Accueil

Personnages

Monuments

Evènements

Dossiers

Documents

Eux aussi

qui suis-je ?

contactez-moi

Au nom de quoi et comment soignait-on ?
L'exemple de l'hôpital de Bavière à Liège:

Page Web réalisée à partir des travaux de Stéphanie Olivier et de Michaël Barthélemy

Introduction générale

Il est certain que du Moyen-Age à nos jours, les motivations, qui président aux soins des malades et blessés, ont beaucoup évolué.
Il est certain aussi que les énormes progrès, réalisés tant en médecine qu'en pharmacie, ont changé les conceptions sur le traitement des malades, mais c'est surtout l'évolution intellectuelle et psychologique des populations et une amélioration des conditions de vie qui ont ouvert la voie vers plus d'altruisme et plus de sens social.

Chapitre I : Evolution des soins apportés ainsi que des motivations

Au Moyen-Age, c'était exclusivement l'Eglise qui tentait de s'occuper vaille que vaille des malades et des miséreux. Les soeurs accueillaient les malheureux dans des institutions majoritairement financées par les dons des fidèles, leur procuraient asile et nourriture mais en ce qui concerne les soins de maladie, on peut dire que leur efficacité était à peu près nulle. L'attitude des religieuses était dictée par la foi et sauver l'âme importait autant que guérir le corps.

Il est raisonnable de penser que jusqu'au 18ème siècle et même jusqu'au début du 19ème siècle, la principale motivation qui guidait le personnel médical, docteurs et soignantes, était d'adoucir les douleurs des patients et de leur procurer un confort relatif. La guérison n'était jamais assurée pour aucune maladie ou blessure, vu les multiples risques d'infection ou de contamination. En effet, les moyens dont ils disposaient étaient dérisoires. On peut toutefois dire, avec Annie Saunier, que l'attention portée dans les hôpitaux à la guérison de l'âme avait certains avantages : la paix de l'esprit, la certitude d'avoir reçu le pardon de ses péchés et donc de pouvoir accéder au Paradis mettaient le malade dans une bonne condition psychologique. Par ailleurs, pour les miséreux, l'hôpital fournissait une nourriture régulière et généralement saine. Enfin les chirurgiens-barbiers pratiquaient actes simples: percement d'abcès, réduction de fractures, pansements, mais le tout avec un matériel très rudimentaire et une hygiène plus que relative. Ainsi raconte le même auteur, la charpie posée sur les plaies était réalisée à partir de draps usagés dont certains linceuls ! Quant aux médicaments provenant de plantes ou d'organes d'animaux, ils étaient employés de façon empirique ou analogique. En 1741, on dispose d'une première pharmacopée ; elle cite les plantes, les minéraux et les extraits d'animaux employés comme médicaments.

C'est seulement dans le courant du 19ème siècle qu'apparaissent des médicaments chimiques, que les théories de Pasteur sur l'hygiène et les microbes vont se répandre . On commence alors à stériliser le matériel et à veiller à la propreté des contacts. C'est à la même époque que l'on découvre l'anesthésie, ce qui va permettre à la chirurgie de faire de grands progrès. En Angleterre, la première formation professionnelle d'infirmières apparaît avec Florence Nightingale. Elle aussi instaure hygiène et discipline dans les hôpitaux. Il devient alors réellement possible de parler de progrès thérapeutiques.

Si donc, jusqu'au 19ème siècle, les soins des maladies et des traumatismes restaient peu efficaces, il existait déjà chez certains, et surtout chez les congrégations religieuses, une volonté de soulager autrui, basée sur la charité chrétienne. Parallèlement se développe le philanthropisme qui accorde son attention aux nécessiteux par amour du genre humain.

En ce qui concerne encore les motivations et les modalités, depuis le Moyen-Age, et pendant plusieurs siècles, seuls des individualités ou des petits groupes, surtout religieux, avaient la volonté d'aider ceux qui souffraient ; les pouvoirs publics n'avaient nullement l'impression d'avoir une responsabilité sur cette question.

La Révolution Française, la réflexion sur la place de l'Etat, sur son rôle dans le bonheur des citoyens amènent une évolution dans la répartition des responsabilités, entre le privé et le public. La santé de la population, au-delà des aspects d'hygiène publique et de prévention, devient l'affaire du gouvernement d'un Etat moderne.

