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Le travail des enfants dans l'industrie textile
hier à Verviers et aujourd'hui dans le Tiers Monde:
un perpétuel recommencement

Transposition pour le Web du travail de Sarah Dehousse

Préambule
En Belgique, le travail des enfants aux 19ème et 20ème siècles va de pair avec l'industrialisation et la pauvreté. Une première enquête fut réalisée par une commission spéciale en 1843, mettant en évidence les très mauvaises conditions de travail, de salaire, d'alimentation, des ouvriers de l'époque (voir aussi). Elle élabore un projet de loi interdisant d'employer dans l'industrie des enfants de moins de 10 ans, limitant à six heures et demie par jour le travail des enfants de 10 à 14 ans et à dix heures et demie celui des adolescents entre 14 et 18 ans. Ce projet rencontre de vives oppositions. Il faudra attendre 1914, la venue de nouvelles mentalités, de nouvelles cultures et surtout l'application de la scolarité obligatoire et sévèrement contrôlée pour résoudre le problème du travail des enfants dans notre pays.

Qu'en est-il à Verviers ?
L'industrie lainière verviétoise bénéficie d'une mécanisation précoce; les premières machines à vapeur sont installées entre 1816 et 1823 par John Cokerill. Dans ce début de 19e siècle, Verviers participe pleinement à la révolution industrielle et sa population double sous le régime hollandais. L'industrie et le pouvoir politique sont essentiellement aux mains de deux familles, celles des Bioley et Simonis. Dans la seconde moitié du siècle, le mouvement ouvrier prend de plus en plus d'ampleur, étant donné que les classes ouvrières vivent, à Verviers, dans des conditions extrêmement lamentables. L'augmentation du nombre de logements n'ayant pas suivi celle de la population, les ouvriers vivent dans la promiscuité et dans l'insalubrité.

a. Le travail des enfants dans les industries lainières
- L'âge d'admission au travail
Les enfants sont employés en général dès qu'ils ont atteint l'âge de faire leur communion solennelle, c'est à dire dès l'âge de 12 ans pour les garçons et 11,5 pour les filles. Cependant, on constate tout de même des enfants de 7-8 ans travaillant déjà avec leurs parents ou leur contremaître.

- Les conditions de travail
Dans les filatures, l'agilité, la souplesse, la petite taille des enfants sont utilisées par exemple pour attacher les fils brisés sous les métiers à tisser en marche, nettoyer les bobines encrassées, ramasser les fils de coton. Les enfants sont aussi chargés de surveiller les machines (ils doivent alors rester jusqu'à 16 heures debout).
L'opération du rattachage : "
Des enfants ramassent les rouleaux de ruban, les déposent sur la planche inclinée et en joignent les bouts en les roulant ensemble dans la paume de la main. Chaque apiéceur, ayant quinze bouts à appiécer, ramasse plusieurs rubans à la fois et, les plaçant sur son bras gauche, il avance le long du métier en joignant les bouts successivement avec la main droite " (LEPAS, " coup d'oeil sur la situation de la classe ouvrière de Verviers " dans nouvelle revue de Bruxelle, 1844, p 199)
Cette opération oblige l'enfant à garder toujours la même position, appuyant toujours sur la même jambe. La taille de l'enfant se courbe et la jambe se déforme.
De plus, les ateliers ne disposent pas de systèmes d'aération. A Verviers, seule une manufacture possède un ventilateur. Dans les autres ateliers, on se contente d'ouvrir les fenêtres. D'autre part, les accidents de travail et les amputations sont fréquents. Certains industriels font même signer aux parents une décharge leur interdisant tout recourt s'il arrivait un accident à leurs enfants. Outres les accidents, les enfants et autres ouvriers doivent faire face aux diverses maladies ( maladies respiratoires, inflammations oculaires, la phtisie cotonneuse,...)

- La durée de travail
La durée de travail est la même que celle des adultes.
" C'est à 5 heure du matin qu'ouvrent les ateliers, quels que soient le temps et la saison Les travaux commencent directement pour être interrompus de 8h30 à 9heures pour le déjeuner des ouvriers. De 9heures à midi, le travail continue : c'est alors le temps du dîner. La reprise a lieu à 1heure et ils travaillent ensuite sans interruption, sauf quelques minutes dérobées pour le goûter, jusqu'au moment de la sortie définitive qui varient selon les établissements et la nature des travaux. Règle générale pourtant : il est fixé à 7 heures de relevée. De 5 heures du matin à 7 heures du soir , déduction faite des repas, il y a bien 12h30 d'emploi, tant pour l'enfant que les autres ouvriersDans certaines manufactures où l'on fait moins pour assurer le sort de l'ouvrier, la durée de travail des enfants se prolonge quelques fois jusqu'à des 9 ou 10heures du soir " (LEPAS,Coup d'oeil sur la situation de la clase ouvrière de Verviers,1844, p43 TII)
La loi de 1889 fixa la durée de travail des enfants dans les industries lainières à 11h15 par jour.

