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L'Ecole des Pupilles
Valeurs, objectifs et organisation de l'enseignement militaire
en comparaison avec l'enseignement ordinaire

Transposition pour le Web du travail de Sophie Collard

 

Introduction

L'origine des écoles militaires provient de la création des "Enfants de troupe". Les "Enfants de troupe" ont vu le jour en 1766 suite à une ordonnance du roi dl'appellation "Ecole des Enfants de troupe" fut remplacée par celle d' "Ecole des Pupilles de l'Armée". En créant ces écoles, l'armée a répondu au problème de la formation de ses cadres. En effet, elle installa d'abord des écoles pour inculquer à ces derniers, illettrés, les éléments de base de la lecture, de l'écriture et du calcul, leur permettant d'exercer correctement leur métier. Mais, en vue d'améliorer la qualité du recrutement de ses sous-officiers, elle créa des écoles particulières dans lesquelles des adolescents recevaient une formation intellectuelle et morale. L'armée avait besoin de bons sous-officiers, sa colonne vertébrale. Une exception à cette raison exclusive, était l'aide aux orphelins de militaires envers lesquels elle se sentait liée par une valeur militaire fondamentale : "la camaraderie".
Ainsi l'"Ecole des Pupilles de l'Armée" avait pour but de pourvoir à l'éducation et à l'instruction de jeunes volontaires destinés à concourir au recrutement des cadres de l'armée.

Organisation de l'enseignement militaire

L'école recrutait parmi les fils légitimes de militaires ou de fonctionnaires d'une administration ressortissant de l'armée. A défaut, elle se repliait sur les enfants légitimes petits-fils de militaires ou fils d'employés civils du gouvernement ou de personnes ayant rendu des services à l'Etat. Ce choix des familles militaires pourrait apparaître aujourd'hui comme une aberration sociale. Il s'explique par l'isolement psychologique des armées à l'époque, s'ajoutant à la modestie des revenus de ces familles qui formaient un lieu propice au recrutement. De plus, ces familles bénéficiaient de ces institutions qui offraient à leurs enfants les conditions d'éducation, de stabilité et de promotion sociale qu'elles n'étaient pas en mesure de leur fournir.
Les candidats devaient satisfaire aux conditions suivantes :
1) Avoir 11 ans accomplis au moment de l'admission, et ne pas atteindre l'âge de 14 ans dans le cours de l'année; ceux qui professent la religion catholique doivent avoir fait leur première communion.
2) Savoir lire et écrire couramment et connaître les 4 règles fondamentales de l'arithmétique
3) Etre aptes au service militaire et avoir : à 11 ans, la taille de 1m33 ; à 12 ans, 1m37 ; à 13 ans 1m42. Toutefois les enfants dont l'insuffisance de taille ne dépassait pas 2 centimètres pouvaient être inscrits.
Pour le choix des candidats, on observait l'ordre de préférence suivant :
1) Les enfants dont le père était mort au service ou ceux dont le père était pensionné pour infirmités.
2) Les orphelins de père et de mère.
3) Les orphelins de mère ou de père.

