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La condition de l'enfant esclave

transposition pour le Web du travail de Benjamin Piron

 

Introduction
Durant de nombreux siècles, l'homme a été (et est sans doute toujours) attiré par la richesse matérielle. Pour arriver à cet état, il a mis en place certaines institutions : l'esclavagisme est l'une d'elle. Il y a quatre millénaires, l'homme a compris que s'il ne tuait pas l'autre, il pouvait l'utiliser comme un travailleur dont le faible niveau de vie pouvait lui permettre d'améliorer le sien. Depuis cette époque, différentes formes d'esclavagisme se sont succédées, jusqu'au 18ème siècle, époque à laquelle une crise morale secoue le monde esclavagiste.

Le but de ce travail est de reprendre les grandes étapes de l'esclavagisme. Néanmoins, il sera tourné vers la condition de l'enfant esclave. Pour ce faire, nous partirons de l'hypothèse que l'enfant esclave avait des avantages d'utilisation que les adultes n'avaient pas et qui rendaient son utilisation primordiale. C'est pourquoi, une première partie sera consacrée à la chronologie des principaux faits liés à l'esclavagisme, alors qu'une seconde partie sera consacrée à l'enfant esclave.

Chronologie de l'esclavagisme

Les premières traces écrite d'esclavage sont des tablettes sumériennes intitulées "le péché du jardin" détenues au musée des antiquités orientales d'Istanbul. Dés les prémices de l'esclavagisme, on voit l'apparition d'une forme dite "douce" de l'esclavagisme. Celle-ci était caractérisée par une sorte de d'attachement entre le maître et ses esclaves, à la base de ce qu'on appelle maintenant la "grande famille antique": il y avait donc une base patriarcale. De ce fait, l'objectif du maître était de préserver les prisonniers faits au cours de batailles afin de leur permettre de travailler dans leur intérêt. À cette époque, le rôle de l'esclave était essentiellement un rôle de domestique. Bien qu'elle fût la forme la plus répandue d'esclavagisme à ses débuts, elle tendra à diminuer sans jamais s'éteindre à travers les époques, et continuera de coexister avec les autres formes d'esclavagisme.

Par la suite, une nouvelle forme d'esclavagisme s'étendit : celle-ci était nettement moins souple avec les hommes. Du point de vue de ses droits, l'esclave appartenait purement et simplement à son maître : celui-ci avait droit de vie et de mort sur son esclave, il pouvait le céder ou le louer par bail. De plus, ils étaient perçus comme de simples machines n'ayant pour seul but que la production. L'objectif pour le maître était d'améliorer la rentabilité de son exploitation ; pour ce faire, il a très vite compris qu'il fallait abaisser les coûts de production liés aux esclaves ainsi que les coûts d'entretien. Ces derniers furent réduits au minimum grâce à des politiques de rationnement de la nourriture, de réduction des rations en cas de maladie et de transfert des esclaves dont le rendement diminuait. Au niveau de leurs provenances géographiques, les esclaves étaient à cette époque capturés près du lieu d'exploitation au nom des coûts de production minimisée. Avec l'émergence de cette nouvelle forme de servitude, le rôle des esclaves changea petit à petit et tendit finalement vers un rôle de main d'oeuvre agricole.

Depuis la mise en place de l'institution et plus encore avec l'apparition de ce deuxième type d'esclavagisme, l'acquisition d'esclave s'est propagée grâce à un marché spécialisé. Ce marché a réussi à prospérer assez rapidement. Ceci a eu des conséquences sur la condition des enfants esclaves : en effet, " l'élevage d'enfants humains" élevait considérablement les coûts de production notamment à cause de la lente croissance de l'espèce humaine. L'émergence de tels marchés a donc poussé les propriétaires à mettre en place des politiques natalistes visant à enrayer la reproduction des esclaves. De plus, les enfants étaient soumis aux mêmes tâches que les adultes, ce qui les rendait plus exposés.
A partir de la fin de l'antiquité, la majeure partie du monde occidental se tourne vers la religion chrétienne. Celle-ci va s'engager sur le fond de l'esclavagisme selon deux types d'actions : la préconisation de la forme dite " douce " de l'esclavagisme ainsi que la recherche de justifications de la forme dure. C'est ainsi que saint Augustin (354 -430 après JC) suggéra que l'esclavage est la punition infligée par Dieu à quelqu'un qui a péché.

