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Le cancer, histoire et regards portés sur la maladie

Page web réalisée à partir du travail de Marie Schoonbrodt

Introduction

"Décédé à la suite d'une longue et pénible maladie qu'il a supporté avec courage..."

Le cancer n'est pas une maladie nouvelle, loin de là. Si beaucoup de personnes pensent qu'il est un mal récent dont les causes sont liées à la vie moderne, ils se trompent car déjà au 4ème siècle avant Jésus-Christ, Hippocrate en fait une description précise.
Bien qu'il soit connu et étudié depuis la plus haute Antiquité, le cancer n'a, paradoxalement, pas d'histoire au sens social du terme. Il existe pourtant une histoire scientifique du cancer, histoire de sa connaissance, histoire de son diagnostic, ainsi que de sa thérapeutique, mais la société restera longtemps indifférente face à ce mal qui s'attaque à tant de personnes. Il est vrai que les causes de mortalité étaient si nombreuses et que l'espérance de vie était réduite. Le cancer était donc une maladie parmi tant d'autres, devant laquelle les médecins étaient contraints de constater leur impuissance. Il a fallu attendre les années 1950 pour que le cancer devienne l'obsession de tout le corps social.
L'histoire du cancer est donc, d'une part, la longue et difficile histoire de sa connaissance scientifique et des moyens thérapeutiques mis en œuvre pour le guérir ; d'autre part, la courte histoire de l'idée que s'en fait le corps social.
On peut comparer le cancer à ce que fut la lèpre au 15ème siècle, la folie au 16ème siècle, la tuberculose et la syphilis au 19ème siècle. La terreur que ce mal provoque l'élève au rang de mythe. On n'a jamais pu et on ne peut toujours pas le regarder en face. Le cancer fait peur. Mais pourquoi cette exceptionnelle source d'angoisse ?

Historique

Une manifestation d'une maladie générale
Les cancers sont de très vieilles maladies. Quelques types de cancers sont connus depuis les temps préhistoriques. Une maladie de l'os vraissemblablement cancéreuse a été retrouvée dans des os de dinosaures vieux d'environ 80 millions d'années.
Déjà dans les premiers écrits médicaux (des papyrus égyptiens datant de –3500 avant Jésus-Christ, des écrits mésopotamiens, indiens, et persans.) plusieurs cas de cette maladie sont exposés.
Mais il faut attendre le 4ème siècle avant Jésus-Christ pour qu'Hippocrate donne la première définition de ce mal, sous le nom de "carcinome" ou de "squihrre", que le latin traduira en cancer. Il se définit comme une tumeur dure, non inflammatoire, avec tendance à la récidive et à la généralisation, amenant une issue fatale.
Au 1er siècle après Jésus-Christ, Galien (129 ou 131-201 après Jésus-Christ) attribue l'étiologie du cancer à un déséquilibre de la bile noire, qui constitue avec le sang, la bile jaune, et le phlegme, les quatre humeurs du corps humain. C'est grâce à celui-ci que se construit l'idée qui durera pendant les quinze siècles suivants, que le cancer est une maladie générale dont seules les manifestations sont locales. A cette époque, pour supprimer ce mal, un régime alimentaire adéquat, des médicaments ou des saignées semblent plus appropriés qu'une intervention chirurgicale. Et tout au long du moyen âge, les chirurgiens restent divisés et sceptiques au sujet de l'intervention chirurgicale.
Au 16ème siècle, Ambroise Paré (1509?-1590) explique les métastases comme des manifestations locales de l'humeur noire.

