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Confréries et associations charitables

Page réalisée à partir du travail de Gaëtan Philippet

I. Citation
« Si l’on pouvait faire une association de cette dévotion, où ces associés participeraient au bien spirituel les uns des autres, je pense que cela ferait un grand plaisir à ce divin cœur »
Lettre de Marguerite-Marie au père Croiset (1689)

II. Définitions

1. Confrérie
Au sens propre, le mot « confrérie » signifie « rassembler » des êtres par un lien fraternel.
Association de laïcs fondée sur des principes religieux .
Ce sont donc des organisations pieuses et charitables. Elles complètent les organisations professionnelles que sont les métiers. Certains métiers peuvent avoir plusieurs confréries, et celles-ci peuvent regrouper plusieurs métiers.
Quelques confréries étaient destinées aux artisans non membres d'une corporation, aux compagnons, aux valets, aux apprentis. Les compagnons, vu leur mobilité, ont sans doute favorisé le développement de confréries débordant les limites d'une localité ou d'une profession.

Les confréries ont un saint patron, des fêtes, des processions au cours desquelles les membres défilent en portant les insignes de leur association dont souvent de très belles bannières, comme celle photographiée ci-contre dans la collégiale d'Avranches

Bannière de la confrérie
des jardiniers
Avranches - France

2. Corporation
Ensemble de personnes
exerçant le même métier ou la même profession. Sous l’ancien Régime, association qui regroupait les membres d’une profession, maîtres, compagnons et apprentis.
En histoire, le terme désigne les associations de marchands ou d'artisans qui se regroupèrent au moyen âge dans le but de défendre leurs intérêts et de se porter secours mutuel. On distingue les guildes de marchands des corporations de métiers, qu'on appelle aussi corps de métiers.
Le compagnonnage ne doit pas être comparé à la corporation qui réunit, comme dit précédemment, maîtres et ouvriers et qui réglemente l’artisanat avec l’approbation royale

3. Congrégation
Du latin grex, gregis, troupeau . En droit canon, une congrégation religieuse est un groupement de religieux ou de religieuses qui ne sont ni moines ni moniales, qui ont prononcé des voeux simples, temporaires ou perpétuels. Au XIXe siècle, en langage courant, le terme a aussi servi à désigner les ordres.

III. Origines et rôle des confréries

Si l’aristocratie trouvait facilement ou aisément refuge dans le sein des lignages, le compagnonnage militaire ou la protection d’un seigneur, aucune de ces possibilités ne s’offrait aux gens du peuple, à moins qu’on ne veuille être serf….. .
Apparues en Europe aux 11ème et 12èmesiècles, les confréries ont leur modèle dans les associations de l'Eglise d'Orient qui, dès le 4èmes, s'occupaient de faire soigner leurs membres et d'en organiser les funérailles, et dans les fraternités de prière des couvents d'Europe occidentale, mises en place dès le 6èmes ( Libri confraternitatum).
Elles avaient toutes pour but l'organisation de funérailles (beaucoup de confréries prévoient de fournir un drap mortuaire aux plus démunis de leurs membres),la célébration d'offices pour les morts et la pratique de la charité (prise en charge des pauvres, soutien financier d'hôpitaux, entraide matérielle entre les confrères).
Elles assuraient aussi une fonction de sociabilité, notamment à l'occasion de la procession et du repas qui avaient lieu le jour de la fête de leur saint patron. Sur le plan spirituel, elles étaient rattachées à un chapitre, à un couvent (en particulier ceux des ordres mendiants), à une paroisse ou à un hôpital. Organisées de façon très précise, les confréries étaient dirigées par un prieur et régies par des statuts. Il s’agissait en fait de véritables sociétés d’entraide, comparables avec nos mutuelles, nos syndicats, voire même à nos compagnies d’assurances.