Au moyen âge, l'esclavagisme va progressivement changer de forme en Occident et tendre vers le servage. Néanmoins, la forme d'esclavagisme dite " dure " persista notamment dans le domaine maritime où les rameurs furent fort demandés. En ce qui concerne ce type d'esclavagisme, l'Eglise fut à nouveau présente notamment avec saint Thomas (1225-1274) : celui-ci soutiendra que " les rapports maître esclave se situent en dehors de la justice ". De même, il considérait l'esclave comme étant un bien propre du maître.
Signalons qu'à la même époque, pour l' Islam, si la notion d'esclave est admise, un esclave qui se convertit à l'Islam est automatiquement affranchi. On peut peut être y voir l'origine des actes de piraterie visant à capturer des chrétiens pour les réduire en esclavage.

Par la suite, le monde occidental va découvrir les Amériques dénommées également le Nouveau Monde. Des colons s'y installèrent et des colonies naquirent : celles-ci se lancèrent dans des exploitations de type agricoles et autres. C'est dans le cadre de celles-ci que les colons se servirent des peuples indigènes, dénommés à tort " indiens ", afin d'améliorer leur rentabilité. Cette servitude devint assez vite un esclavagisme dur. Ce système a pour conséquence que dès le XVI ème siècle, l'Eglise constata la condition de vie indigne de ce peuple indien et la réduction continuelle de sa population, par maladie, accident, épuisement. Tentant de protéger les Indiens en qui il voyait des hommes égaux aux blancs dans le christianisme, l'évêque Bartolomé Las Casas sera maladroitement à la base des premières déportations d'esclaves noirs africains, "moins humains".

C'est alors que les conditions des peuples soumis à l'esclavage vont toucher le fond : l'émergence nouvelle des sciences tendit progressivement à donner une " explication pseudo scientifique des inégalités sociales " : le racisme. La richesse du maître se fonda alors pleinement sur la négation de la dignité humaine.

La société commence à prendre de plus en plus conscience de la condition des esclaves. C'est ainsi qu'en mars 1685, une ordonnance promulgue l'élaboration du " Code noir ". À la lumière de notre époque, il peut apparaître comme toujours scandaleux. Néanmoins il a été le moteur de progrès notables. Il prévoit notamment que le mariage des esclaves sera désormais solennisé; bien que le maître doivent toujours donner son consentement, il ne peut plus imposer le mariage à un esclave et enfin, les membres d'une même famille ne peuvent plus être vendus séparément.

Au début du 18ème siècle, une crise morale ravage les sociétés esclavagistes chrétiennes. Celle-ci naquit de l'ambiguïté de la coexistence du droit de génocide avec le devoir d'évangéliser, relevée par Jonathan Swift. Du côté du monde scientifique, une tentative de classification des espèces animales fut lancée peu après, ce qui eut pour conséquence d'intensifier cette crise morale. Dans cette recherche, les scientifiques partirent de la constatation d'un manque de précision de la Genèse (1er livre de l'Ancien testament, contenant notamment le récit de la création par Dieu).

Dans le courant du 19e siècle, la majorité des Etats euroépens, poussé par l'Angleterre abolirent la traite des esclaves. Ceci a des conséquences sur les politiques des maîtres en Amérique. En effet, effrayés par la rareté du matériel humain et l'impossibilité d'en faire venir de nouveaux, ils poussèrent les esclaves à la reproduction. Les femmes étaient désormais tenues d'avoir un enfant chaque année. Des centaines d'enfants sont alors mis à la disposition de marché..
Avant l'achat d'esclaves, les maîtres vérifiaient l'efficacité ou en tout cas le bon état des organes reproducteurs, qui devinrent le moteur de l'achat sur les derniers marchés parallèles. Les Nord Américains iront jusqu'à effectuer des croisements entre les êtres pour en obtenir de plus robustes.

