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Transposition pour le Web du travail de Florence Gatz
En guise d'introduction
S'il était un métier à ne jamais devoir oublier, sans doute serait-il celui de mineur. De tous temps, ces hommes, femmes et parfois même enfants, méprisés par les classes sociales dominantes, contribuèrent dans le courage et la misère à effectuer un travail que souvent ils héritaient, sans libre choix, de leurs ascendants. Mais le terme " métier " convient-il éthiquement pour désigner le labeur exécuté par ces êtres humains ? Ne conviendrait-il plutôt pas mieux d'utiliser les mots exploitation
ou encore esclavage ?
Bien qu'ayant évolué au cours des siècles, les conditions de travail et de vie des mineurs furent déplorables, frôlant bien souvent les limites de l'acceptable. (NDLR
: je mets en page ce travail le 8 août, jour anniversaire
de la catastrophe du Bois du Cazier de 1956, tragédie qui
brutalement fit entrer dans la mémoire collective le sacrifice
de ces milliers de travailleurs de l'ombre, d'ici et si souvent
d'ailleurs)
1) L'évolution progressive des conditions de travail des mineurs Liégeois
A. Un métier " multisexe "
Si la mine fut principalement
un métier masculin, elle fut aussi celui de nombreuses
femmes et enfants.
Ce n'est, en effet, qu'à la fin du dix-neuvième
siècle qu'une loi prohiba le travail des femmes dans les
mines belges.
Leur travail était très pénible et ne s'unissait
nullement avec d'une part, leur morphologie plus frêle que
celle de leurs conjoints, et d'autre part, avec leur rôle
de mère et d'épouse.
Comment pouvaient-elles concilier un travail quotidien de 10 heures
avec la prise en charge d'une famille souvent nombreuse ?
Interdire aux femmes de travailler de concert avec les hommes,
les incitèrent ainsi à rester chez elles et veiller
tantôt au maintien de leur logis, tantôt à
l'éducation de leurs enfants. Cette modification importante
permit à long terme une diminution de la misère
dans la classe ouvrière au dix-neuvième siècle.
De plus, au fil des années, l'enseignement se développa
et les enfants des mineurs purent se scolariser plutôt que
de travailler dès leur plus jeune âge dans les charbonnages.
B. Un travail épuisant pour un salaire infamant
Sous l'Ancien Régime,
la durée de travail dans les mines était de 6 heures
mais beaucoup effectuaient de plus longues prestations afin de
gagner davantage. L'invention de modes d'éclairage plus
performants comme la lampe Davy permit aussi l'allongement de
la journée. Par la suite, les ouvriers mineurs eurent tendance
à travailler de 10 à 12 heures par jour. Ce n'est
qu'à la fin du dix-neuvième siècle que le
travail dans les charbonnages fut réduit à 9h30
de travail maximum. Toutefois, beaucoup d'employeurs exigeaient
que leurs travailleurs effectuent des prestations supplémentaires.
Enfin, entre 1937 et 1956, la loi ordonna que le travail minier
passe à 7h30 de travail quotidien et une durée de
travail hebdomadaire de 45 heures.
Sur une année (365 jours), le mineur travaillait 275 jours.
Ainsi donc, à l'exception du dimanche, ils descendaient
chaque jour dans les mines. Mais les dimanches ainsi que les jours
fériés ou encore les interruptions dues à
des problèmes techniques n'étaient pas rémunérées
!
Les paiements s'effectuaient tous les samedis, essentiellement en espèces bien que le " truck-system " ait été fréquemment appliqué; ce dernier était une exploitation patronale déguisée : l'employeur obligeait le mineur à dépenser une partie de son salaire dans un magasin tenu par ce même employeur de sorte que celui-ci réalisait un bénéfice sur la paye de son travailleur.
Ce n'est qu'au début du vingtième siècle
que la situation financière des ouvriers houillers s'améliora.
Premièrement, dès 1920, ils eurent droit à
l'allocation gratuite de charbon ; deuxièmement, dans l'entre-deux
guerres, malgré de nombreuses crises économiques,
leur salaire s'accrut de telle façon que les ouvriers mineurs
devinrent les mieux payés de toute la classe ouvrière
belge.
