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Page Web réalisée à partir du travail d'Aurélie Dubois
" Si les jeunes s'arrêtaient de crier, peut-être le monde crèverait-il de silence "
Quelques éléments pour éclairer le problème
L'adolescence est une période difficile où beaucoup de transformations s'opèrent. Des transformations physiques, une maturation physiologique, le développement de l'intelligence,
La fugue est faite de tempête, remous, orages, perturbations en tout genre. Cette période de la vie amène aux frontières de la rupture, de la déviance et de la délinquance. On fuit, on cherche l'évasion.
Certains fugueurs sont heureux car il est question de bonheur dans le choix et la recherche.
On peut distinguer plusieurs types de fugues :
- Fugue incoercible ou déraisonnable : impulsion quasi-irrésistible. Aucun
raisonnement n'intervient. Le jeune est non-responsable de son comportement.
- Fugue évasion : s'évader de ce qu'on ne veut plus, mais aussi aller vers le
nouveau. Ce genre de fugue permet d'échapper aux tensions.
- Fugue recherche : fuite d'une situation dangereuse, on espère trouver mieux.Pour qu'il y ait fugue, il faut réunir trois conditions :
- Aller à l'encontre de la volonté parentale
- Avoir l'intention de partir ou de ne pas rentrer chez soi.
- Passer à l'acte.
Le mineur est considéré comme déviant et non délinquant (c'est sa personnalité qui devient déviante).
La fugue ferait partie des pathologies de l'inadaptation. La fugue peut être due au milieu familial (surprotégeant ou rejetant), ou au milieu socio-économique (influence de la rue, univers asociaux, marginaux, d'exclus, )
90% des fugueurs proviendraient de milieux peu aisés, mais cela est controversé. Peut-être les milieux aisés prennent-ils plus de précautions pour que la fugue ne se sache pas.
La société est certainement une cause, car il y a peu de communication, d'écoute, c'est une société de consommation. La fugue serait plutôt un acte de révolte et d'autonomie.
A part le milieu, on peut dire que la fugue provient d'une pathologie individuelle, d'un ensemble de facteurs constitutionnels innés ou acquis. La fugue à répétition peut procéder de tendances paranoïaques, le jeune se croyant sans cesse incompris et révolté.
Le nombre est difficile à évaluer. Cependant, on constate qu'environ deux fois plus de garçons que de filles fuguent.
Après une fugue, le jeune a souvent changé, il a mûri. Un des dangers est qu'il puisse y avoir pris goût. Après une fugue, un suivi n'est pas toujours nécessaire, mais parfois les parents s'estiment dépassés. Parfois aussi le jeune doit être orienté vers une institution spécialisée.
Dans tous les cas, la fugue - comme la tentative de suicide- est un signal qui doit être entendu. Laction à mener peut être de plusieurs types : le modèle explicatif, la prise en charge institutionnelle et le modèle thérapeutique
Enfin, il ne faut pas oublier que la fugue peut être un acte de survie. Allô Enfance Maltraitée a reçu l'année dernière près de 800 appels pour des fugues d'adolescents. La grande majorité des fugueurs qui appellent le 119 partent de chez eux pour fuir un danger, notamment des violences physiques.
Une autre manière d'appréhender le problème, un roman :
" personne ne m'aime " de Gil LACQ, collection Travelling
C'est l'histoire de Philippe, un jeune homme
de 17 ans, qui se sent incompris par son père. Son meilleur ami, Lucas, est parti de chez lui quelques mois auparavant à cause d'une dispute avec son père.
Un jour où Philippe traite son père de bourgeois parce que ce dernier dit que Lucas n'a aucune ambition, il s'en va. Il se rend chez son meilleur ami, car c'était la seule personne qu'il avait envie de voir. Le lendemain, Lucas est allé voir la mère de Phil. Celle-ci tente de comprendre
Peu de temps après avoir quitté le nid douillet de ses parents, Phil avait trouvé du travail et un logement. Sa mère lui rendait visite de temps en temps. Un jour, il rencontra son père en rue et les deux hommes purent s'expliquer. A partir de cet instant, la situation s'améliora. La compréhension avait résolu un tas de choses. Cependant, Phil tenait à son autonomie et il décida de continuer seul sa vie, mais au moins, il n'était plus en dispute avec son père.
Pendant ce temps, Lucas s'était réconcilié avec ses parents à lui et était parti vivre à l'étranger après une tentative de suicide qui avait remis beaucoup de choses en place.
Et avant, ça se passait comment ?
On ne considère plus aujourd'hui la jeunesse ou la vieillesse de la même manière qu'avant. Tout cela évolue d'une manière considérable, au début des années soixante encore, la jeunesse était considérée complètement différemment, on parlait peu d'adolescence, l'enfant attendant seulement d'être le plus vite possible adulte.
Mais revenons un peu plus tôt encore
Dans les sociétés traditionnelles, les âges ne prêtaient à aucune confusion, le passage de l'enfance à la maturité était marqué par des cérémonies initiatiques et des épreuves rituelles, le grand-âge était source de considération car associé à l'idée de sagesse et/ou de pouvoir sacré (les sorciers).
Nous distinguerons ici deux types de sociétés traditionnelles : la société dite archaïque et la société moyenâgeuse.