Toutefois, c’est dans les villes, et particulièrement parmi les ouvriers de l’artisanat, que l’association charitable naquit. Les confréries devinrent si nombreuses dans les villes qu’elles finirent par englober une bonne partie de la population. Ce développement et cet essor n’étaient que dans une faible mesure le fait des autorités ecclésiastiques; en effet, dans la plupart des cas, l’initiative de la création de confrérie revint à un petit noyau de fidèles, encouragés quand même par une autorité ecclésiastique ou par un groupe de professionnels. Elle répondait plutôt au besoin vital d’entraide qui animait la société médiévale. La solidarité dépassait souvent le domaine matériel. Pour ce qui était des «frais», il fallait payer une cotisation qui, la plupart du temps, était modeste (quelques sous par an).
À l'origine, les confréries, qui regroupaient des personnes de même métier se réunissant en dehors du travail, avaient un caractère surtout religieux. Chacune se réclamait d'un patron choisi parmi les saints qui, disait-on, avaient exercé le métier, comme saint Joseph pour les charpentiers ou saint Crépin pour les cordonniers. Elles assuraient aussi une fonction de secours mutuel en assistant les veuves et
les orphelins, ainsi que les malades et les vieux ouvriers.
Au cours des 12° et 13° siècles, les corporations se multiplièrent et s'organisèrent. Vers 1450, on comptait 101 corporations à Paris et 142 à Venise. Leur rôle était devenu surtout économique.
À la fin du 13e siècle, dans la plupart des villes, il fallait être membre de la corporation pour pouvoir exercer un métier déterminé. Chaque corporation était composée de trois catégories de membres : le maître, les compagnons et les apprentis. La famille d'un apprenti devait payer pour qu'un maître prenne l'enfant chez lui et lui enseigne le métier. Après un certain nombre d'années, l'apprenti devenait compagnon et travaillait pour le maître, qui lui versait alors un salaire. Éventuellement, s'il possédait assez d'argent pour payer les redevances à la corporation et s'il avait toutes les qualifications nécessaires, il pouvait à son tour devenir maître. Son admission était subordonnée à l'exécution d'un ouvrage appelé «chef-d'œuvre», qui témoignait de la compétence qu'il avait acquise.
Les confréries, existant en parallèle de ces corporations, soit reliées à un métier précis, soit recrutant de manière transversale, liens aussi entre l'Eglise et la société, étaient soumises au droit canon. Les autorités ecclésiastiques mirent parfois un terme à des abus, à des tendances sectaires et, au 15e s., à des développements incontrôlés.

IV. Des confréries à Liège
La rue Volière, où est situé l’établissement, commence rue fond Saint-Servais et aboutit rue Pierreuse. Cette ruelle, qui appartenait des lors à la ville sert d’entrée à l’hospice des
Frères Cellites, l’établissement hospitalier connu pendant des siècles et jusqu'à aujourd'hui. La maison qui portait le nom de la maison de la Volière relevaient de l’antique institution charitable appelée les pauvres de la Cité.
Primitivement, les Frères formaient une des associations de pieux laïcs qui se consacraient spécialement à soigner les maladies (comme la peste) et à enterrer les morts, surtout ceux de la classe indigente . Ils furent en butte à l'hostilité d'autres associations religieuses et même de l'Inquisition, quant à leur mode de vie. Si au départ ils ne prêtaient pas de voeux, peu à peu ils évoluèrent vers une organisation de type congréganiste, avec non seulement une vie communautaire, en célibataire, mais aussi à partir du 15es, suivant la règle de Saint Augustin.
Ils s'établirent à Liège, d'abord rue Soeurs de Hasque et y entamèrent leur oeuvre de soins, d'enterrement; lorsqu'ils s'installèrent sur les hauteurs de Liège, en bordure du quartier de Pierreuse, ils accueillirent aussi dans leurs murs les "insensés", ce qui resta jusqu'à nos jours, la vocation de l'hôpital psychiatrique de Volière.

Une autre confrérie, qui elle, resta laïque jusqu'à aujourd'hui, est celle de la Miséricorde chrétienne appelée aussi la Compagnie de la Charité. Son objet principal était les visites aux prisonniers, le soutien à leurs familles, voire l'accompagnement moral des condamnés jusqu'au moment de leur exécution. Fondée en 1602 avec l'appui du prince-Evêque Ferdinand de Bavière, elle se composait de "vingt-quatre marchands, tous gens de bonne fame et réputation"; elle existe toujours et perpétue son action de visiteurs de prison. Elle a fêté ses 400 ans, l'an dernier.

V. Liens avec les institutions d’aujourd’hui

Les associations qui pourraient s’apparenter avec les confréries du moyen âge sont, comme citées précédemment, les associations de type syndical ou bien les assurances ou encore nos mutuelles. Mais on n'y trouve pas l'aspect religieux, important, qui fondait le nom, les fêtes, les rites et l'appui moral voire matériel de l'Eglise accordé aux anciennes confréries. Pour cet aspect, il faudrait alors se tourner vers des associations de type « armée du salut » qui elle relève de la mouvance protestante.

VI. Bibliographie
Livres
- TH.Gobert, Liège à travers les âges, les rues de Liège (tome 11), édition culture et civilisation
- R.Fossier, Histoire sociale de l’occident médiéval, Librairie Armand Collin, Paris 1970
- F.Rapp, L’Eglise et la vie religieuse en occident à la fin du moyen âge, 1971

Articles
- Le soir du 6 mars 1997 (il peut le dire) les origines du compagnonage
-
L’histoire, n°11, Décembre 1988, les confréries au Moyen Age.

Sites
- http://www.univ-lille3.fr/www/UFR/idist/dfmld/documents/sigles_lexique/Petit_lexique.htm#C
- e-moyenage.fr
- Encyclopédie Microsoft Encarta 1999-2000

Illustrations
Photos (collection privée) prises dans l'église saint Saturnin à Avranches
Photo (collection privée) d'un saint patron de la vigne, région du lac d'Aydat (Clermont-Ferrand)
Photo de la porte St Léonard et de l'ancienne prison où exercèrent longtemps les membres de la Confrérie de la Miséricorde de Liège, visiteurs de prisons depuis 1602 (médiathèque des Chiroux, gravure ancienne)

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