L'esclavage aujourd'hui ?
Actuellement, bien que l'esclavagisme soit interdit, il subsiste sous de nouvelles formes relativement cachées. Les esclaves modernes sont des étrangers, de toutes nationalités (nord-africains, sud-américains, asiatiques voire est européens). Dans les pays occidentaux, ils sont employés le plus régulièrement par des diplomates, mais aussi plus rarement par des citoyens normaux. Ils sont recrutés dans leur pays d'origine ou plus rarement, dans le pays d'exploitation : leur recherche laisse croire en l'existence de réseaux ou en tout cas d'intermédiaires spécialisés. Leurs tâches sont les tâches domestiques. Dans les autres pays du monde, leurs tâches peuvent être multiples : domestique, agricole, prostitution.

Qu'est-ce qui démontre leur exploitation ? D'abord, leurs papiers (passeport, carte identité, etc.) leurs sont confisqués par leur patrons ce qui les prive de toute " existence légale ". Deuxièmement, ils sont généralement séquestrés (totalement ou partiellement), on leur inculque la peur de la police (sans papiers, il sont menacé d'expulsion) et on leur interdit lors de leurs rares sorties de travail de parler à quiconque. Troisièmement, leur temps de travail est démentiel et ils sont faiblement ou pas rémunérés. Quatrièmement, les conditions dans lesquelles ils vivent son "contraires à la dignité humaine " : ils sont nourris de restes, ils dorment sur le sol, ils subissent des coûts, des insultes voir des agressions sexuelles. Enfin, cinquièmement, on leur interdit des contacts avec leurs familles et on les isole culturellement.

De ce nouvel esclavagisme, les mineurs d'âge ne sont pas épargnés. Débarquant généralement de pays étrangers, ils sont les plus lésés puisque leur isolement cultuel les empêche de suivre une formation, voire de terminer leur formation. Généralement, ils ne connaissent donc pas la langue du pays dans lesquels ils sont exploités. Ils sont également moins aptes à protester car ils ne connaissent pas le système dans lequel ils se trouvent. Par contre, leurs tâches sont identiques aux tâches des adultes. Actuellement, l'Organisation Internationale du Travail estime à 73.000 le nombre d'enfant de moins de 10 ans " économiquement actifs " dans le monde.

Place des enfants dans l'esclavagisme

On l'a vu plus haut, l'enfant a, durant des siècles (voir des millénaires) d'esclavagisme, été exploité au même titre que l'adulte. De plus, les tâches qui lui étaient données étaient généralement les mêmes que celles données à l'adulte. De même, les conditions de travail étaient les mêmes que celles dans lesquelles les adultes travaillaient. On l'a également vu plus haut, les réactions des propriétaires face à l'enfant esclave n'ont généralement pas été de l'exploiter pour ces qualités (petite taille, etc.), mais ont consisté en politiques natalistes vis-à-vis des esclaves, en fonction des politiques répressives de l'institution mises en place par les différents pays du monde au cours des siècles.

Tous ces éléments me poussent à remettre en doute mon hypothèse et à croire que l'enfant n'était pas exploité pour ses qualités mais qu'il était exploité au même titre qu'un adulte et qu'il effectuait les mêmes tâches. Pire, l'homme ne voyant pas les avantages de l'enfant, a été jusqu'à réprimer les naissances : l'exploitant s'est parfois élevé contre l'existence même de l'enfant.

En conclusion, l'enfant esclave n'était et n'est toujours pas exploité pour des qualités potentielles qu'il pourrait avoir. Il ne fut exploité que parce que les maîtres n'ont su empêcher totalement les esclaves de se reproduire ou parce qu'ils consituaient un réservoir de futurs adultes pleinement opérationnels.

Bibliographie

Rubrique "esclavage" dans Encyclopédie Universalis, volume 6, Paris, 1981
www.unesco.org/courier/2001_06/fr/droits.htm
" Le retour de l'esclavage ", article, Dorothée Klein, " Le vif ",
n°20, 17 mai 2002.

 

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