Après 1945 s'instaure peu à peu une nouvelle vision de la société humaine et on évolue rapidement vers l'idée du droit à l'assistance et de la dignité humaine pour tous. Les hommes politiques vont prendre progressivement conscience de leurs devoirs vis-à-vis de leurs concitoyens pour organiser la solidarité et en arriver enfin à la Sécurité Sociale que nous connaissons de nos jours.

Parallèlement, chez beaucoup de citoyens, se maintient le besoin d'aider, d'être utile à autrui, que la motivation en soit religieuse ou non.

Chapitre II. Illustration : De Bavière à la Citadelle et au C.H.U. du Sart Tilman

C'est aux environs de 1600, que dans la Principauté de Liège se créa la Compagnie de la Miséricorde. Celle-ci fut fondée par des riches marchands, uniquement avec des fonds privés. Leur motivation était certainement en partie d'ordre religieux mais aussi, peut-on penser, guidée par un esprit de solidarité humaine.
Deux ans plus tard, le Prince Evêque de Liège, Ernest de BAVIERE, fit don à cette fondation de la maison PORQUIN
qui lui appartenait et qui fut le début de l'Hôpital de Bavière; elle était située plus ou moins à l'emplacement actuel du Théâtre de la place, place de l'Yser.
Les débuts sont modestes et à ce moment, il est difficile de qualifier cet endroit d'Hôpital mais au fil des ans, Bavière va se développer.
Pour ce qui nous intéresse, dans cette étude, il faut bien considérer, que même si les soins médicaux étaient, à l'époque, quasi nuls, des refuges comme Bavière ont donné abri, nourriture, assistance morale à un grand nombre de malheureux, compensant quelque peu le manque d'intérêt de l'Etat pour cet aspect de la société.

En 1795, sous la domination française, on assiste à un premier essai de l'Etat d'intervention dans le milieu des soins de santé et ceci marque un prémisse d'évolution quant à la responsabilité des pouvoirs publics envers les soins que méritent les citoyens. Seulement, les difficultés de gestion font que, après trois ans, l'Etat renonce et transmet l'hôpital à un organisme de bienfaisance administré par des personnes morales.
A cette époque, la solidarité humaine commence à se développer et des femmes bénévoles aident les soeurs dans leurs tâches hospitalières. C'est en 1804 que Liège connaît sa première maternité. A ce sujet, il n'est pas inutile de revenir quelque peu en arrière et de savoir qu'au 17ème siècle, les femmes enceintes étaient interdites dans les hôpitaux, cela, à cause de la religion qui avilissait tout ce qui avait rapport avec la sexualité. Il est même étonnant à ce sujet, et difficile à comprendre que ces bonnes soeurs, pleine de charité vis-à-vis des malades et miséreux, aient pu exclure ainsi les futures m ères de leur soutien.

En 1896, l'hôpital déménage dans de nouveaux locaux, boulevard de la Constitution. La Faculté de Médecine de l'Université de Liège et la Commission d'Assistance Publique coexistent et collaborent dans cet hôpital pendant 87 ans. L'Université assurait le volet médical tandis que la C.A.P. qui deviendra le C.P.A.S. organisait et gérait les différents volets de l'hospitalisation.

C'est surtout à partir de 1919 que Bavière se développe par des agrandissements et des améliorations importantes et cette évolution va perdurer jusqu'en 1950.


   

NOTGER, le prince Evêque, fait édifier les premiers remparts de Liège sur les hauteurs de Liège vers l'an 1000. Suite à des guerres répétitives entre différents seigneurs, progressivement la Citadelle devient une place forte. Plus tard, ne répondant plus aux critères de défense d'une guerre moderne, elle devient simplement une caserne, point d'attache du 12ème de Ligne.

Depuis 1974, là où se dressait la Citadelle s'est installé l'hôpital géré par le C.P.A.S de la ville. Les bâtiments qui dominent Liège ont totalement perdu un caractère agressif puisque les derniers éléments militaires qui y subsistent sont des témoignages du riche et douloureux passé du site: stèle des 600 franchimontois, enclos des fusillés, notamment.