- Le salaire

Les salaires des enfants sont ridicules.
En 1844, les hommes gagnaient entre 1,5 et 2,5fr, les femmes 0,75fr, les adolescents 0,8fr et les enfants 0,50f de l'heure. Les salaires de misère que les ouvriers touchaient expliquent en grande partie le travail " nécessaire " de leurs enfants. (op.cit)

b. Un moyen pour éradiquer le travail des enfants : l'obligation scolaire
La première loi organique de l'enseignement primaire fut votée en 1842. Elle oblige les communes à entretenir une école.
Cependant, les enfants fréquentent très peu l'école pour diverses raisons :
- la pauvreté ambiante obligeant les parents à envoyer leurs enfants au travail
- le grand nombre de main d'oeuvre demandé par les industries
- le manque d'intérêt des parents pour l'enseignement, la formation professionnelle étant considérée plus importante que la formation intellectuelle.
- la non-gratuité de l'école et ce jusqu'en 1914.
Plusieurs solutions sont proposées ;
- l'embauche d'enfants sachant lire et écrire (il faut remarquer qu'un enfant sans instruction est moins rémunéré, donc plus vite employé)
- les écoles du soir
- le contrôle des inspecteurs du travail

En conclusion
Le travail des enfants était en quelque sorte nécessaire pour répondre à l'immense besoin de main d'uvre crée par la révolution industrielle. Il compensait également les salaires de misère des adultes de l'époque qui ne suffisaient pas à la survie des familles.
Les enfants étaient considérés en quelque sorte comme des " enfants-machines "

Et aujourd'hui ?
On estime à peu près entre 250 et 300millions d'enfants travaillant encore dans le monde et principalement dans le Tiers monde. Plusieurs organismes s'attaquent à ses formes d'exploitations enfantines.
- " L'éthique de l'étiquette ": est une association de consommateurs et de syndicats qui se sont regroupés en vue de défendre les droits de l'homme. Ils essayent de sensibiliser les consommateurs sur les conditions de fabrication de leurs vêtements. Leurs objectifs principaux sont :
sensibiliser les consommateurs sur les conditions sociales et écologiques de la production -> consommation citoyenne
mobiliser les consommateurs afin qu'ils exigent de " l'éthique sur l'étiquette " auprès des entreprises de vêtements et chaussures.
Ils ont élaboré un " code de bonne conduite " pour les entreprises qui les poussent à :
vendre des produits fabriqués dans des conditions décentes
mettre en place un système de contrôle interne (s'assurer que les normes sociales énoncées par l'OIT et le code sont appliquées)
accepter qu'un système de contrôle indépendant (qui reste à créer) puisse vérifier la fiabilité de ces contrôles internes, effectuer des visites inopinées sur les lieux de production et instruire des plaintes émanant d'ouvriers, de syndicats ou d'O.N.G. locales.
- L'OIT (organisation internationale du travail ayant été créée en 1919) a rédigé plusieurs conventions concernant l'abolition du travail des enfants dans les secteurs économiques.
- En 1992, L'IPEC (Programmation international pour le travail des enfants) voit le jour et s'attaque aux diverses formes d'exploitation des enfants (esclavage, prostitution, emplois dangereux,..)
- L'UNICEF
" Tout change parce ce que rien ne change ".
L'histoire est un perpétuel recommencement, avec toujours les mêmes fondements : " exploiter les plus faibles en les privant de leurs droits essentiels au développement personnel, à la liberté et à l'autonomie "

Bibliographie

Sites internet
¸ http://wwwcrc-conso.com
¸ http://www.droitenfant.com
¸ http://itglwf.org/displaydocument.asp
¸ http://www.michèle-laframboise.com
¸ http://www.crc-conso.com/etic/letravaildesenfants.htm (avril-mai 2002)
Documents écrits
Florence LORIAUX : " Enfants-machines " Histoire du travail des enfants en Belgique aux XIXè et XXè siècles., Carhop , sous la direction de
Jean-Marie
SCHREUER: Le travail des femmes et des enfants à Verviers au 19ème siècle. ", Louvain Ucl, 1974
Jacques WYNANTS
, " Ainsi naquit une industrie : la condition ouvrière à Verviers avant 1900. " Verviers CIEP, 1984
Articles de presses
" Histoire : le travail des enfants en Belgique(I et II) ", Démocratie, pages 6 et7 pour le n°I et pages 6, 7 et 8 pour le n°II

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

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