Les examens d'admission et la visite médicale avaient lieu chaque année au début des grandes vacances. L'année scolaire commençait dans les premiers jours d'octobre et se terminait vers la fin août. Elle était suivie d'un mois de vacances et ils avaient droit à un congé de 8 jours à Noël et de 16 jours à Pâques. Les dimanches et les jeudis, ils étaient conduits en promenade, mais ils devaient reformer les rangs pour traverser les localités et ne pouvaient pas parler aux personnes étrangères. Les élèves devaient signer deux engagements. Le premier, au moment de l'inscription, les liait jusqu'à leurs 16 ans. Le second, d'une durée de 8 ans, souscrit le jour de leur entrée à l'école, après qu'ils aient reçu les lois militaires et prenait cours à l'expiration du premier. Les élèves devaient porter les uniformes conformes au modèle de l'infanterie.
En ce qui concerne l'enseignement, le programme d'études était divisé en 4 années et était semblable au programme des écoles publiques. Le temps consacré aux leçons scientifiques ne pouvaient dépasser 21 heures par semaine et celui consacré aux études 11heures. Dans les 2 premières années de formation, les élèves étaient répartis d'après leur degré d'instruction. En outre, un cours préparatoire était prévu pour les élèves dont l'instruction n'était pas assez avancée. Pour l'enseignement professionnel, les pupilles étaient formés en compagnie. La première comprenait les enfants n'ayant pas atteint l'âge de 14 ans et ils étaient alors répartis en 8 pelotons. La seconde compagnie comprenait 250 élèves divisés en 6 pelotons. L'effectif de l'école pouvait être porté à 1000 élèves.
Dans cette instruction, on formait les élèves en vrai soldat :
- orientation et étude du terrain - principes de tir
- combat offensif du peloton encadré - appréciation des distances
- service des éclaireurs et des patrouilles - exercices d'assouplissement, natation
On leur enseignait à tous le solfège et, aux plus doués, la musique instrumentale.
Dans la formation générale, voici les branches qu'ils suivaient, dans l'ordre de leur importance :
-Instruction professionnelle pratique ­ Conduite et propreté ­ Langue française ­ Instruction professionnelle théorique ­ Géographie ­ Mathématiques ­ Histoire ­ Ecriture ­ Exercices gymnastiques ­ Dessin ­ Armes ­ Musique ­ Administration.
On remarque que, contrairement au passé, les élèves ne recevaient plus l'instruction religieuse qui était pourtant très considérée.
A la fin de chaque trimestre, ils passaient des examens et recevaient, l'année terminée un bulletin. Les élèves les plus méritants et les plus brillants étaient récompensés par un supplément de solde et l'octroi d'un galon. Ils étaient astreints à la même discipline que les soldats, mais ne pouvaient être soumis à toutes les peines prévues par le règlement militaire. Les punitions corporelles étaient sévèrement défendues. Tous les déplacements se faisaient militairement et en silence. La tenue et leur maintien étaient l'objet de prescriptions rigoureuses. Tout changement de local et de place devait se faire avec une permission et les élèves devaient à tous les militaires gradés les marques de respect prescrites par le règlement. Discipline et régularité caractérisaient la vie quotidienne des élèves. Les journées se déroulaient suivant un schéma immuable dont on ne s'écartait qu'exceptionnellement. Le réveil des pupilles avait lieu à 5 heures 30 par le clairon, ils étaient sur pied pendant 14 ou 16 heures. 7 heures étaient consacrées aux études scientifiques, 3 heures _ aux exercices militaires, le reste était pris par les soins de propreté, les repas et les récréations. Les pupilles assistaient périodiquement à des conférences d'ordre moral relatives aux qualités militaires, ainsi q'aux vertus civiques et patriotiques. Les matières étaient les suivantes :- la discipline ­ le sentiment de l'honneur ­ l'esprit de corps ­ le sang-froid ­ la résolution ­ la présence d'esprit ­ l'esprit militaire ­ le caractère ­ le devoir ­ la prudence ­ la modération ­ la patience ­ la modestie ­ la vigilance ­ l'activité ­ l'honnêteté ­ la probité ­ l'intégrité ­ la loyauté ­ la sincérité - la franchise ­ la bienveillance ­ l'abnégation ­ la générosité ­ la magnanimité ­ la vertu de sacrifice. On apprend aux élèves les règles de convenances et de politesse, on les accoutume à appliquer ces principes en tout lieu et en tout temps.
Tout le personnel d'encadrement devait être choisi pour sa valeur morale, afin qu'il serve d'exemple aux élèves. Il se composait de commandants, de capitaines, d'officiers, de sous-officiers, de lieutenants, de sergents, d'un aumônier, d'un médecin et de plusieurs infirmiers.

