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Transposition pour le Web du travail de Cindy Thonus
Introduction
J'avais comme ambition d'étudier l'évolution des modes d'exécution et de voir quel rôle la médecine y a joué. Or, vu le nombre de pages limité, je ne suis pas arrivée à résumer suffisamment toute cette matière et me suis ciblée sur les méthodes les plus récentes. Mais il me semble intéressant de citer et de vous recommander le livre que j'ai utilisé : " De l'exécution capitale à travers les civilisations et les âges " (références cf la bibliographie). Il m'a appris beaucoup de choses sur différentes exécutions comme la mort par le froid et la chaleur, la projection d'une hauteur, la noyade, les exécutions par les animaux, l'écartèlement, la roue, le bûcher, etc...
1. Description des prinicpaux modes d'exécution
La guillotine
La guillotine est la machine servant à trancher la tête
des condamnés à mort, ainsi nommée du nom
du médecin français, savant et professeur d'anatomie
de la faculté de Paris Joseph Ignace Guillotin, qui préconisa
son utilisation en 1789. L'adoption de la guillotine, instrument
qui permet de provoquer la mort dans un délai extrêmement
rapide, fut sois disant proposée dans un but humanitaire
afin de supprimer les supplices existant sous l'Ancien Régime.
En fait dans le cadre de la Révolution Française,
le but premier de Guillotin n'était pas tout à fait
humanitaire mais plutôt égalitaire. Au départ
il a présenté une proposition de loi à l'assemblée
qui réclamait le même mode d'exécution pour
tous. et non plus selon la classe sociale ou le type de délits.
Tous les condamnés devaient avoir la tête tranchée,
ce qui revenait à les éliminer par la décapitation
à la hache ou l'épée, car la première
guillotine n'était pas encore construite. Il voulait que
chaque individu puisse bénéficier d'une exécution
par le fer (exécution noble) et non plus que ce soit le
privilège d'une seule classe( il faut savoir que Guillotin
était issu de la bourgeoisie).
Constituée de deux montants verticaux reliés par une traverse, comportant eux-même une rainure, la guillotine fonctionne avec un couperet, placé dans les rainures, et maintenu en haut de la machine à l'aide d'une corde. Lorsque la corde est relâchée, le couperet tombe sur le coup du condamné attaché sur une planche au niveau du socle de la machine. Autrefois le bourreau devait tirer sur une corde pour déclencher le mécanisme, plus tard et jusqu'à l'abolition de la peine de mort, il appuyait sur un bouton. Ce fut Tobias Schmidt, un facteur de Clavecin qui fut choisit pour construire la première guillotine car c'est lui qui offrait le prix le plus intéressant ( 824 livres). Au début la guillotine n'a pas plu car le spectacle était trop rapide. Ce petit moment de dépit passé, il y eut un grand engouement pour ce procédé. C'est en fait la qualité des victimes qui " sauva " la guillotine. Les sans-culottes s'émerveillèrent à voir tomber la tête d'un roi, d'une reine, de princes... C'était d'autant plus amusant qu'on les avait applaudis la veille. La littérature la qualifia de " rasoir national " et de ce fait le bourreau devint le barbier. En humaniste qu'il était, le docteur Guillotin fut désespéré de la fortune de son invention. Il abandonna sa carrière politique et ouvrit un cabinet médical.
La mort par les armes
Elle est plus utilisée pendant les périodes de guerres et surtout sur les soldats, car ces peines sont prononcées par les tribunaux militaires (pour des crimes militaires). Le peloton d'exécution est composé de douze hommes en principe. Six hommes sont debout et six autres accroupis devant eux. Le peloton est commandé par un officier subalterne qui sera chargé de donner le coup de grâce quelques secondes après l'exécution. Parfois les tirs n'atteignaient que certains membres et ne tuaient pas directement le condamné ; le coup de grâce devait l'achever mais il avait le temps de souffrir. C'est pour cette raison qu'aux Etats unis, en janvier 1977, on inventa un procédé plus radical : cinq tireurs d'élite tirent sur un homme assis sur un fauteuil, bras et jambes liés. Les tireurs visent une cible rouge fixée à la hauteur du coeur sur un t-shirt blanc. (Francisco Goya: la fusillade du 3 mai 1808 à Madrid)
La mort
par injection (létale ou de poison)
Le poison se constitue de thiopental sodique, qui est un barbiturique
afin que le condamné perde connaissance ;de bromure de
pancuronium, qui est un relaxant musculaire qui paralyse le diaphragme;
et de chlorure de potassium qui produit l'arrêt cardiaque.
Il suffit de presser un bouton pour déclencher le mécanisme
et pour que le produit soit injecté par intraveineuse.
