Accueil

Personnages

Monuments

Evènements

Dossiers

Documents

Eux aussi

qui suis-je ?

contactez-moi

 

Evolution des droits de l'enfant délinquant en Europe

 

Transposition pour le Web du travail de Julie Rosière

 

Introduction

Depuis le 19ème siècle jusqu'à nos jours, le statut de l'enfant n'a cessé d'évoluer, ses droits se sont accrus ainsi que ses devoirs. Le problème de l'enfant "délinquant" a pris, dès lors, sa place dans la société. Analysons les différentes méthodes mises en place pour résoudre ce problème. Le regard sera ici plus porté sur les droits de ces enfants. C'est pourquoi je propose un historique des droits de l'enfant délinquant en Europe.

Evolution
L'image qu'une société se fait de ceux qu'elle désigne comme déviants et le traitement qu'elle leur réserve touchent aux limites d'accès à la citoyenneté.
Au cours des deux derniers siècles, la gestion de la déviance juvénile connaît ainsi, à plusieurs reprises, d'importantes transformations. Au modèle pénitentiaire du début du 19ème siècle qui tire sa légitimité d'une représentation de l'enfant comme "adulte miniature ", se substitue peu à peu le modèle de protection d'administration de la justice des mineurs.

En 1820-1880 : Le modèle pénitentiaire

Au 19ème siècle, il est loisible de constater un peu partout en Europe le passage d'un modèle pénitentiaire de traitement à un modèle de protection. Dans la première moitié du 19ème siècle, c'est donc le modèle pénitentiaire qui s'imposait. Il s'agit certes de punir les enfants coupables de délits, mais aussi de les éduquer et de les moraliser. La représentation dominante de l'enfant est celle de "l'adulte en miniature". Celui-ci est soumis à peu près aux mêmes règles que les adultes. Si l'enfant est reconnu coupable, il est condamné. Les peines sont le plus souvent plus courtes que celle des adultes. Lorsqu'il est jugé incapable de discernement, l'enfant est acquitté et mis à la disposition du gouvernement pour être rééduqué dans une maison de correction.

En 1880-1920 : La difficile transition du modèle pénitentiaire au modèle de protection

La période de transition qui nous mène à la fin de la Première Guerre mondiale est marquée par d'importants débats politiques qui aboutiront aux premières lois de protection de l'enfance.
Au niveau des congrès pénitentiaires internationaux et, dès 1890, des congrès sur la protection, les débats sur le traitement de la déviance juvénile changent de nature : l'enfant est de moins en moins perçu comme un coupable qu'il faut punir, mais comme un individu en danger, une victime qu'il faut protéger contre le risque que représentent sa famille et son milieu d'origine. Ainsi, en passant du "l'enfant coupable" à l"'enfant victime", on transite de la responsabilité individuelle à la responsabilité familiale. On déculpabilise l'enfant pour mieux culpabiliser totalement sa famille.
A partir de 1880, les projets de lois sur la protection de l'enfance se multiplient en Europe. L'intérêt de l'enfant est au cur de ces nouveaux instruments de gestion de la délinquance juvénile et c'est sur ce principe que s'appuie l'Etat, par l'intermédiaire du juge, afin de légitimer son intervention.

En 1920-1970 : La professionnalisation et l'apogée du modèle de protection

L'entrée en scène de la psychiatrie infantile, et l'apparition de nouvelles professions spécialisées dès le début du 20ème siècle, modifient les modes de traitement de la déviance juvénile. Après la Seconde Guerre mondiale, l'Etat joue un rôle de plus en plus important dans la gestion des risques sociaux. Les psychiatres s'efforcent de faire un travail de classification. Ils travaillent en étroite collaboration avec le corps enseignant. Si l'école primaire est en principe le principal facteur d'intégration à la communauté politique, elle devient aussi le lieu d'où peut s'effectuer le tri.

En 1970-1989 : Un nouveau modèle avec la déclaration des droits de l'enfant

Au cours des années 1970 mais surtout au cours de l'Année internationale de l'enfant (1979), une extraordinaire publicité est donnée au sort des enfants. Outre les enfants qui souffrent des maux "classiques" (malnutrition, santé précaire), la communauté internationale découvre qu'un nombre important d'autres enfants sont exploités (au travail, sexuellement) ou abusés (enfants en prison, torturés, abandonnés) de façon intolérable. En dehors des Nations Unies, plusieurs ONG ont beaucoup contribué à cette prise de conscience : Défense des Enfants, Bureau International Catholique de l'Enfance Au cours des trente dernières années, des efforts considérables ont donc été déployés afin d'harmoniser et de modifier, au plan international, l'administration de la justice de mineurs.


la déclaration des droits de l'enfant reconnaît à l'enfant mineur les mêmes droits que l'adulte; il n'est plus un citoyen en devenir mais un citoyen en miniature, porteur, dès la naissance, des conquêtes de 1789. Si la reconnaissance d'un certain nombre de droits fondamentaux - celui de l'accès à l'éducation par exemple - constitue un incontestable progrès, cette "mise à niveau" des éducateurs et des éduqués pose de réels problèmes, comme le souligne Alain Renaut dans la libération des enfants (Bayard/Calmann-Levy). Par ailleurs, en insistant sur l'enfant sujet de droits, on fait peser aussi sur lui un poids égal de responsabilités. Lui rend-on ainsi vraiment service ? (TJ)