Regards sur l'enseignement ordinaire

Parlons maintenant, de l'instruction de tous les enfants. Dès 1879, Jules FERRY occupa le ministère de l'instruction publique et déclarait que : "L'inégalité d'éducation est l'un des résultats les plus fâcheux et les plus criants, au point de vue social, au hasard de la naissance Je me suis fait un devoir, c'est de chercher à atténuer ce privilège en vertu duquel j'ai pu acquérir un peu de savoir". Ainsi il créa l'école gratuite obligatoire et laïque. De cette manière, il fonda l'école primaire républicaine. Il fallait enseigner l'affirmation que la liberté est principale, l'égalité méritocratique et la fraternité nécessaire. Son but était la formation à une nation unie autour de quelques principes essentiels. Il y joignait la suppression de l'enseignement religieux. Ainsi l'Eglise perdit sa suprématie idéologique dans le système scolaire. Parallèlement, il organise l'enseignement féminin.
Lire et écrire constituent l'enseignement de base de l'école primaire mais la discipline reine est la géographie. Depuis 1880, la leçon de gymnastique était devenue obligatoire, les enfants devaient être prêts aux "travaux du soldat". Il fallait pouvoir servir et venger la patrie. La discipline était stricte et l'uniforme obligatoire. Les enfants portaient un long tablier noir ainsi qu'un grand col blanc en toile. Malgré les interdictions de tout châtiment corporel, ceux-ci étaient tout de même infligés aux enfants, considérés comme étant le seul langage compréhensible par ces êtres.
On peut donc dire que tout enfant recevait une éducation sévère, fondée sur des valeurs civiques et patriotiques et qu'un certain entraînement physique préparait à l'armée. Les contenus étaient différents mais les valeurs transcendaient les deux types d'enseignement.

L'enseignement militaire de nos jours

Pour terminer je reviens, à l'enseignement militaire d'aujourd'hui en Belgique, cette fois. L'Ecole Royale Militaire est accessible seulement après les humanités, généralement après une spécialisation en mathématiques. Les hommes comme les femmes doivent passer des tests physiques et psychotechniques avant d'être admis. Donc, de nos jours et dans notre société, l'école militaire des enfants n'existe plus.
La formation dure 4 ans et 3 mois pour obtenir le diplôme d'officier ou d'ingénieur militaire. L'année scolaire est identique à l'enseignement ordinaire mais des formations durant les grandes vacances sont prévues. Ce sont des exercices physiques et des simulations de cas pratiques. L'enseignement porte sur les branches intellectuelles, le développement des connaissances, du physique et du psychologique. Le rythme est très soutenu et le régime n'est pas libre, soumis aux règles de l'armée. Et, vu les fonctions qu'ils auront à remplir, un certain accent est mis sur le sentiment patriotique.


Bibliographie

*les a.e.t. à travers les siècles, L'historique des enfants de troupe, le 02/01/2002, http://aetorg.free.fr/hist.html.
*Jean-Michel GAILLARD, Le grand rêve républicain, revue : Les collections de l'histoire, n°6 p.p. 42 à 49.
*Jean-Claude CARON, Le temps des châtiment corporels, revue : Les collections de l'histoire, n°6 p.p. 58 à 59.
*GENERAL MAJOR Y.P. VAN RENTERGHEM, Enfants de troupe ,Pupilles et Cadets de l'armée de 1938 à 1945, Editions Musée Royal de l'armée Parc du centenaire B-1000 Bruxelles 2000.
*J.LEIF et G.RUSTIN, Histoire des institutions scolaires, Edition Librairie Delagrave, France, 1967.
Illustrations
http://www.invalides.org/navigation/jeuxcadres/jeuxcadrecollections/jeuxcadrcollmusmilitaires.html
Le Fifre, d'Edouard Manet
http://www.rma.ac.be/rma

 

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