C. La sécurité et l'hygiène dans les mines du bassin Liégeois
Bien que fréquents, les accidents (coups de grisou, éboulements, inondations) de la mine n'étaient pas les uniques maux qu'endurait la population houillère. En effet, beaucoup de travailleurs souffraient de maladies dues aux conditions néfastes dans les mines pour la santé (maladies pulmonaires, notamment) renforcées par des conditions d'hygiène lamentables. En effet, pour illustrer cette dernière constatation, prenons l'exemple du "repas" de midi. le "briquet" se composait d'une tartine et d'une tasse de café allongé à l'eau : la pause de midi se prenait, non pas dans une cantine ou réfectoire adapté (inexistants avant la fin du dix-neuvième siècle) mais sur le lieu de travail des mineurs, en d'autres termes dans les galeries obscures et humides où régnaient de multiples bactéries se faufilant dans les aliments des ouvriers et leur causant, en conséquence, de nombreuses maladies infectieuses et contagieuses.
A cela, venaient s'ajouter les problèmes liés à
l'alcoolisme, fléau de la classe ouvrière aux siècles
passés.
Il paraît évident qu'un homme saoul ne pouvait pas
veiller à garantir sa sécurité ni celle de
ses camarades de travail !
2) L'évolution progressive des conditions de logement des mineurs Liégeois
Aucun adjectif décent
ne pourrait qualifier les conditions de vie et de logement dans
lesquelles les mineurs vivaient dès leur retour du travail
durant tout le XIXe siècle. Les années passant amenèrent
quelques améliorations, variables selon les catégories
de mineur. Cependant, se distinguaient deux classes d'ouvriers
houillers.
Premièrement, les mineurs célibataires et/ou hommes
ruraux rejoignant leur campagne et famille les dimanches et jours
fériés ; deuxièmement, les mineurs résidant
non loin de "leur" charbonnage avec les membres de leur
famille, qu'elle soit élargie ou nucléaire. Je m'attacherai
davantage à décrire brièvement la première
catégorie de mineurs, la seconde n'ayant connu qu'une légère
évolution à travers les siècles.
Jusqu'à la fin du XIXe siècle, les mineurs campagnards
et/ou célibataires logeaient chez des particuliers qui
leur louaient une partie de leur lieu de vie. Dans cette atmosphère
où l'absence d'hygiène et où la promiscuité
étaient les maîtres-mots, les mineurs étaient
voués à une vie déplorable.
Ce n'est qu'à la fin du dix-neuvième siècle
que s'érigèrent des hôtels pour ouvriers célibataires.
Ces résidences étaient construites à quelques
pas des charbonnages et offraient aux mineurs y demeurant une
chambre (triple au maximum), l'alimentation (deux repas par jour
et leur " lunch " de midi) ainsi qu'un lavage quotidien
de leur habit de travail. Plus tard seront annexées à
ces hôtels d'une part une école du soir afin de combattre
l'analphabétisme de plus en plus handicapant dans le milieu
ouvrier, d'autre part diverses activités distrayantes (fanfare,
sport, chorale).
Enfin, la dernière étape dans l'évolution
des conditions de vie et de logement des ouvriers mineurs fut
l'aménagement dès 1920 de logements sociaux, dont
les premiers furent bâtis sur le site minier de Cheratte.
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Après ce succinct
aperçu de la condition ouvrière du mineur belge
lors des siècles derniers, sans doute restez-vous, comme
je le fus, imprégnés d'un sentiment de honte mêlé
à une totale incompréhension : pourquoi nos arrières
et grands-parents n'ont-ils pas combattu pour humaniser les conditions
de travail de ces hommes et femmes, de leurs voisins, de leurs
camardes de guerre ?
Je n'ai pour réponse que la question suivante : Nous, combattons-nous
aujourd'hui la misère qu'endurent les ouvriers mineurs
de par le monde ?
3) Qu'en est-il aujourd'hui des conditions de travail des mineurs dans le Monde ?
A. Situation : Ukraine, 2002
Les conditions dans lesquelles
travaillent les mineurs ukrainiens actuellement sont malheureusement
fort proches de celles de Liège, deux siècles auparavant
! En guise d'exemple, leur salaire mensuel ne dépasse pas
100 euros. De plus, les subventions octroyées aux mines
ukrainiennes diminuant au fil des ans, les directeurs n'arrivent
plus à payer mensuellement leurs travailleurs. Ces retards
de salaire ne font qu'aggraver la situation économique
et sociale des mineurs.
Ce problème économique s'incarne aussi dans une situation d'insécurité (nombreux accidents), provoquée par le peu de moyens dont disposent les patrons pour remplacer le matériel vétuste et dangereux pour le travail quotidien des ouvriers, entraînant le décès de plusieurs dizaines d'hommes chaque année.
B. Situation : Canada, 2002
Aujourd'hui,
bien que rares, certains hommes travaillent encore dans des mines
souterraines non plus de charbon, mais plus fréquemment
de pétrole ou encore de métaux précieux (diamants,
or).