C'est au 17ème siècle que l'on commence à voir la maladie d'une autre façon. Tulp (1599-1674) donne des descriptions anatomiques très précises de certains cancers, et pour Descartes, suite à la récente découverte du système lymphatique, c'est la lymphe en se coagulant, et non plus la bile noire, qui est responsable de la formation des tumeurs.
C'est un siècle plus tard que le chirurgien anglais John Hunter (1728-1793) affirme que ce n'est pas une lymphe coagulée et inerte qui est en cause, mais une lymphe active qui "sue" hors des vaisseaux et qui est sécrétée par les tissus enflammés. Les tumeurs deviennent ainsi partie intégrante du corps.
Au 17ème siècle et ce pendant deux siècles, s'installe l'idée qu'il s'agit d'un mal contagieux, suite aux affirmations de Sennert (1572-1637). Ce qui provoque la peur envers les cancéreux, et l'exclusion ou le refus de les accueillir dans de nombreux hôpitaux. D'où l'initiative du chanoine Godinot, qui fonde en 1740, à Reims, un "hôpital des cancérés" destiné à "recueillir les cancéreux pour soulager leurs misères physiques et morales".
Jusqu'au 18ème siècle prévaut donc l'idée que le cancer est une maladie générale, dont seules les manifestations locales peuvent être, dans certains cas, accessibles à une thérapeutique. Cette thérapeutique (médicale ou chirurgicale) a pour objectif de détruire ou de retirer la tumeur.

Une maladie d'origine localisée
Avec le 18ème siècle, se structure peu à peu, scientifiquement, l'idée que le cancer est une maladie locale, grâce à la convergence des recherches, des pratiques et des savoirs différents. Dans cette optique, on peut distinguer trois grands axes de recherche : 1. Le cancer professionnel ; 2. L'idée de lésion tissulaire ; 3. la métastase.
1. Le cancer professionnel. C'est en 1775 que le chirurgien anglais Perceval Pott (1714-1788) prouve qu'il existe une relation entre le travail des ramoneurs, leur contact avec la suie, et le cancer du scrotum, particulièrement fréquent chez eux. D'autres cancers professionnels, dû au goudron, aux huiles minérales, mettent en lumière, au 19ème siècle, le temps de latence entre la ou les causes du cancer et son apparition, de même que la relation entre un produit et le cancer, ce qui renforce l'idée de maladie locale.
2. La lésion tissulaire. A la fin du 18ème siècle, le savoir médical engage la recherche dans la reconnaissance des différentes formes de cancer. Xavier Bichat (1771-1802) arrive à comprendre que les diverses localisations d'un cancer ne sont qu'une seule et même maladie.
3. La notion de métastase. Enfin, Claude-Anthelme Récamier (1774-1852) introduit la notion de métastase, ce qui entraîne de nombreuses questions au sujet de la formation, des constituants, et de la dissémination de la tumeur d'origine.

L'emploi du microscope constitue un tournant décisif dans la recherche sur le cancer. En effet, il permet, à partir des données de plus en plus précises de l'anatomie pathologique, de construire la théorie cellulaire. Après avoir été maladie de l'organisme, puis du tissu, le cancer devient maladie de la cellule et du noyau cellulaire. C'est ainsi que se développe la notion d'anormalité et de mutation cellulaire. Cette mutation cellulaire serait entraînée par une irritation ou une stimulation locales. Il apparaît également possible que les tumeurs aient leur origine dans une prolifération de cellules embryonnaires qui auraient persisté à l'âge adulte.
Toutes ces recherches, à la fois contradictoires et complémentaires, convergent cependant vers une thérapeutique unique. Puisque le cancer est une maladie locale, seule la chirurgie peut y apporter une réponse efficace. On assiste alors à la succession des innovations chirurgicales. Grâce à la découverte des rayons X en 1895 et de la radioactivité en 1898, tout bascule brusquement. Biologie, médecine et physique se rencontrent pour étudier le vivant d'une autre façon. Les rayons X ont la capacité de provoquer ainsi que de guérir les cancers. En 1903, l'institut du radium est créé, où se réalisent en un même lieu, pour la première fois dans l'histoire d'une maladie, la concentration et la coordination de spécialités médicales et de thérapeutiques différentes (rayons X, chirurgie, chimiothérapie, etc.)
L'image moderne du cancer naît. A partir de 1912 et encore aujourd'hui, on oriente les recherches sur le noyau cellulaire. Le mécanisme de la formation des cancers commence à être perçu : il correspond à la tendance d'une cellule à se transformer et à se diviser de façon anarchique pour devenir maligne ou dangereuse. Quand le système immunitaire n'est plus capable de détruire ces cellules malades, leur nombre continue de croître pour former une tumeur tout d'abord bien délimitée, mais qui va envahir les tissus voisins pour les détruire progressivement. Aujourd'hui, on commence à entrevoir la possibilité de la maîtrise du cancer grâce à un diagnostic plus précoce ou plus certain et donc, à un traitement plus efficace.

