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Transposition pour le Web du travail de Anne-Françoise Belot
Introduction
Au 19ème siècle, la misère est très présente. Tous les membres de la famille, en âge de travailler, doivent le faire. Les familles éprouvent énormément de difficultés à faire garder leurs enfants. En effet, pour arriver à joindre les deux bouts, les mères doivent également travailler. A l'heure actuelle, le problème de la garde des enfants n'est toujours pas totalement résolu.
Ce travail abordera l'histoire des premières crèches (en passant par les salles d'asiles), puis de la considération que portaient les familles et les gardiennes envers les enfants, en comparant avec aujourd'hui.
Evolution des méthodes de garde
Au 19ème siècle, de nombreuses oeuvres charitables s'occupent des enfants des familles pauvres.
C'était d'abord "la société de charité maternelle", fondée à Paris sous les auspices de la reine Marie-Antoinette. Elles ont pour but d'aider les femmes ouvrières et enceintes.
Plus tard apparaissent
dans l'ordre, les salles
d'asile, qui accueillent
les enfants de deux à six ans.
En France, c'est dans les salons de la bonne société
parisienne que l'idée de créer des établissements
d'accueil et d'éducation pour les très jeunes enfants
mûrit lentement avant d'aboutir à la création
des premières salles d'asile en 1835.
Le but premier de ces salles d'asile est de libérer la
mère de ses soucis familiaux pour qu'elle puisse aller
travailler.
Ensuite arrivent l'école
primaire, l'école professionnelle et l'Ouvroir.
Malgré toutes ces nouvelles structures, il n'en existe
encore aucune pour l'enfant entre la naissance et deux ans.
A cette époque, quatre solutions s'offrent alors pour la
mère :
- Les nourrices : qui élevaient les enfants en province,
hors du foyer familial.
- La garderie : la mère confiait ses enfants pour la journée
à une voisine (cela coûtait généralement
70 centimes par jour)
- La mère laissait son bébé à la
garde des frères et soeurs plus âgés. Cette
solution n'était pas la meilleure car la responsabilité
était lourde pour des enfants de 7 ou 8 ans, et de plus,
ces enfants étaient en âge de travailler. La famille
perdait donc de l'argent en les monopolisant.
- La dernière solution est la plus dangereuse. La mère
laisse son bébé seul pendant 15h.
Naissance de la crèche
C'est un adjoint au maire
de Paris, M. Marbeau, qui en 1844, après avoir constaté
la difficulté qu'avaient les blanchisseuses de la ville
à faire garder leurs enfants, propose un projet de "crèche".
Le 14 novembre 1844, on ouvrira une crèche à Chaillot.
Il formule ainsi le concept des crèches : "Secourir
à moindres frais, l'enfant, sa mère, sa famille,
par le travail sans humiliation et moraliser en secourant."
Les crèches connaissent
un essor remarquable. Le succès passe très vite
les frontières.
Les crèches sont tenues par des "berceuses",
nos puéricultrices actuelles. Il faut un certificat d'aptitude
et de moralité délivré par le maire de la
commune pour pouvoir exercer.
Mettre son enfant à la crèche coûte à
l'époque 20 centimes et un panier de provisions par jour.
La mère peut emmener son enfant emmailloté proprement,
entre 5h30 et 20h30, à condition de venir l'allaiter dans
la journée. Le nourrisson est lavé deux fois par
jour. Il possède son mouchoir, sa tasse, son éponge,
sa cuillère et sa cuvette. Les bonbons et les gâteaux
sont rigoureusement interdits.
Pour les fondateurs des crèches, la famille est d'abord fondée sur le mariage, conformément à la doctrine catholique. Les mères célibataires, considérées comme marginales moralement, sont exclues.
Le jeune enfant au début du 19ème siècle dans sa famille
Le jeune enfant au début du 19ème siècle, est un être à part. On pourrait presque dire en marge de la société. La société ne le prenait véritablement en compte qu'à partir du moment où il avait démontré son aptitude à survivre. Pour cela il lui fallait une grande résistance physique et beaucoup de chance car le monde des adultes ne l'aidait guère à franchir le cap difficile et crucial des premières années.
A cette époque l'attitude globale vis à vis du jeune enfant peut se caractériser en deux mots : indifférence et fatalisme. Ceci est dû à plusieurs raisons : la mortalité infantile qui dissuade d'investir affectivement dans un être si menacé; l'attitude de l'Eglise, qui en survalorisant le paradis et en dévolorisant notre passage terrestre, glorifie le sort du bébé, baptisé, mort prématurément; la généralisation de la mise en nourrice qui distend rapidement les liens affectifs; la difficulté de la vie quotidienne et à l'organisation de la famille qui ne permettent guère de s'épancher ni de consacrer braucoup de temps aux petits.
Le jeune enfant au début du 19ème siècle et en 2002 dans les crèches
La vie dans les crèches
à cette époque était totalement différente
de l'actuelle.