Ce travail nécessite à présent une solide
formation technique car les progrès technologiques ont
remplacé le travail manuel physique des ouvriers. Bien
que toujours pénible (humidité, obscurité,
conditions de travail néfastes pour la santé), le
salaire est parfois plus élevé que dans d'autres
fonctions publiques ou professions manuelles.
De plus, un horaire moins contraignant est d'application pour
les mineurs canadiens : 4 jours de travail précèdent
4 jours de repos.
En conclusion
Il faut admettre que malgré une évolution sans équivoque des conditions de travail dans les mines "occidentalisées" dues aux progrès technologiques et scientifiques, il reste malheureusement une majorité de pays - parfois proches du nôtre - où un manque de perfectionnement technique ajouté à une économie nationale trop fragile engendre une non-évolution positive du travail dans les mines.
La question primordiale à laquelle je vous laisse juge de répondre est la suivante : Que faire aujourd'hui pour que le travail des mineurs de demain, à travers nos cinq continents, s'humanisent ? Que faire, que dire, comment agir pour que ni femmes ni enfants ne soient plus contraints et forcés d'effectuer un travail pour lequel ils sont sauvagement exploités ?
Bibliographie
1) Livre(s) historique(s) Roman(s)- Manuel(s) historiques - Encyclopédies - Recueils historiques
ZOLA EMILE, " Germinal
", Editions LGF, Paris, Collection " Le Livre de Poche
", n° 145
BOURDOUXHE MADELEINE, " La Femme de Gilles ", Editions
Labor, Bruxelles, 1999, Collection " Grandes Lettres ",
176 p.
NEUVILLE JEAN, " La condition ouvrière au dix-neuvième
siècle ", Tome 1 : " L'ouvrier objet ",
Editions La Vie Ouvrière, Paris, 1976.
GAIER CLAUDE, " Huit siècles de houillerie Liégeoise
", Histoire des hommes et du charbon à Liège,
Editions du Perron, Bruxelles.
2) Document audio-visuel
Cassette vidéo" La vie quotidienne du Mineur ", Province de Liège - Service des affaires culturelles, Médiathèque, 1988, Site de Blegny-Trembleur, acteur : SALAMON ELEK
3) Visite
Visite du domaine
touristique de Blegny-Mine en avril 2002.
4) Sites Internet
MONTAIS Karine
et TROPET Elise, " L'actualité du roman ", 2002,
consulté en mai 2002, http://www.bmlisieux.com/litterature/gambier/gambie08.htm
Auteur : journaliste du journal français : " L'Alsace
", " Ukraine : Coup de Grisou : 80 mineurs tués
", mars 2000, consulté en mars 2002, http://perso.wanadoo.fr/answer.nuclear/ukraine03_00.html
CHEVALIER Jacques, " Bienvenue à Cheratte-Bas ",
2001, consulté en mars 2002, http://communities.fr.msn.ca/Cherattebas
5) Divers
Afin de bénéficier
d'un maximum d'informations avant de débuter mon travail,
j'ai pris contact avec Monsieur Jacques CHEVALIER, auteur de différents
sites Internet, dont notamment celui de la ville de Cheratte;
une partie est consacrée à la vie des mineurs et
au charbonnage de Cheratte.
Monsieur CHEVALIER et moi échangeâmes divers emails
au cours desquels j'en appris davantage sur la condition ouvrière
des mineurs Liégeois car en plus d'être créateur
de sites Internet, Monsieur CHEVALIER est historien.
Il me proposa même son aide pour réaliser mon travail
en m'offrant la possibilité de visiter en sa compagnie
les résidus du charbonnage de Cheratte ainsi que les recoins
normalement interdits au grand public !
Bien que sa proposition fut alléchante, je ne pus malheureusement
pas l'accepter car, premièrement, le charbonnage de Cheratte
est actuellement en rénovation et deuxièmement le
temps pluvieux et froid de ces derniers mois rendaient impossible
l'accès au domaine minier.
6) Lien
Un complément d'information ? Une petite visite s'impose alors sur un site qui a pour thème l'environnement minier du Borinage et du Hainaut et dont l'adresse est http://users.skynet.be/vergaelen.michel.
Celui-ci a vocation didactique et permet aux néophytes d'avoir une approche originale de ce monde, par des peintures, des photos, des textes en dialecte, des balades à travers la région par les ex-lignes de chemin de fer, etc.
La célèbre émission de vulgarisation scientifique "c'est pas sorcier" a également consacré une production à l'exploitation minière d'aujourd'hui. Intitulée "tous au charbon" (1997), elle montre essentiellement les mines "haut de gamme", où la technique a révolutionné les façons de faire et considérablement atténué les risques humains. On rappelera seulement que cet exemple n'est pas, hélas, le plus répandu dans le monde.