Malgré tout, Bavière ne suffit plus ­ un manque de lits persistant gêne le bon fonctionnement et l'utilisation d'un matériel moderne, adapté aux nouvelles technologies médicales. Aussi pense-t-on à créer un nouvel Hôpital. C'est alors que les deux partenaires se séparent : l'Université décide de construire son propre hôpital académique dans le domaine du Sart-Tilman tandis qu'en 1967, après pas mal de tergiversations, le CPAS de Liège acquiert la Citadelle qui appartenait au ministère de la défense.
Donc en 1967, le CPAS de la ville de Liège acquiert la Citadelle mais ce ne sera qu'en 1974 que la première pierre sera posée.

La même année, le CPAS se voit régi par une loi qui montre incontestablement l'esprit nouveau qui se développe. En effet, cette loi dit en son article 1er : " Toute personne a droit à l'aide sociale, celle-ci a pour but à chacun de mener une vie conforme à la dignité humaine".
Ainsi donc, le CPAS voit son champ d'action élargi et ne doit plus simplement s'occuper d'aide matérielle mais aussi d'aide morale, psychologique et juridique.

Pour concrétiser l'évolution qu'a connu la prise en charge du malade, parcourons rapidement l'unité de soins intensifs du C.H.U. : jeune unité créée en 1999, elle accueille toutes les pathologies chirurgicales ou médicales, de même que les cas pédiatriques. Les patients hospitalisés aux soins intensifs sont de deux types: ceux qui présentent une défaillance d'une fonction vitale ou ceux qui sont susceptibles de développer une de ces défaillances. 1.400 patiens y sont pris en charge chaque année. Etape dans le retour à une médecine plus "normale" ou dernière tentative pour sauver une vie, on y trouve du matériel extrêmement performant et un personnel spécialement formé.

Par ailleurs, pour répondre au maximum des besoins des patients, les hôpitaux proposent de plus en plus de services : poste, banque, boutiques, cafétaria, salon de coiffure et même, pour stimuler la guérison sans doute - une agence de voyages !

On voit ici quel énorme chemin a été parcouru en un peu plus d'un siècle par rapport aux 19 siècles précédents.

Chapitre III : Application du sujet à une expérience personnelle

Pour concrétiser l'évolution à la fois des motivations et des soins, évoquons brièvement une expérience réalisée à l'hôpital de Montegnée avec des enfants cancéreux. C'est là que Stéphanie a fait son stage de 1ère année. Lisons son témoignage
J'ai pu me rendre compte qu'au delà des soins médicaux, ces enfants avaient besoin de tendresse et de pouvoir communiquer, d'expliquer leur vécu, de garder contact avec un autre univers que celui de l'hôpital. Quand on vit de telles situations, on veut aider à leur guérison par une présence amicale et qui sait écouter. D'ailleurs, et c'est heureux, l'évolution des mentalités des soignants vont dans ce sens. Par exemple, l'explication à l'enfant d'une opération sur une poupée dédramatise certainement l'acte. Maintenir le contact avec l'école et les petits copains par l'intermédiaire d'une personne des soins. Donner des conseils aux parents pour rassurer leur enfant plutôt que de le traumatiser par de mauvaises attitudes.
Tout cela, je pense, que nous serons amenés, nous assistants sociaux, à le faire de plus en plus. D'ailleurs, j'illustre mes propos par un article de journal de la Libre Belgique paru le 06/03/2002 " L'enfant a le droit d'être informé ". Une vidéo a également été réalisée à ce sujet, elle laisse la parole aux enfants qui ,par un dessin animé " Cancer enfants admis " ,racontent leur vécu souvent difficile ; ce reportage de l'émission " l'Hebdo " a été réalisé prioritairement avec des enfants de l'hôpital de jour médical de Montegnée que j'ai eu la chance de connaître sur mon lieu de stage de première année. "