La psychologie de l'enfant, son développement moral, intellectuel
et psychomoteur est loin d'être au centre des préoccupations.
Les enfants sont dans leur berceau toute la journée ou
à terre dans un grand parc, ils sont assis en file pour
manger. Il n'y a aucun jeu, aucune gaieté dans les crèches.
La raison en est simple, comme dit plus haut, les adultes sont
indifférents aux enfants. Par ailleurs, on ignore encore
complètement tout ce que peut ressentir un enfant en bas
âge; l'absence de langage fait croire à une intelligence
et une sensibilité réduites.
Enfin, la priorité est de travailler, de gagner de l'argent
pour survivre.
Les mentalités ont bien changé depuis lors. A l'heure actuelle, tout est mis en place dans les crèches pour que le bébé se sente bien. Son rythme est respecté, chaque enfant est pris pour une personne avec des besoins qui lui sont propre.
Comparaison d'une situation dans une crèche du 19ème avec une crèche de 2002
Prenons la situation d'un change. L'attitude de la "berceuse" n'est pas du tout la même que celle de la puéricultrice actuelle.
Au 19ème siècle : La berceuse prend l'enfant, le déshabille, le plonge dans la bassine d'eau, le lave, le sort de la bassine, l'essuie, le rhabille et le remet dans son lit. La berceuse travaille par mécanisme, elle a un objet devant elle, pas une personne à part entière. Il n'y a aucune relation entre la berceuse et l'enfant. A cette époque, on pensait d'ailleurs qu'il était inutile de parler à l'enfant puisqu'il ne comprenait rien !
En 2002 : La puéricultrice va chercher l'enfant en le prévenant de ce qu'elle va faire. Elle fait tous les gestes "techniques" du change, mais les accompagnent par la tendresse et la parole. La puéricultrice explique tous ses gestes à l'enfant. Celui-ci se sent sécuriser. Ils sont réellement en relation. La puéricultrice considère l'enfant comme une personne à part entière.
Conclusion
J'ai choisi ce sujet car j'ai fait des études d'aspirante en nursing et donc des stages en crèche. J'ai également eu un cours sur la manière dont on s'occupait des enfants dans les premières crèches. Je n'ai pas trouvé la date précise à laquelle les bébés ont été considérés comme des personnes à part entière. C'est assez difficile à définir car la manière de voir et de faire les choses est en constante évolution. (Les livres de Docteur Leboyer dans les années 70, comme "le bébé est une personne" ont certainement fait évoluer le regard de même que les nombreuses communications de Françoise Dolto, à la TV, à la radio ou dans ses livres ont répandu dans le grand public les nouvelles théories des pédopsychiatres et des psychologues.T.J.)
La grande différence
qui m'a marquée entre les crèches au 19ème
siècle et celle de maintenant, est que les "berceuses"
s'occupaient uniquement des besoins physiques de l'enfant. (boire,
manger, dormir,) alors que maintenant, les puéricultrices
s'occupent autant de ses besoins psychologiques, psycho-moteurs
, relationnels (jouer, regarder, écouter, s'exprimer,...)
que physiques.
Tout est mis en place dans les crèches à l'heure
actuelle pour que les enfants s'épanouissent dans leur
vie sociale.
On ne peut cependant pas juger la manière dont travaillaient les berceuses car les préoccupations, les connaissances et le contexte de vie étaient totalement différents. Il est important de se rendre compte de l'énorme évolution qu'ont connue les crèches et la vie des bébés.
Bibliographie
Livres
CARELS M-L., MANNI G., Du modèle de Loczy à l'élaboration
d'un projet pédagogique en crèche, Liège,
Edition Ulg, 1986.
CARON M-L., KERGOMARD P., LARGER A., LARGER E., MAIRE Y., De la
salle d'asile à l'école maternelle, (Collection
copyright), Besançon, Edition CRDP BESANCON, 1982.
DAJEZ F., Les origines de l'école maternelle, (Collection
PUF), Paris, Edition Presses Universitaires de France, 1994.
GUEGUEN C., T. LEVEAU H., Rendez-vous à la crèche,
(Collection Privat), Toulouse, Edition Privat, 1984.
JARDINE M., L'accueil des tout-petits, Paris, Edition Retz, 1992.
LUC J-N., La petite enfance à l'école, XIXe et XXe
siècles, (Collection Economica), Paris, Edition Institut
national de recherche pédagogique, 1982.
Article
Magazine l'HISTOIRE, Le jour où l'on mit les enfants à
la crèche, périodique n°67, Mai 1984, p. 86
à 89.
Internet
http://www.mairie-montreuil93.fr/decouvrez/histoire/chroniqu/sommai01/03maman.htm (06/03/2002)http://www.assmat.com/panorama/biblio/livreharmattan.htm
(06/03/2002)