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Le racisme de l'entre-deux guerres et ses origines

Page élaborée à partir du travail de Gilles Delcourt

Introduction
Depuis la nuit des temps et des civilisations, les hommes se sont regroupés pour mieux se défendre et assurer leur subsistance commune; l’étranger était alors synonyme d’étonnement et de craintes.
Au fur et à mesure de l’avancée des siècles et des connaissances, l’homme a appris à mieux connaître les différents peuples constituant la race humaine mais il est loin d'avoir surmonté cette méfiance instinctive. L'évolution des civilisations se faisant à des rythmes variés dans le temps et dans l'espace, les différences que les colonisateurs ou les voyageurs ont découvertes entre les modes de vie, les valeurs, les croyances humaines ont permis à certains de conclure à des différences de qualité entre les hommes. Et parfois la Science semble même leur avoir fourni des arguments pour justifier cette position.

Définition
Le racisme, suivant un dictionnaire se définit comme ceci : « Idéologie fondée sur la croyance qu'il existe une hiérarchie entre les groupes humains, les "races" . Simplifions cette définition en disant qu’il s’agit d’une croyance en la supériorité d’une race vis à vis des autres.
Le racisme est réellement né au 19e siècle lorsque les découvertes de la science ont fait apparaître les différences génétiques, lorsque se sont aussi développées la psychologie et des dérivés plus discutables, comme la physiognomonie ou la morphopsychologie. Le racisme qui est apparu de manière importante en Europe entre les deux guerres mondiales a été orchestré par des chefs d’Etat inspirés par diverses théories racistes.

Les bases théoriques du racisme
Parmi ces théoriciens, on peut retenir premièrement le médecin allemand Blumenbach, qui a été le premier à classer les hommes en différentes races. Parmi celles-ci, il distingue la race caucasienne ou blanche, la race mongole ou jaune, la race malaise ou brune, la race éthiopienne ou noire et enfin la race américaine ou rouge.
Un autre théoricien fut le français
Joseph Arthur, comte de Gobineau, auteur de "Essai sur l’inégalité des races humaines" (1853–55) qui établit même des distinctions basées sur la forme des os. Selon lui, la race juive présentait des caractéristiques identiques aux animaux par la forme de ses os.
Ces théories ont été pour certains une confirmation objective des qualifications arbitraires comme, par exemple, que les noirs sentaient mauvais et n’étaient pas intelligents. Les données 'scientifiques" qui sont apparues à la fin du 19es démontraient aux gens que les races étaient inégales; le sentiment de supériorité de la race blanche était donc normale et fondée.
Le peuple qui a le plus été pointé du doigt par le racisme du début du 20es siècle, fut le peuple juif. Il est vrai que les habitudes majoritairement endogames des membres de cette communauté permettaient assez facilement de la caractériser et donc la rendaient très vulnérable à des théories basées sur l'appartenance à un groupe humain défini.
Hitler et Mussolini, les deux principales figures du racisme de l’entre deux guerres, ont discriminé prioritairement ce peuple. Un des inspirateurs principaux d'Hitler fut
Georg Von Schönerer. Cet écrivain allemand affirmait que ce n’était pas la religion juive qui posait problème, mais bien la race. Mais on trouve également Günter parmi ses influences, qui distinguait aussi des races différentes. Pour lui, le juif, constituant la race pré-asiatique, résultait du mélange de trois groupes, ce qui, pour lui, expliquait son aspect et son caractère hideux .

Les applications de ces doctrines
Le racisme est monté d’une manière très importante en Allemagne après la première guerre mondiale. Le peuple allemand vivait dans les ruines qu’avait provoqué la guerre. L’économie était au plus bas, une grave crise économique sévissait en Allemagne. Le peuple allemand a alors élu Hitler en 1933, qui promettait de rendre de la grandeur au pays, situant d'emblée le problème au niveau des relations entre les peuples.
Infériorisé par sa défaite inattendue et imméritée, le peuple allemand allait reprendre, grâce à son Fuhrer la première place qui lui revenait de droit.
Ce chef d’état charismatique avait longuement étudié les théoriciens susmentionnés et proposait une politique de reconstruction de l’Allemagne en établissant une supériorité de la race nordique qu’il appela « aryenne ». Le peuple allemand était alors endoctriné dans la croyance que le juif et l’étranger n’étaient pas compatibles avec son bien être. Hitler établissait aussi un lien de parenté entre la race germanique et les peuples latins et grecs, pour leur grand sens de l’organisation et leur faculté à créer de grands empires.
Le problème du racisme toucha aussi l’Italie avec la même source d’influence par les chefs d’Etat proposant les politiques racistes : les théoriciens. Même si, pour l'Italie, le rappel était plus d'ordre historique - le souvenir de la grande domination de la Rome impériale - que purement raciale. Le juif et l’étranger furent marginalisés car sources de difficultés, c’est pourquoi ces pays ont adopté des politiques de déportations et d’exécutions.