DOCU
Des enfants touchés par le cancer racontent leur vécu - S. L.
Libre Belgique - Mis en ligne le 04/04/2002
- - - - - - - - - - -
Quelques instants dans la vie d'enfants qui se battent pour continuer à vivre `comme les autres´. Troublant de sincérité et d'espoir. Dans `L'Hebdo´ sur La Une, 20 h
J' étais effrayée, je ne savais pas que j'aurais un jour ça. J'ai jamais été malade...´ `J'étais fort tracassée pour mes cheveux. Je savais que j'allais les perdre...´ `Je dors mal: j'ai pas envie que la maladie recommence...´
`L'Hebdo´ diffusé ce vendredi soir, consacré au vécu quotidien d'enfants atteints du cancer, fait la part belle à leurs paroles. Olivier Corroenne et Myriam Lanotte (RTBF) ont notamment suivi Florence (9 ans) et Angélique (10 ans), en rémission de leucémie, dans leur famille, à l'école, à l'hôpital, au cours de danse, en ville, avec leurs amis et dans les locaux de l'asbl `Caméra enfants admis´.
UN FILM DANS LE FILM
C'est là qu'un groupe d'enfants soignés à l'hôpital de jour de la clinique de l'Espérance a réalisé, ces derniers mois, la plus grande partie d'un court-métrage d'animation: l'histoire de Harry (ça ne s'invente pas), lui aussi atteint d'une leucémie (Lire notre page `Santé´ du 6 mars). On découvrira dans cet `Hebdo´ quelques extraits de ce film animé poignant de sincérité et d'humour, qui devrait être proposé à tous les instituteurs dans quelques mois pour aborder, en classe, le thème de la maladie et de l'hôpital.
Cette histoire, c'est la leur. Et leur quotidien, la maladie, ils en parlent avec facilité, réalisme - on sent, en filigrane, le travail d'information réalisé par l'équipe médicale. Ils racontent leurs peurs, leurs angoisses. La peur d'être rejeté par les autres enfants, par la société: on a beau tenter de préserver au maximum la vie normale (l'école, les loisirs...), la maladie et les traitements imposent des règles d'hygiène et de protection qui font qu'on n'est `plus aussi actifs que les autres´
Comme le résume Florence. Il y a aussi l'angoisse du diagnostic après une ponction de moelle. Et puis la longue attente jusqu'au bilan suivant...
A travers quelques phrases, on pressent toute l'importance du dialogue entre l'enfant et son entourage. Le cancer, le malade est le premier à le vivre, mais pas le seul. Enfant et parents se transmettent leurs angoisses, leurs espoirs. `Je suis triste de les voir tristes´, dit Florence.
Un documentaire vivant, et qui ne verse pas dans le mélo.
Rediffusion ce dimanche vers 18 h; et lundi, mardi et vendredi sur La Deux.
© La Libre Belgique 2002

Bibliographie

Articles
- Elisabeth BARNES, Les relations humaines à l'hôpital, collection " Regard ", 1968.
- L'Observatoire 99/22, La place du (service) social à l'hôpital, collection Obs. pg 19-20-21-22-23-36-37.
- Sophie LEBRUN, " L'enfant a le droit d'être informé ", La Libre Belgique du mercredi 06-03-2002, pg 21.
- Annie SAUNIER, " La vie quotidienne dans les hôpitaux du Moyen-Age ", travail s'appuyant sur deux types de sources : 1° Les statuts ou règles, généralement publiés : L. Legrand, Statuts d'hôtels-Dieu et de léproseries, Paris, 1901 ; Ph.Guignard, Les Anciens Statuts de l'hôtel-Dieu le comte de Troyes, Troyes, 1854 ; H. Coppin, " Statuts de l'hospice Gantois à Lille, 1467 ", Revue du Nord, t. XXIX, 1947 ; 2° Les comptes, souvent inédits, conservés dans les archives de l'Assistance publique de Paris et dans diverses archives départementales (série H).
Travail personnel d'Histoire sociale et politique, " Comment en suis-je arrivée là ? ", S.Olivier
Sites
http://www.CHU.be
http://www.CHU.be/histoire
- http://www.lalibre.be/article.phtml?id=5&subid=86&art_id=57224
Livres
Syllabus du cours d'hygiène hospitalière de Mme Joris, professeur à la H.E. André Vésale à Lièhe
" De Bavière à la Citadelle ", exposition organisée par le Centre Public d'Aide Sociale, avec l'aide du Ministère de la Communauté française ; Liège, Hôpital de la Citadelle, du 7 novembre au 7 décembre 1980.

 

retour