent la durée prescrite afin d’augmenter leur salaire, car le salaire n'est pas journalier mais à la production. Donc une plus grande production entraîne l’augmentation du salaire du mineur, qui va alors tenter de travailler toujours plus, abattre toujours plus de charbon, négligeant parfois les mesures de sécurité. Et l'enfant, qui approvisionne, nettoie, etc... doit bien suivre.

4. LES CONSEQUENCES

Les conséquences des descentes dans les mines sont multiples, mais le rôle le plus néfaste qu’elles jouent est sur la santé. Et surtout pour les enfants ayant un âge trop tendre.
On a remarqué que les enfants de 8-9 ans ne passaient pas plus de 2-3 ans, sans être atteint de rachitisme, ou sans s’étioler ou sans encore que leur constitution fut complètement déteriorée, la colonne vertébrale définitivement courbée, la capacité thoracique diminuée.
Diverses maladies sont aussi provoquées par le travail dans les mines, à savoir :
- L’ankylotomiase, qui rend le mineur de plus en plus faible malgré le nombre de forces qu’il peut prendre. Cette maladie provient du fait que des vers s’accrochent aux intestins pour sucer le sang des personnes qui en sont atteintes et qui provoquent par la suite des hémorragies anémiantes.
- Le nystagmins, qui touche les muscles de l’œil et qui est dû à l’insuffisance d’éclairage.
- La silicose, qui est due aux poussières de silice qui se fixent dans les tissus pulmonaires, diminuant peu à peu les possibilités respiratoires; la personne qui est alors atteint de cette maladie, vit dans la peur permanente de l’asphyxie

5. AUJOURD’HUI ENCORE…

Aujourd’hui encore il existe beaucoup d’usines dans le monde, dans lesquelles les travailleurs risquent leur vie tous les jours. Des usines qui paient mal et qui utilisent des enfants.
En effet on estime qu’au niveau mondial à cette heure, 250 millions enfants âgés de 5 à 14 ans, exercent une activité économique (voir la page générale à ce sujet.).
Et l’on peut remarquer que se sont souvent les enfants des pays pauvres, les plus touchés, mais également les enfants venant de la couche la plus pauvres de la population des pays développés.
Les raisons aujourd’hui dans ses pays sont simple, tout d’abord suite aux politiques d’ajustement structurel imposées aux pays endettés demandant de l’aide, les dépenses publique pour la scolarité ont diminué. Ce qui entraîne un diminution d’enfants fréquentant l’école, car celle-ci devient trop chère. Une autre raison poussant les enfants à travailler, est qu’ils doivent permettre à leur famille de survivre, ainsi que les aider à rembourser leurs dettes.
Mais l’école et les dettes ne sont pas les seules raisons, on doit aussi ajouter les carences des politiques sociales publiques, certaines traditions,…
Prenons maintenant l'exemple du Pérou; où malgré la gratuité et l'obligation scolaire, un pourcentage élevé d'enfants travaillent pendant la journée au lieu d'aller à l'école, et seulement quelques uns d'entre eux suivent des cours du soir.
En effet, dans les mines d'or informelles, de nombreux travailleurs sont âgés de moins de 15 ans et certains d'entre eux, ont à peine 11 ans, même si légalement dans ce pays l'âge minimum d'embauche est fixé à 16 ans.
En réalité si ces enfants ont été acculés à travailler, c'est à cause d'un système de recrutement appelé "enganche". En vertu de ce système, les enfants bénéficient du transport gratuit jusqu'aux mines et acceptent soi-disant de travailler pendant 90 jours avant de percevoir leur premier salaire.
ILs travaillent dans des conditions pénibles et ne bénéficient pas de soins médicaux appropriés.
De plus ces enfants sont souvent victimes de mauvais traitements physiques et d'abus sexuels, et ils sont en outre parfois privés de salaire.

Pour terminer, on peut remarquer qu'en Belgique, grâce à la loi sur la fréquentation scolaire jusque 14, 16 et enfin 18 ans, le sort des enfants s'est amélioré. Même si aujourd'hui encore, des enfants travaillent clandestinement pour améliorer la situation financière de leur famille.
Cependant, nous devons toujours nous mobiliser pour défendre le sort des enfants travailleurs à travers le monde, puisque le travail des enfants existe toujours, et que cela est loin d'être une problématique facile à résoudre.

6. BIBLIOGRAPHIE

Livres
* Paul Tollet - Italo l'emigre
* Jacqueline Remits - Des mines et des hommes au pays de Liège, Edition du Céfal - 2001
* Patrice Coupry, Ginette hoffmann , Au temps des premières usines, Edition Casterman - 2000
* Philippe Godar, La vie des enfants travailleurs pendant la révolution industrielle, Edition du Sorbier - 2001
* Joël Michel, La mine dévoreuse d'hommes, Edition Gallimard - 1993
* F.Lebrun et V.Zanghellini, Histoire et civilisations, classe de seconde, Belin, 1981, p. 228 pour l'illustration de la grève des mineurs du Pas de Calais, extraite du
Petit Journal, de 1906.
Site
* www.mineurdefond.com
Articles
* Hedwige Peemans-Poullet, Partout dans le monde: la mise au travail des enfants, En marche - 18 avril 1998
* Denis Horman, des milliers d'enfants travaillent dans le monde, Le petit Ligueur - 6 mai 1998.
* Claudine Delaère, 100 millions d'enfants martyrs, Phosphore - octobre 1996.

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