Ces deux graphiques (Cancerinfo, décembre 1999, p.8) montrent que le cancer n'est plus une maladie systématiquement mortelle.
"En 1900, 5% de guérison- en 1985 50%- en 2000-2010, on estime que 60% des patients pourront être guéris".
D'autre part, les survies à 5 ans atteignent 90% dans les cas les plus favorable, spécialement lorsqu'o y a détection précoce,
ce qui suppose prévention et donc implication de chacun.

Et son image ?

Le cancer est une très vieille maladie qui peut modifier profondément le cours d'une vie.
La peur qu'il inspire encore aujourd'hui provient probablement de différentes causes.
- Progressant parfois pendant de longues années sans manifestation extérieure, , il apparaît comme une ennemi sournois, capable de toucher n'importe qui, n'importe quand.
_ A l'inverse, il peut aussi être foudroyant, tuant ainsi des personnes "en bonne santé"
- L'espérance de vie augmentant, le nombre de cancers semble aussi se multiplier alors qu'il a peut-être simplement plus de temps pour se manifester. Il est certain que nos ancêtres avaient beaucoup d'autres raisons de mourir, depuis la simple maladie infantile jusqu'à la septicémie découlant d'une banale blessure
- La cause est souvent fort éloignée de la conséquence et il semble donc frapper sans raison apparente - comment s'imaginer qu'en mangeant trop gras, on multiplie les risques de cancer du sein et qu'à l'inverse manger des pommes ou du pain complet protège !
- Le diagnostic fut longtemps très pessimiste et on le voit alors comme un ennemi impitoyable, qui nous condamne à une mort quasi certaine - Son atteinte est souvent à l'origine de profondes souffrances physiques et morales. Jusqu'en 1950, les souffrances causées par le cancer étaient comparées aux ravages lents et spectaculaires de la tuberculose ou de la syphilis. Pour le décrire, les gens parlaient de la maladie maligne, la maladie maudite, cette maladie-là. A l'interlocuteur de comprendre qu'il s'agissait du cancer.

Les connaissances au sujet du cancer n'ont cessé d'évoluer. On connaît mieux les terrains qui le rendent plus prévisibles, les comportements qui parfois facilitent son apparition. Toutefois ce progrès implique aussi une responsabilisation. Il s'agit pour nous tous de modifier nos habitudes; supprimer le tabac, diminuer l'alcool, manger moins gras et moins copieux, faire plus d'exercices physiques, renoncer au bronzage perpétuel, éviter le stress, bref s'imposer une série de restrictions pour assumer un certain rôle dans notre prévention. N'est-il pas plus facile d'accuser la fatalité, un sort malveillant ?
Ainsi, aujourd'hui encore, malgré que les chercheurs commencent à maîtriser cette maladie et que les pronostics de survie sont beaucoup plus positifs, elle continue à effrayer. Son nom même est si terrible que les gens ts'effrocent de ne pas le prononcer et que bien des annonces de décès restent à son sujet très silencieuses.

Bibliographie
- M.-J IMBAULT-HUART, Histoire du cancer, dans l'Histoire, n° 74, janvier 1985.
- P. ADAM et C HERZLICH, Sociologie de la maladie et de la médecine, p.19-20, Paris, 1994
- Michel Lancé, La chirurgie du temps jadis, dans Cancer Info, n° 58, 1999, p. 13 pour information et illustration représentant une exérèse chirurchicale du sein au 18es
- http://archives.star.arabia.com

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