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Transposition pour le Web du travail de Kathleen Claudy
Ma
question
: Est-il plus formatif de faire travailler les enfants en prison
que de les laisser dans leur cellules à ne rien faire ?
Pour y répondre, je vais procéder à une comparaison
entre hier et aujourd'hui.
Chapitre 1 : les prisons dans le passé
Dans les années 1860, on parle de colonies de bienfaisance. Ce sont des " prisons " pour mineurs mais ce ne sont pas des prisons tout à fait normales. Même s'il faut remarquer que les détenus y étaient menés à la baguette. Dans ces endroits, les enfants devaient soit aller au champ., soit exercer divers travaux manuels. Il y avait des ciseleurs (qui fabriquaient de petits bijoux de pacotille, des ustensiles vaguement décorés, des tours de serrure). D'autres étaient chaussonniers, cordonniers, ébénistes, ou encore imagiers (c'est-à-dire qu'ils posaient des dessins au pochoir ou directement sur les tissus). Tous ces métiers étaient en général pour les garçons. Quant aux filles, elles étaient toutes lingères. Tous ces travaux n'étaient pas faciles, certains étaient même franchement épuisants pour leur âge, comme lorsqu'ils devaient creuser des tranchées ou fabriquer des meubles, sans matériel adapté.
Leur activité principale était donc : " le travail ". Lorsque les enfants travaillaient, étaient sur le chemin du champ, dans les ateliers, ils n'avaient pas le droit à la parole. S'ils désobéissaient en essayant de communiquer avec leurs camarades, ils étaient punis (par ex avec des restrictions de nourriture, ils n'avaient plus que du pain sec à manger). Ces enfants travaillaient en moyenne dix à douze heures par jour. En dehors de ces heures, ils avaient plus ou moins deux heures d'instruction (= école) par jour.
A cette époque les peines étaient très lourdes par rapport aux délits commis. En général, les enfants emprisonnés étaient très jeunes. Voici quelques exemples de peines : " Jean Alary, enfant naturel, domestique, condamné à deux ans de prison pour vol simple ; Jean, enfant naturel, mendicité, en correction jusqu'à l'âge de vingt ans ; Simon dit le Petit Bâtard, onze ans et demi, deux ans de prison pour vol d'un lapin et de deux canards ; vol d'un chaudron, deux ans de correction ...
Voici le nom de quelques colonies des années 1860 : " Le pénitencier de Toulouse", dirige par l'Abbé Barthier ; "le pénitencier de Ste Radegonde", à la ferme des Combelles ; "le pénitencier de Pezet" ; "la colonie agricole de Vailhauques au domaine de Montlobre" ; "la colonie industrielle de Aniane"...
Le but de ces colonies était essentiellement de punition et de moralisation. Il s'agissait que les délinquants mineurs se conscientisent sur la gravité des délits qu'ils avaient commis, qu'ils "rentrent dans le droit chemin" et qu'ils rendent service à la société . Aussi, en travaillant et en étant instruits, On espérait qu'ils puissent plus vite se réintégrer dans la vie de tous les jours dès leur sortie.
Chapitre 2 : Et aujourd'hui ?
A notre époque, s'il n'existe plus de colonies de "travaux forcés" pour jeunes, on parle de : " Travaux d'Intérêts Généraux ". C'est une peine substituée à une condamnation d'emprisonnement qui consiste à effectuer un travail non rémunéré pour le compte de l'Etat ou d'une association habilitée.
Le travail d'intérêt général (TIG) appartient à la catégorie des peines alternatives, ce qui signifie qu'il peut toujours être décidé par le juge à titre de substitution d'une peine principale. La personne condamnée a toujours le choix d'accepter ou non un travail d'intérêt général. Si cette personne refuse, la peine principale sera appliquée.
Le travail d'intérêt général peut prendre des formes multiples (nettoyage, rénovation, enseignement) ; il est généralement destiné à faire réparer, par l'auteur du délit, les dommages qu'il a causés, afin de favoriser la réinsertion sociale du délinquant.
Le travail d'intérêt général a été institué par la loi du 10 juin 1983 et représente une solution aux seules peines d'emprisonnement. En effet, aujourd'hui les criminologues, les juges (de la jeunesse surtout), veulent réduire les peines privatives de liberté pour les infractions les moins graves donnant lieu à de courtes peines d'emprisonnement.
Aujourd'hui dans les écoles, la violence a augmenté considérablement. Quand je parle de violence, ce sont les violences verbales, les ports d'armes blanches, voire à feu, port de bombe aérosol, également violence sexuelle, coups et blessures, Les professeurs, les juges, les ministres ont opté pour la solution du travail d'intérêt général plutôt que l'enfermement ou des mesures d'exclusion. Cette méthode a porté ces fruits car on a pu remarquer que dans les écoles à haute violence, cette dernière avait nettement diminuée avec des peines alternatives, alors que l'enfermement semble plutôt développer la tendance délinquante.
De même un jeune qui commet un acte de vandalisme pourra mieux prendre conscience de son acte en réparant son dommage, en travaillant plutôt qu'en restant enfermé dans une prison (nous parlons ici des petits délits).
En réponse à
ma question :
pour moi, le travail des mineurs délinquants est meilleur
que l'inaction, aujourd'hui par les travaux d'intérêts
généraux, autrefois dans les colonies de bienfaisance.
Mais il faut respecter les droits de l'enfant, ce qui n'était
pas le cas dans ces colonies, car les enfants y étaient
parfois maltraités, exploités, pas assez nourris.
En effet, je pense que ces travaux leur permettent de prendre
un peu plus conscience de leurs actes et de réparer, en
quelque sorte, les dommages qu'ils ont causés. Ainsi ils
sont utiles pour la société et sont actifs plutôt
que de rester enfermés et de ne rien faire.
Mais pour moi, cela s'applique seulement pour les petits délits.
La
réflexion se poursuit de manière très ambivalente
actuellement : prévention , protection et répression
ne parviennent pas à cohabiter efficacement. L'ouverture
du centre d'Everberg qui est, on peut le dire, une "prison
pour jeunes" , a provoqué de nombreuses réactions,
en sens divers. La société se trouve en effet fort
démunie vis-à-vis d'actes très violents dont
les auteurs sont parfois d'un âge presque tendre.
Puisque les sections fermées des IPPJ (Institutions Publiques
de protection de la Jeunesse ) affichent toujours complet et que
l'on a abrogé ,en janvier 2002, l'Article 53 de la loi
de 1965 qui permettait de mettre provisoirement un mineur en prison,
les juges de la jeunesse ne savent plus vers où diriger
un jeune "dangereux". Il est certain que le problème
devrait être revu dans son ensemble mais en attendant, on
n'a pas encore trouvé une solution qui soit, à la
fois, formatrice pour le jeune, réparatrice pour son équilibre
futur et sécurisante pour la société. (TJ)
Bibliographie
- Marie Rouanet, Les
enfants du bagne, éd Pocket 12, Avenue d'Italie- 75627
Paris Cedex 13, dépôt légal février
2001.
- Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 98. ©
1993-1997 Microsoft Corporation.
- La violence à l'école, février 2002,
consulté le 10 mai 2002, http://luckynet.ifrance.com/luckynet/la%20violence%20a%20lecole.htm