La lapidation
La lapidation est l'action de tuer à coup de pierres dans
sa forme la plus exhaustive, mais en fait, dans son expansion
populaire authentique, un jugement-exécution car la décision
de mort et son application sont liées. Il y a un souci
d'exemplarité car les pierres amassées restent à
l'endroit de la lapidation. A l'époque où la loi
hébraïque est rédigée, deux lapidations
coexistent :
- une lapidation à participation directe de la population
-une lapidation mise en oeuvre par l'autorité où
ce sont des bourreaux qui exécutent.
On se souvient de Jésus et la femme adultère : "que
celui qui n'a jamais péché lui jette la première
pierre..." Elle est malheureusement encore d'application
pour des faits de moeurs - adultère, relations sexuelles
hors mariage, grossesse illégitime - dans certains pays
islamiques.
La décapitation
par la hache et l'épée
Le principe réside dans l'action de couper le cou, de séparer
la tête du tronc par l'oeuvre d'une lame .
Jusqu'au huitième siècle, ce supplice fait plus
figure de simples mesures administratives ou de disciplines pénitentiaires
que d'exécution proprement dite. C'était un moyen
assez modeste de se débarrasser des prisonniers. L'emploi
de la lame n'était d'ailleurs pas envisagé rigoureusement
sous la forme brutale du sectionnement brutal du coup. Il s'agissait
autant de faire souffrir que de faire mourir. Assez curieusement,c'est
Rome qui lui confère une vertu aristocratique qui semble
ne lui avoir jamais été accordée jusqu'alors,
la décapitation est promue mode noble, réservé
aux citoyens romains. C'est ainsi que meurt l'apôtre Paul.
La décapitation dépend totalement de son auteur.
Quand les bourreaux étaient désignés (le
premier marié de l'année) et qu'ils n'avaient donc
pas la vocation ou quand le bourreau n'était pas "
en forme", il arrivait qu'il doive s'y reprendre à
plusieurs fois, ce qui mettait la population en colère.
Le bourreau dans ces cas ne survivait pas toujours à la
population en furie. Il se devait donc d'avoir une certaine dextérité
et c'était des " as" qui étaient choisis
par les autorités pour les exécutions de masse.
En 1863, à Ypres, lors de l'exécution d'un certain Kesteleyn, le bourreau s'y prit si maladroitement que la tête roula entre les jambes d'un paisible habitant de la cité qui, sur l'heure, perdit la raison et resta fou jusqu'à la fin de ses jours. Ce serait d'ailleurs après cette exécution que le roi, hostile à la peine de mort, réussit à faire admettre sa non-application en Belgique. Dans ces conditions, on comprend mieux la constante préoccupation de perfectionner l'outil, dans son poids, dans sa longueur, dans sa forme : fer de hache large, forte lame de l'épée à feuille (invention française, longue et lourde épée, à la base très large, pointue à son extrémité, creusée sur toute sa longueur d'une rigole). Sur les bords du Rhin, on utilisa même une épée creuse. Une certaine quantité de vif-argent circulait à l'intérieur. Dans la levée de l'arme, le vif-argent revenait sur la poignée, puis dans le mouvement de la frappe se précipitait vers la pointe donnant plus de force au coup.
La chambre
à gaz
Le principe est l'inhalation de gaz toxiques comme le monoxyde
de Carbone ou le zyklon B (acide cyanhydrique-insecticide) utilisés
par les nazis ou encore dégagés par la réaction
chimique résultant de la chute de pastilles de cyanure
de potassium dans une cuve d'acide sulfurique placée sous
le siège. Au dix-neuvième siècle, l'italien
Lombroso, fondateur de l'école positive d'anthropologie
criminelle imagine l'installation des chambres à gaz où
les condamnés seraient asphyxiés au milieu d'hallucinations
" agréables" causées par des émanations
d'éther ou de chloroforme. Aux Etats-Unis, le professeur
Packard, de Philadelphie, trouve plus simple qu'on leur fasse
respirer de l'oxyde de Carbone après les avoir enfermés
dans une cellule hermétique. Au vingtième siècle,
on sait que les nazis ont utilisé abondamment cette méthode
dans les camps de concentration dès 1941 pour éliminer
en grande masse les prisonniers (notamment les juifs et les tziganes
lors de " la solution finale " en 1942) . Les Etats-Unis
s'en servent toujours dans certains états afin d'appliquer
la peine de mort.
La chaise
électrique
Son principe est le passage d'un courant électrique dans
le corps. Aujourd'hui, le courant alternatif est envoyé
par une décharge de 2000 volts chacune. On applique aux
condamnés deux électrodes, l'une au front et l'autre
au mollet. Trois manettes sont disposées sur le dossier
pour déclencher le mécanisme, ainsi le détenu
ne s'aperçoit de rien. Le condamné est fixé
au siège par des courroies. Il ne s'agit pas toujours d'une
méthode rapide, car le courant n'agit pas nécessairement
partout et chez tout le monde de la même façon. Une
description très précise d'une exécution
ratée figure dans "la ligne verte" de Stephen
King
2. Le rôle des médecins dans l'élaboration des modes d'exécution
Pour la
guillotine
Il n'y a pas à chercher très loin vu que c'est un
médecin qui la conçue. De plus avant de donner le
feu vert au pouvoir exécutif pour débloquer des
fonds pour la construction de la première guillotine, le
pouvoir législatif a demandé au secrétaire
perpétuel de l'Académie de chirurgie, le docteur
Louis de faire un rapport sur le fonctionnement théorique
de cette machine. Pour ce mode d'exécution, le rôle
de la médecine est donc essentiel.