Jusqu'aux années 1980, la gestion de la déviance juvénile était donc du seul ressort des Etats. Certes, il existait une certaine concertation au plan international, mais l'absence de textes internationaux laissait, en principe, aux Etats toute liberté d'appréciation en la matière. La Déclaration des droits de l'enfant est adoptée par l'Assemblée générale le 20 novembre 1989.
Le modèle de protection s'appuyait sur une image de l'enfant comme un être psychologiquement faible, juridiquement incapable et socialement inadapté. Or, notamment sous l'effet des différents textes internationaux, une nouvelle représentation de l'enfant s'impose progressivement. En effet, l'enfant y est défini comme un sujet titulaire d'un certain nombre de droits.

Dans les années 2000 : Le projet Verwilghen.

Le ministre de la Justice Marc Verwilghen a reconnu que la mesure de garde provisoire dans une section éducative fermée et renouvelable de mois en mois dont peut faire l'objet un délinquant mineur d'âge ne s'apparentait à rien d'autre qu'à de la "détention préventive".
L'avant-projet du ministre considère également que cette détention préventive n'entre pas dans le cadre des missions pédagogiques des Communautés et que cette intervention de l'autorité, "qui vise principalement à protéger la société", doit se dérouler dans de petites institutions fermées dépendant de l'autorité fédérale.
Le ministre a par ailleurs précisé que les mineurs ayant un problème de drogue ou souffrant d'un problème psychiatrique ne se retrouveraient plus, comme c'est le cas actuellement, dans les institutions des Communautés en compagnie de grands délinquants.
L'avant-projet de la loi prévoit aussi l'abandon du juge de la jeunesse unique, c'est-à-dire que les mesures provisoires seront prises par le juge de la jeunesse tandis que les mesures sur le fond et les sanctions seront prononcées par le tribunal de la jeunesse. Un juge de la jeunesse de l'application des peines prendra, enfin, en charge le suivi et les adaptations de ces mesures.
Le tribunal de la jeunesse devra également prêter à l'avenir une plus grande attention à la proportionnalité entre le délit commis et la mesure ou la sanction.
L'avant-projet se veut ainsi la synthèse entre une "approche pédagogique individuelle du mineur" et l'utilisation de "moyens de sanctions constructifs".
L'accent sera donc mis sur la protection, l'aide, l'accompagnement pédagogique, la répartition, la protection de la société et la sanction-responsabilisation.
Déjà critiqué par la ministre communautaire de l'Aide à la jeunesse, Nicole Maréchal pour ses relents sécuritaires, l'avant-projet de loi du ministre de la justice sur la délinquance des mineurs suscite l'ire de la Ligue des droits de l'homme. Pour la Ligue, il est établi que le mineur n'a pas toutes les capacités de discernement, par conséquent, la protection de la jeunesse mérite plus d'attention qu'une réforme "confuse et orientée" et qui érige le jeune en une nouvelle figure emblématique de l'insécurité. Donc le texte du ministre de la justice qui vise à réformer la loi de 1965 sur la protection de la jeunesse inquiète à plusieurs égards.

Le chemin qui mène l'enfant coupable à l'enfant titulaire de droits est long et complexe. Je pense que l'enfant est de plus en plus considéré comme une personne à part entière et donc responsable de ses actes. Mais faut-il tomber dans des mesures trop répressives tel que le projet du ministre de la Justice? Car l'enfance est une étape très importante dans la vie et elle est particulière dans les différents apprentissages. Pour moi, il y a une nécessité de trouver des solutions alternatives à ce projet.

Bibliographie

- André Ruffo et Yves Beauchemin, Finalement les enfants, Edition Art global Montréal, 1991, pp. 153 à 172
- CD rom: Histoire sociale et politique, ESAS, 1ère année, 2001-2002 - file://D:/images/enfants.jpg
- Revue Déviance et Société, 1997, Vol. 21, No 4, pp. 383-399
- http://www.lalibre.be Articles : -Verwilghen fait le point, 16/07/01, Belga
- Le mineur n'est pas source d'insécurité, 07/11/01, Ph.Law.
illustration
jeune détenu d'une colonie pénitentiaire de Mettray, vers 1850, gravure de Sottin, sur le site du musée virtuel des prisons, www.justice.gouv.fr/musee/themes/ corps/tenues/tenues.htm

Pour prolonger la réflexion: Fernand DELIGNY, Les vagabonds efficaces et autres récits, petite collection Maspero, Paris, 1975
Le témoignage d'un éducateur qui fut une des chevilles ouvrières de "la grande Cordée", expérience d'une autre approche de la délinquance juvénile. (TJ). Voir aussi "Délinquance juvénile: le compromis", dans Le Vif l'Express, n°21, pp. 14-15.


retour