Dans la société traditionnelle archaïque, le passage du groupe " enfant " vers le groupe adulte est vécu comme la séparation du monde de l'enfant et la résurrection dans le monde des adultes. Par les initiations, il s'agit d'éloigner définitivement le jeune adolescent du monde maternel, pour le faire pénétrer dans le monde des hommes, dans le monde paternel.
Dans la société moyenâgeuse, dès le moment où les enfants étaient supposés être devenus capables de se passer de l'aide des mères et des nourrices, c'est-à-dire vers l'âge de sept ans, ils étaient intégrés à la vie communautaire, ils partageaient les travaux et les jeux quotidiens de la collectivité, ils devenaient les compagnons naturels des adultes. La durée de l'enfance était réduite à sa période la plus fragile. La jeunesse était donc incluse dans le monde des adultes.
Certains pensent que Mai 68 est une limite entre la société passée et notre monde d'aujourd'hui. Il est clair que pour certaines choses comme la liberté, c'est une période très importante, mais de là à dire que c'est à ce moment que tout a changé, je n'en suis pas sûr. Il y a plutôt eu une évolution avec certaines accélérations.
Je n'ai pu trouver d'écrits précis concernant la fugue dans le passé, mais je pense que, par ce que j'ai lu sur les sociétés traditionnelles, je peux faire quelques hypothèses.
Tout d'abord, l'enfant avait des responsabilités dès son enfance. Il devait participer, dès que possible, aux ressources de la famille. Et s'il ne s'y sentait pas bien, s'il ne parvenait pas à assurer cette part ou si la façon dont on voulait l'y faire participer ne lui convenait pas, il s'en allait. L'enfant ne faisait pas vraiment une fugue, mais il partait (sans qu'on cherche spécialement à le retrouver) afin de trouver son indépendance. Ce qui ne correspond pas aux conditions énoncées aujourd'hui pour être un fugueur.
L'enfant n'était pas couvé par ses parents comme le sont la plupart des jeunes aujourd'hui, il devait se prendre en charge et partir travailler très jeune avec son père afin de l'aider et de pouvoir faire vivre sa famille. Et puis, on ne peut pas vraiment parler de la fugue des adolescents à cette époque puisque c'était une partie de la vie qui n'existait pas en tant que telle. On passait de l'enfance au monde adulte. Lorsqu'une personne partait de chez lui, c'était plus pour vivre sa vie que pour fuir un monde.
La vie de Don Bosco est un exemple très intéressant. Dès l'âge de douze ans, Jean doit quitter sa mère car, depuis la mort de son père, il vit de graves tensions avec son frère aîné, Antoine. Il rêve de pouvoir faire des études, mais son frère s'y oppose. Sa mère l'encourage à partir et l'envoie chercher du travail dans des fermes où il gagnera un peu sa vie et ensuite il pourra étudier et donc réaliser son rêve. A 12 ans, Jean part donc seul, sur les routes.
Quelques années plus tard, Jean est parvenu à faire ses études et il est sous la direction (spirituelle) de Don Cafasso. Celui-ci lui conseille d'aller visiter la ville de Turin pour se faire une idée de la condition morale des jeunes. Ce qu'il découvre là-bas le bouleverse. Les adolescents vagabondent dans les rues, sans travail, corrompus, prêts au pire. Les jeunes errent dans les rues, sur les places de la ville. Ils jouent, se battent, blasphèment et pire encore.
Les enfants des familles indigentes sont à la recherche de n'importe quel emploi, pourvu qu'on leur donne de quoi vivre. Avec la révolution industrielle, la vie est devenue très difficile. Les hommes riches imposent un véritable esclavage aux prolétaires qui subissent des conditions épouvantables. Le travail des enfants commencent quand ils savent à peine marcher. Ils travaillent douze heures et plus par jour. En France, 66 enfants sur 100 meurent avant l'âge de 5 ans, faute de mauvaises conditions de vie et de soins.
Don Bosco va donc travailler avec ces jeunes, souvent seuls, loin de chez eux et créer des lieux d'accueil, d'écoute et de formation et d'intégration, ce qui manque spécialement aux enfants fugueurs.
Bibliographie
Sites
www.gcbbw.org/Branches/bacs04.htm (recherches effectuées en avril 2002)
brie.cario.fr/news/france (recherches effectuées en avril 2002)
www.unicef.org/voy/fr/meeting/lab/labhome.html (recherches effectuées le 19-05-02)
Livres
Gil LACQ, Personne ne m'aime, Travelling, Duculot
Marc IMPE et Alex LEFEBVRE, La fugue des adolescents, éditions de l'université de Bruxelles, 1981.
Don Bosco, Teresio BOSCO, editions cerf, Paris, 1981
Don Bosco, l'aventure d'une vie, éditions du signe, France, 2000
Texte extrait de : Don Bosco, une vie dans l'Histoire, livre écrit par des élèves de l'Institut Don Bosco, Verviers, 1989
Articles
- Jeunes et génération, classements et traitements, dans Les cahiers de la recherche sur le travail social., n°13/87. Université de Caen. Centre de recherche sur le travail social.
- La nuit, dans Informations sociales, n°29 1993