L’antisémitisme était même élevé en France durant la deuxième guerre, comme en témoigne un sondage de type Gallup. Ce dernier indique que sur 967 ouvriers interrogés, 43% sont antisémites; sur 707 employés, 54% . Sur 468 commerçants, 54% également d’antisémites. 55% d’antisémitisme parmi les professions libérales, 62% dans la classe des agriculteurs, et 81% pour les étudiants. Ces chiffres démontrent une augmentation de l’antisémitisme pour les personnes exerçant une profession plus aisée. La crainte du juif s’étendait aussi assez bien dans les pays occupés. Ne perdons pas de vue que la France, avec son régime de Vichy, a adopté pendant quelques temps une vision politique assez proche que celle d’Hitler et surtout qu'elle a légitimé par ce régime un sentiment spontané de méfiance - au lieu, comme on essaie de la faire aujourd'hui par de très nombreuses mesures, de le contraindre à se cacher.

L'actualité du racisme ?
Aujourd’hui, avec la montée de l’extrême droite en Europe, on peut remarquer des similitudes dans notre contexte social et économique avec l’entre-deux guerres.

Oui, nous sommes pour la préférence nationale car nous sommes pour la vie contre la mort, pour la liberté contre l'esclavage, pour l'existence contre la disparition,
Jean-Marie Le Pen, déclaration du 15 mai 1991
Nous croyons que la France occupe une position singulière en Europe et dans le monde car notre peuple résulte de la fusion unique en soi des vertus romaines, germaniques et celtes ,
idem, 4 mai 1988

En France, le politicien Jean Marie Le Pen utilise, comme les anciens chefs d’Etat racistes, des idées et même des phrases prononcées par les théoriciens dont j’ai déjà parlé plus haut. Le sentiment de rejet de l'autre, de l'étranger, différent donc dangereux, est très vivace dans la période de crise économique que nous vivons. Les populations qui votent actuellement pour des partis extrémistes de droite se sentent en insécurité, situation dont la cause est à chercher, selon ces partis, dans la présence des étrangers. Comme avant, les personnes inquiètes se rattachent aux partis proposant des solutions simples et, pensent-ils, efficaces en rejetant les indésirables. Les médias, toujours à l'affut du sensationnel, accentuent encore les phénomènes négatifs ce qui rapprochent d’avantage les personnes et ces partis.
L’extrême droite, c’est aussi le charisme d’un leader, qui sait convaincre des personnes de ses idées à première vue négatives.

Conclusion
Les théoriciens qui ont proposé des travaux sur l’inégalité des races sont nombreux, je n’en ai mentionné que quelques-uns. Ces ouvrages sont souvent cités en référence par les dirigeants de régimes racistes. Dans le cas de l’Allemagne, Hitler a beaucoup étudié, comme certains politiciens racistes actuels, les écrits fondant la haine raciale. Le passé nous apprend que les étrangers sont immédiatement pointés du doigt dans une situation de crise, et l’histoire nous a montré par l’holocauste, les horreurs du racisme, mais ce n’est pas pour autant que les partis d’extrême droite approuvant ces actions n’existent plus. Ils sont seulement devenus plus prudents dans leur manière d'évoquer ces problèmes. L’ extrême droite prétend d’abord redonner une grandeur au pays, la supériorité de la race n’est jamais clamée tout de suite.
Pour en revenir aux dirigeants de partis extrémistes en Europe, qui se font de plus en plus nombreux, leur discours s'appuie toujours sur d'anciens théoriciens, parfois "reliftés" selon de prétendues nouvelles recherches scientifiques. Elles servent donc encore à fonder un régime de supériorité raciale, de définition de la pureté de celle-ci, de manière objective .
Heureusement, d'autres savants ont mené un combat tout aussi acharné à démontrer que les races n'existent pas, qu'il n'y a, au contraire, qu'une seule espèce humaine. On pensera évidemment à Albert Jacquard et ses très nombreux écrits.


Bibliographie
- Olender, Maurice (dir). Le racisme, mythes et sciences. Éd. Complexe: Bruxelles; 1981
- Georges Peters, racisme et races, éditions d'en bas, 1986
- Documentaire télévisé : « L’hebdo » L’extrême droite aujourd’hui en France ARTE
- Article : revue du MRAX, La position française devant le racisme, septembre 1986 n°4
- Illustration de Pierre Kroll pour une affichette invitant à une manifestation le 8 mai 1997 contre l'extrême-droite et la création de centres fermés pour demandeurs d'asile "les couleurs de la solidarité contre les barbelés de l'exclusion"
- http://home.planetinternet.be/ecitoyen/racisme.html.

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