Pour l'injection
létale
Le secrétaire général de l'Association médicale
mondiale a fait un communiqué de presse le 11/09/1981,
une semaine avant la première exécution capitale
par injection mortelle par décision de la cours de l'Oklahoma.
Il disait que, quelle que soit la méthode imposée
par un Etat pour exécuter la peine capitale, aucun médecin
ne peut être requis pour y participer activement. Or il
est quasi certain que des recherches médicales ont du être
effectuées pour connaître le dosage et les effets
sur l'être humain afin que ce soit efficace. On ne peut
pas jouer à la roulette russe (tuera, tuera pas) avec un
être humain.
Pour la
chambre à gaz
Lombroso qui le premier a conçu l'idée était
un cherhceur mais le professeur Packard était lui médecin.
De même que pour les injections, lorsque les chambres à
gaz ont été installées dans les camps de
concentration, on peut imaginer que des médecins ont collaboré
à l'élaboration de cette méthode infernale
car on sait que des médecins étaient chargés
de recherche dans ces camps et qu'il était nécessaire
qu'un médecin participe afin de déterminer les produits
et les doses à utiliser. Même si, on le sait, le
principe des expériences sur humains, avec les risques
encourus par les cobayes, ne gênait absolument pas les Nazis
Pour la
chaise électrique
C'est Mount Bayer qui a le premier fait des expériences
pour élaborer un mode d'exécution lié à
l'utilisation des courants à hautes tentions en 1885. Ici
encore une commission de recherche désignée par
la société médicale de N-Y a dû rendre
un avis favorable. C'est encore une autre commission de médecins
qui fixera les dernières modalités de l'opération.
Ce sont, il est vrai ,les ingénieurs électriciens
qui interviennent et non les médecins. Mais quand il s'agit
de prendre la défense du procédé quand la
première expérience à capoté, c'est
encore un médecin, le docteur McDonald de l'Académie
de médecine de N-Y qui s'y cella. Il essaya de justifier
l'injustifiable en étouffant la réalité sous
un déluge de raisons spécieuses.
3. Position actuelle de l'association médicale sur la peine de mort
" Le Médecin n'est censé être présent que pour constater la mort et non pour participer à celle-ci. On a vu la position de l'AMM en 1981. Le médecin se consacre à la préservation de la vie. Agir en qualité d'exécuteur est contraire à l'exercice médical. Il ne peut être exigé d'aucun médecin praticien qu'il applique la peine de mort, même si les méthodes utilisées ont recours à des substances médicamenteuses ou à des équipements pouvant par ailleurs être utilisés dans les pratiques médicales. " Position en octobre 2000 à Edimbourg à la 52ème assemblée générale de l'AMM :" Il est donc résolu que la participation des médecins à la peine capitale, quelle qu'elle soit et quelle qu'en soit la phase d'exécution, est contraire à l'éthique. "
Conclusion
Il a été difficile de trouver des données sur les inventeurs des méthodes les plus récentes exécutions. Car il est clair que les sociétés veulent garder " secrets" (ou en tout cas en partie) leurs procédés et leur " génie " de la mort, car il n'y a pas de quoi être fier bien que les Américains fassent tout pour être accusés de barbarie. Comme par exemple le fait d'entourer les condamnés d'une surveillance médicale importante ! C'est pour cette raison qu'il m'a été difficile de déterminer le rôle de la médecine dans l'élaboration de ces techniques et que j'ai donc dû me soumettre à beaucoup de suppositions et de déductions. Mais il est clair que les médecins ont participé à l'élaboration de plusieurs modes d'exécution que ce soit pour éviter des souffrances aux condamnés (esprit humanitaire) ou pour toutes autres raisons (sous la pression du Reich ou encore pour rendre l'exécution plus scientifique qu'artisanale).
Bibliographie
Livres
J-M Bessette, Il était une fois la guillotine, éditions
alternatives,1982.
Gilbert J.Callandraud,De l'exécution capitale à
travers les civilisations et les âges, J-C Lattès
édition,1979.
Sites
Internet : http://pdm-iep.univ-lyon2.fr/International/Positions/amm.html
Internet : http :www.peinedemort.com (dossier14)
Article
Pierre Darmon, Le centenaire de la Chaise électrique, L'Histoire
n° 114, Septembre 1988.
Illustration de la scène de décapitation
Exécution des chefs Boxers en 1901 en Chine, aquarelle
de L.Sabattier, publiée dans la collection la mémoire
de l'humanité - les grandes tragédies, Larousse,
1994, p. 187.